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20 Rencontre avec Kylie Minogue : "Je suis parfois un peu trop enthousiaste"

Rencontre avec Kylie Minogue : "Je suis parfois un peu trop enthousiaste"

MUSIQUE

Pop star aux 100 millions de disques vendus, dancing queen, actrice, habituée des fashion weeks, survivante d'un cancer du sein, muse de Nick Cave et Michael Hutchence, Kylie Minogue a traversé trois décennies sans jamais cesser de se réinventer et d'inspirer. Entre un live au Berghain et un nouveau disque de pop-country, Golden, la mini Australienne de 49 ans exilée à Londres nous a dévoilé que même les cow-girls ont du vague à l'âme. Rencontre dans un lieu aussi scintillant qu'elle : le Ritz.

Photo par Simon Emmett Photo par Simon Emmett
Photo par Simon Emmett

Numéro : Pourquoi avoir intégré pour la première fois des éléments country dans votre musique ?

Kylie Minogue : J'avais déjà enregistré à Londres quelques morceaux et mon manager A&R m'a lancé : “Et si tu allais à Nashville trouver l'inspiration ?” Je ne voyais pas trop pourquoi il me proposait cela ni ce qu'il avait en tête. C'était une intuition qu'il avait. Mais j'étais très excitée par ce voyage. J'y ai passé deux semaines pour rencontrer des compositeurs. Là bas, les gens sont obsédés par les humeurs, les choses qui viennent du cœur, les mélodies et les histoires racontées à travers les chansons. Et ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère. S'ils font une chanson triste, alors elle sonnera déchirante. Il y a aussi une grosse industrie musicale, ce qui fait vraiment du bien. Londres a une scène musicale, Manchester encore plus, mais à Nashville, il y a des studios partout, des songwriters dans tous les bars, des salles de concerts à gogo. Les habitants et les touristes vivent pour la musique. J'ai ramené du Tennessee des titres plus centrés sur les histoires, avec plus de guitares et même un banjo sur l'un d'eux.

 

“Ma voix était brisée quand j'ai commencé le disque. J'avais traversé un drame, un chagrin d'amour.” Kylie Minogue

 

Vous admirez certaines stars qui ont passé du temps à Nashville ?

Oui, je suis très fan de Dolly Parton. Je l'ai vu jouer pour la première fois au Hollywood Bowl de Los Angeles en 2016 et je me suis demandée pourquoi je ne l'avais pas vu avant. Les chansons sont incroyables mais aussi sa voix, son look. Elle m'a vraiment émue. Et c'est pour ça qu'elle parle aux gens : elle les touche au cœur. J'ai même acheté un t-shirt à Nashville avec écrit : “What Would Dolly do ?” [Que ferait Dolly ?] Ça me semble être un bon slogan de vie de se demander ce que ferait Dolly Parton dans une situation précise. J'ai aussi acheté des santiags à paillettes pour aller avec. 

 

Votre voix sonne assez différente sur ce disque, plus profonde...

C'est fou que vous vous en soyez aperçue... Ma voix était brisée quand j'ai commencé le disque. J'avais traversé un drame, un chagrin d'amour, et je n'étais pas très gentille avec moi même à ce moment-là. J'étais fragile et quand je suis allée en studio pour chanter, je sentais que j'avais du mal à atteindre les notes les plus aiguës. Ma voix refusait de fonctionner comme d'habitude. J'ai pris du temps pour comprendre que mon système corporel entier avait été atteint par cette histoire. Mon instrument principal avait souffert d'une année difficile. J'étais frustrée car je ne suis pas du genre à faire les choses à moitié. Quand je chante une chanson, il faut que je crois en elle absolument. J'essayais de cacher cette fragilité au départ puis je me suis dit que ce serait rafraîchissant d'accepter que ma voix soit un tout petit peu cassée. Sur Golden, il y a plus de paroles que sur n'importe quel autre de mes disques et elles sont très personnelles à l'instar de Radio On ou A lifetime to repair qui parlent de ma vulnérabilité. 

<p>Photo par Simon Emmett</p>

Photo par Simon Emmett

Vous avez quelque chose dans vos chansons qui ressemble à un sentiment de joie mêlé à une certaine tristesse, comme chez New Order, groupe avec lequel vous aviez fait un mashup sur Can’t Get You Out of My Head ?

Oui le happy sad, c'est tout moi (rires). J'aime bien le concept  “Des larmes sur le dancefloor”. Même I should be so lucky si on l'écoute bien, c'est assez triste. I believe in You, écrite avec les Scissor Sisters, aussi. Mais même si la vie n'est pas facile, j'essaie toujours de mettre de l'espoir dans mes chansons. Je m'en fais un devoir (rires). Et puis j'aime danser. Je peux danser pendant des heures. D'ailleurs même si je n'étais pas au top de ma forme, je suis allée danser à Nashville. Je bougeais et criais tellement fort pendant que le groupe jouait que je dérangeais le reste du public. Les autres me regardaient d'un air de dire : “mais elle va laisser les musiciens finir la chanson !” Je suis parfois un peu trop enthousiaste.

 

“Je n'ai pas été agressée mais j'aurais aimé être au courant que ce genre de spécimens existait quand j'ai débuté.” Kylie Minogue

 

Qu'écoutez-vous comme musique ?

J'aime beaucoup Dua Lipa, qui correspond parfaitement à l'époque pour moi. J'aime son look, sa voix, ses clips et son attitude. J'adore aussi l'Anglais Nick Mulvey, un multi instrumentiste pop et certaines chansons de Niall Horan, ex membre des One Direction. Et je suis assez fan de ce que font Tove Lo et Lady Gaga qui ont quelque chose de très fort.

 

Beaucoup de chanteuses et d'actrices ont élevé la voix avec le hashtag #MeToo. Avez-vous eu affaire à de sales histoires de ce côté-là ?

Je n'ai pas été agressée mais j'aurais aimé être au courant que ce genre de spécimens existait quand j'ai débuté. J'ai commencé tôt à jouer une garagiste dans la série Neighbours, dans les années 80, j'étais inexpérimentée et j'aurais eu besoin de conseils d'autres femmes, qu'on me mettre en garde. Je suis très contente que les femmes d'aujourd'hui s'attaquent à ce problème et qu'elles démontrent que personne n'est au dessus des lois du bien et du mal. Leur message parle aux femmes mais il doit aussi concerner les hommes.

 

Kylie Minogue – Golden (BMG), disponible le 6 avril.

Photo par Simon Emmett Photo par Simon Emmett
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