Les créateurs qu’il ne fallait pas manquer à la Fashion Week de Paris
Si l’attention du public se porte sur les défilés des plus grandes maisons de mode et des stars présentes au premier rang, chaque Fashion Week parisienne regorge pourtant de créateurs émergents à suivre absolument, et dont le talent mérite d’être souligné. Numéro dévoile les défilés et collections qu’il ne fallait pas rater.




Magda Butrym, un premier défilé intime à la Fashion Week de Paris
Avec la collection Magdalena, Magda Butrym inaugure une nouvelle décennie de création en livrant sa collection la plus personnelle. Inspirée par la poésie et l’art du tissage polonais, elle rend hommage à des figures comme Magdalena Abakanowicz et Paulina Ołowska, insufflant à ses pièces une richesse artisanale unique.
Les textures sont au cœur de ce défilé : robes sculpturales en maille, tutu ajouré, et une robe de mariée crochetée évoquant les tapisseries traditionnelles polonaises. Le contraste entre practicité et romantisme s’exprime aussi dans des superpositions audacieuses, des manteaux en shearling aux iconiques foulards fleuris slaves.
Présentée dans un espace immersif où 200 mètres de tissu tissé créent une atmosphère éthérée, Magdalena marque un tournant instinctif et expérimental dans le travail de Butrym, fusionnant héritage et innovation dans une exploration viscérale et libératrice de la féminité.




Dracula s’invite chez la créatrice Solène Lescouët
Au milieu de ses mannequins et amis déambulant vêtus des pièces de sa dernière collection, Solène Lescouët nous apparaît fière et rayonnante. Diplômée de l’Atelier Chardon Savard et forte d’une expérience au sein des maisons Chanel et Lanvin, la jeune créatrice lançait sa propre marque en 2022.
À travers Crimson Lovers, elle demeure fidèle à son univers. “Tout part du film Dracula de 1992 réalisé par Francis Ford Coppola”, nous précise-t-elle. À la fois gothique et underground, sexy et romantique, cette collection révèle un travail minutieux autour des matières. Comme le simili cuir et le tartan épais, mais aussi autour des volumes, comme en témoigne une imposante crinoline à froufrous.
Cette saison, Solène Lescouët collabore également avec d’autres artistes de talent. Telle que la créatrice Florence Moorhead, à l’origine des bijoux argentés qui ponctuent la collection. Tandis qu’une énorme coiffe en dentelle clôturant la présentation retient notre attention l’espace de quelques secondes, la créatrice s’est déjà volatilisée dans la foule des invités venus la féliciter…




Layering et mix and match au défilé Meryll Rogge à la Fashion Week
Plus travaillé et précis que les précédents, le défilé Meryll Rogge automne-hiver 2025-2026 explore à la fois la tendance du layering et le mix-and-match de couleurs et de motifs qui ont fait le succès de la marque. Célébrant les 5 ans du label, la collection explore avec justesse le mélange des styles et des couleurs, puisant autant dans les vestiaires masculin et féminin que dans l’univers du design.
À l’image de Julie Kegels, la décoration d’intérieur inspire en effet Meryll Rogge, qui collabore cette saison avec le fournisseur de papier-peint belge PRIEM. Ainsi des chemisiers satinés à volants se parent de délicats motifs floraux, et rappellent les dessins du carton d’invitation du défilé.
Surtout, cette nouvelle collection brille par son stylisme pointu, misant sur la tendance très en vogue du layering. Une brassière tricotée se superpose sur un haut matelassé, une chemise à carreaux bleue s’associe à une jupe à fleurs beige et écrue, une élégante jupe crayon se porte avec un haut en coton loose… Et façonnent un vestiaire moderne et réussi.




