Kiddy Smile embrase Toulouse avec le festival Nouveau Printemps

Le festival Nouveau Printemps invite Kiddy Smile

Chaque année, au printemps, la ville de Toulouse se constelle d’expositions et de rencontres d’art contemporain sur l’impulsion du festival du Nouveau Printemps. Véritable vitrine pour les artistes de demain, l’événement naît d’abord à Cahors en 1991, avant de prendre racine dans la Ville Rose. Triée sur le volet par un artiste associé, une poignée d’artistes est alors invitée à s’emparer d’un quartier précis de la ville. Stimulant ainsi la rencontre entre amateurs d’art et créatifs. 

Après une édition 2024 sous l’égide du cinéaste Alain Guiraudie, c’est Kiddy Smile qui a été choisi pour assurer la curation de ce Nouveau Printemps 2025, tenu du 23 mai au 22 juin prochains. Icône de la scène ballroom, cet artiste pluridisciplinaire – et jury de la série Drag Race France – mêle dans sa pratique musique, mode, vidéo et performance. Dans le cadre d’une conférence de presse organisée à la Fondation Cartier à laquelle Numéro a assisté, le trentenaire se confiait il y a quelques jours sur son rôle de commissaire invité : “Avec cette édition, j’ai essayé d’inviter les gens de ma communauté, qui se reconnaissent en moi. Notamment dans le milieu de l’art contemporain dans lequel nous ne sommes pas forcément visibles. Je voulais emmener avec moi des artistes dans des espaces où nous avons une place légitime. Sans être forcément représentés.”

De Tarek Lakhrissi à Joséfa Ntjam, une trentaine d’artistes réunis sur le thème de l’amour

“Aujourd’hui, créer des espaces propices à la libération et à l’amplification des voix marginalisées m’apparaît comme une nécessité vitale.” C’est en ces termes que Kiddy Smile donne le ton de cette nouvelle édition du Nouveau Printemps, qui s’installera dans le quartier Saint-Sernin Arnaud Bernard, à Toulouse. 

Une trentaine d’artistes invités par Kiddy Smile prendront ainsi possession d’institutions situées au cœur de la capitale occitane. À la Chapelle des Carmélites, par exemple, les artistes Tarek Lakhrissi et Joséfa Ntjam présenteront une œuvre en tandem, promettant la rencontre de leurs univers habités. Récemment exposé chez Reiffers Art Initiatives aux côtés d’Ugo Rondinone, le premier imagine des installations puisant dans des références à la poésie ou à la culture populaire. Et ouvre ainsi des passerelles vers un monde émancipateur… De son côté, Joséfa Ntjam remet la lumière sur des figures, mythes et rites oubliés des limbes de l’Histoire. Dans ses œuvres, elle les métamorphose en personnages principaux de mondes à la lisière de la science-fiction, aux moyens de collages, céramiques et installations vidéo. 

Célébrer l’amour dans un monde fragmenté

De part et d’autre du quartier, les artistes s’approprient des lieux emblématiques de la Ville Rose, usant de médiums éclectiques. Les œuvres textiles monumentales de Raphaël Barontini seront à découvrir à la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine, tandis que les installations photographiques et vidéo de Ndayé Kouagou et André Atangana se dévoileront du Centre Culturel Bellegarde.

Le diapason de cette édition 2025 ? Une volonté commune de célébrer le potentiel salvateur de l’amour dans un monde en constante fragmentation. “Les œuvres présentées incarnent cette quête. Celle de relier l’intime et le collectif, de soigner la souffrance avec la joie, de sauver la pesanteur par la grâce, les manques par les revendications, les silences par les images.” précise Clément Postec, directeur artistique du Nouveau Printemps.

Alice Diop , Brandon Gercara… une exposition collective sur la famille

Au sein de cette programmation, quelques expositions thématiques rythmeront également la vie du festival Nouveau Printemps. Au sein du Musée Saint-Raymond ainsi que de l’université Toulouse Capitole, cinq artistes sont invités à réfléchir autour de l’idée de “Faire famille”.

Les œuvres de l’anthropologue, cinéaste et artiste Verena Paravel dialogueront avec celles de la réalisatrice Alice Diop (Saint Omer, 2022), de l’auteure de théâtre et comédienne Penda Diouf. Ainsi que de la photographe Mariana Kostandini et de Brandon Gercara, connu pour articuler son travail autour de la fabrique des espaces politiques où des contres-pouvoirs. En marge de cette exposition, Kiddy Smile présentera une nouvelle œuvre – quelques mois après avoir investi la Biennale de Lyon avec le film Ride (2024) – dans l’espace chargé d’histoire de La Chapelle des Cordeliers.

Avec l’installation A House Should Be a Home (2025), l’artiste explore, à travers un projet intime et introspectif, les dynamiques et liens au sein des “houses”. Ces familles de substitution dans la scène ballroom qui se présentent comme des espaces de résistance et de communauté. Un nouveau projet qui interrogera les relations interpersonnelles, le rapport à la visibilité et la dualité entre existence individuelle et collective.

DJ Set, Ball Voguing… un week-end d’inauguration placé sous le signe de la fête

Fidèle à son engagement auprès de la scène ballroom, Kiddy Smile fera également de l’événement un vrai moment festif. Lors du week-end d’ouverture (24-25 mai), un ball de voguing animé par Vinii Revlon – première Légende du Voguing en Europe reconnue aux États-Unis – enflammera la Ville Rose.

Plusieurs performances viendront enrichir cette effervescence. Avec notamment Raphaël Barontini, Brandon Gercara et Nikki Gucci. Enfin, en plus d’être artiste invité et curateur du festival, Kiddy Smile clôturera ces festivités avec un DJ set très attendu, qui promet d’ores-et-déjà de faire vibrer le public.

Le Nouveau Printemps, 3e édition, festival du 23 mai au 22 juin 2025, à Toulouse.