Benjamin Benmoyal amorce le rebranding de son label
Un an après avoir présenté un premier défilé prometteur lors de la Fashion Week automne-hiver 2024-2025, Benjamin Benmoyal amorce un repositionnement stratégique de sa marque. “Créer des pièces spectaculaires, c’est formidable, mais est-ce que ça fonctionne vraiment en termes de ventes ? Surtout dans le contexte de crise sévère qui frappe actuellement l’industrie du luxe”, nous confie le créateur. “Si je veux exister, je dois vendre. J’ai donc entamé un processus de levée de fonds.”
Désormais rebaptisé Benmoyal, le label continue d’explorer les racines marocaines de son fondateur tout en développant un vestiaire coloré, élaboré avec la notion de “craftmanship” comme fil rouge. Pour cette nouvelle saison, le diplômé de la Central Saint Martins puise son inspiration dans les imprimés rétro du vestiaire de nos grands-mères, qu’il revisite à travers des silhouettes contemporaines, et dévoile une collaboration inédite.
Parmi les pièces phares de cette collection automne-hiver 2025-2026, une jupe revêt un imprimé “papier peint” tandis qu’un bomber, conçu avec l’entreprise américaine Schott, s’offre une nouvelle version en tweed jouant sur le contraste des matières. Une pièce à la croisée du streetwear et de l’artisanat, qui illustre parfaitement la nouvelle direction de Benmoyal : plus ancrée dans le réel, mais toujours portée par une vision sincère et artisanale de la mode.




Le costume se réinvente chez Kiko Kostadinov
Pour l’automne-hiver 2025-2026, Laura et Deanna Fanning, créatrices des collections féminines du label londonien Kiko Kostadinov, invitent leurs convives à la brasserie Mollard, une institution parisienne centenaire. Un cadre belle époque au charme désuet, idéal pour dévoiler une collection inspirée par une danseuse bohème, figure libre du Paris d’après-guerre.
Au fil d’une quarantaine de silhouettes, les deux sœurs australiennes réinventent les essentiels du vestiaire, à commencer par le costume. Tantôt doté d’ourlets ajustables, tantôt cintré pour souligner la silhouette, il s’impose comme une pièce en perpétuelle mutation. Plus tard, une cravate se voit détournée en écharpe, bousculant les codes classiques de l’élégance.
Côté accessoires, Laura et Deanna Fanning jouent la carte de l’audace : coiffes en poils volumineuses, chapeaux-filets intrigants et cagoules en velours viennent structurer les silhouettes. Quant au footwear, un tout nouveau modèle de baskets Asics en version “tabi” s’invite sur le podium, prêt à s’imposer comme la prochaine it-shoes du label.




La mode colorée et ludique de la créatrice Paula Canovas del Vas
Semi-finaliste du Prix LVMH en 2022, Paula Canovas del Vas déploie, saison après saison, une mode remplie de fantaisies et de couleurs. Sous les ors de l’Ambassade d’Espagne à Paris, la créatrice espagnole organise, à l’occasion de la présentation de sa collection automne-hiver 2025-2026, une mise en scène ludique.
Portant de grandes lettres jaunes fluos, les mannequins, vêtus de ses dernières créations, créent des mots imaginés au loisir des invités. Sourire aux lèvres face à ce spectacle surprenant et divertissant, on remarque un bustier façonné à partir d’une paire de converses montantes, et lacé sur les côtés. Sans oublier une ribambelle de nœuds et de fleurs, qui ornent des bombers, des robes, des chaussures et des bonnets tricotés.




RUIbuilt révèle une collection intime qui célèbre le corps et la nature
Étendue sur un lit, l’actrice, chanteuse et danseuse japonaise Kominato Yotsuha se prélasse et dévoile, à travers une performance de deux heures, teintée de poésie et de douceur, la toute nouvelle collection de la créatrice Rui Zhou, fondatrice de la marque RUIbuilt.
Pour la première fois depuis 6 ans, cette dernière, spécialisée dans la conception de vêtements faits de collants ajourés, s’essaie à de nouvelles matières telles que le cuir et le denim. Ornées de coquillages et de perles, ces créations ou “bijoux pour le corps”, comme Rui Zhou aime les appeler, sont des pièces à la fois intimes, fortes, sexy et délicates, reprenant pour certaines les codes de la tendance Y2K.