Les expositions à découvrir cet été dans le sud de la France
Jean-Michel Othoniel à Avignon, Mickalene Thomas à Toulouse, Wael Shawky à Arles… Le sud de la France regorge d’expositions passionnantes cet été. Numéro dévoile son guide des rendez-vous de l’art contemporain à ne pas manquer.
Par Matthieu Jacquet,
Publié le 5 juillet 2025. Modifié le 7 juillet 2025.
L’événement Jean-Michel Othoniel à Avignon
C’est un événement historique : pour la première fois, la ville d’Avignon invite un artiste contemporain à investir dix de ses lieux emblématiques avec une exposition d’ampleur. Avec ce projet, Jean-Michel Othoniel présente le plus grand projet de sa carrière, inauguré il y a quelques jours, et qui courra jusqu’à l’hiver prochain.
Du Pont d’Avignon à la chapelle Sainte-Claire, en passant par la collection Lambert, le parcours orchestré par l’artiste français s’organise en dix mini-expositions qui réunissent, au total, un corpus colossal de 240 œuvres, incluant ses fameux entrelacs en perles de verre coloré mais aussi des monotypes à l’encre et à la feuille d’or, sculptures de fleurs en fonte, rivières en briques de verre et même quelques œuvres des années 80. Début août, le plasticien profitera de cette actualité pour dévoiler, sur la prestigieuse scène du Palais des Papes, un spectacle de danse conçu avec la chorégraphe Carolyn Carlson et le danseur étoile Hugo Marchand, en dialogue avec ses sculptures.
“Othoniel. Cosmos ou les fantômes de l’amour”, exposition du 28 juin 2025 au 1er janvier 2026 dans dix sites emblématiques de la ville d’Avignon.
Mickalene Thomas, une héritière du pop art aux Abattoirs de Toulouse
Puisant aussi bien dans l’histoire du nu que dans le pop art, Mickalene Thomas (née en 1971) en détourne les codes classiques pour proposer ses propres représentations des femmes noires aujourd’hui. L’artiste américaine, dont on avait récemment vu les œuvres au musée de l’Orangerie, dans un dialogue avec Monet, ou encore à la Fondation Louis Vuitton, dans l’exposition “Pop Forever, Tom Wesselmann &…”., présente désormais sa première exposition personnelle en France, au FRAC Occitanie Les Abattoirs de Toulouse. Rehaussés d’émaux, de sequins et de strass, ses peintures, photographies et collages y dressent un portrait flamboyant de la communauté afro-américaine.
“Mickalene Thomas: All About Love”, exposition jusqu’au 9 novembre 2025 aux Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse.
Sophie Calle investit le Mrac Occitanie
Star de l’art contemporain depuis les années 80, Sophie Calle ne rechigne néanmoins jamais à exposer au sein de musées régionaux. Si on l’a vue récemment au musée d’Orsay ou au musée Picasso-Paris, elle investit également cet été le Château La Coste et le Mrac Occitanie. L’occasion pour l’institution (à l’architecture surprenante) de présenter une exposition d’envergure.
Mais il ne faut pas s’y tromper : “Je n’ai pas l’intention d’être rétrospectif. Je n’ai pas l’espace, je n’ai pas le musée, je ne suis pas un éminemment spécialiste de Sophie Calle”, explique Clément Nouet, directeur du Mrac Occitanie, à Numéro. “Le but de cette exposition, c’est que les visiteurs qui ne connaissent pas l’artiste, ou très peu, sortent d’ici en pouvant la resituer et la comprendre. C’est ça mon ambition.” Un pari réussi, puisque que le parcours, très aéré (et agréable) présente les projets les plus emblématiques de la pratique de Sophie Calle – de sa célèbre série Douleur Exquise (1984-2003) aux Aveugles (2011) en passant par Voir la mer (2013).
“Sophie Calle. Êtes-vous triste?”, exposition jusqu’au 21 septembre 2025 au Mrac Occitanie, 146 Av. de la Plage, Sérignan.
Wael Shawky réveille les ruines de Pompéi à LUMA Arles
L’an passé à la Biennale de Venise, son nom était sur toutes les lèvres. Alors invité à investir le pavillon de l’Égypte, Wael Shawky y avait présenté sa pièce musicale Drama 1882, fable poétique racontant la révolution Urabi des Égyptiens contre l’impérialisme européen à la fin du 19e siècle.
Inaugurée ce week-end, l’exposition personnelle de l’artiste égyptien à la fondation LUMA Arles témoigne une nouvelle fois de sa passion pour les récits historiques et les mythes. Dans la Grande Halle du parc des Ateliers, le vidéaste, plasticien et metteur en scène immerge cette fois-ci dans les ruines de Pompéi, réveillées par les chorégraphies de danseurs dans son film I am Hymns of the New Temples et à travers un ensemble de sculptures et peintures.
“Wael Shawky : Je suis les hymnes des nouveaux temples”, exposition du 2 juillet au 2 novembre 2025 à LUMA Arles, 35 Av. Victor Hugo, Arles.
Les sculptures textiles de Leonor Antunes au CRAC Occitanie
Présentée à l’origine au Centre d’Art Moderne de Lisbonne, l’exposition de Leonor Antunes investit cet été six salles du CRAC Occitanie. Accrochées au plafond, les suspensions sculpturales de l’artiste portugaise créent un espace poétique et tactile, invitant les visiteurs à se promener entre les œuvres. Sans parcours imposé, chacun est libre de traverser l’exposition pour y découvrir des installations, dont certaines font notamment écho à l’architecture du lieu où l’exposition était à l’origine présentée.
À l’image d’une sculpture au sol en liège, incrustée de motifs en laiton et linoléum, en référence à Sadie Speight, femme et collaboratrice de Leslie Martin, l’architecte du CAM. Et là réside tout le projet de Leonor Antunes : convoquer la puissance symbolique des institutions où elle expose pour mettre en avant des artistes femmes oubliées. En témoigne les matériaux qu’elle convoque (liège, laiton), souvent déconsidérés et associés aux espaces domestiques (et, par extension, féminins).
“Leonor Antunes : les inégalités constantes des jours de leonor*”, exposition jusqu’au 31 août 2025 au CRAC Occitanie, Sète.
La Fondation Maeght rend hommage à Barbara Hepworth
Marquant les 40 ans de la disparition de Barbara Hepworth (1903-1975), la Fondation Maeght invite la commissaire et historienne de l’art Eleanor Clayton à imaginer une rétrospective sur le travail de cette artiste britannique pionnière.
Figurant parmi les rares institutions européennes possédant une œuvre de la plasticienne – trônant fièrement dans son célèbre jardin –, le musée dévoile la pratique riche et plurielle de cette dernière, loin de se résumer uniquement à ses sculptures en cordes mais explorant la multitude de médiums mobilisés par l’artiste, de ses débuts modernistes dans les années 20 à ses monumentales installations réalisées dans les années 60.
“Barbara Hepworth. Art & Life”, exposition du 28 juin au 2 novembre 2025 à la Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence.
Les vertiges de l’abstraction à la Fondation Carmignac
Chaque été, la Fondation Carmignac invite un nouveau commissaire à s’inspirer de sa collection d’art contemporain et de son cadre exceptionnel, sur l’île de Porquerolles. Cette année, le commissaire Matthieu Poirier explore la notion “vertige”, celui “de l’exaltation, de l’émotion, de flottement, de perte de repères”, à travers une cinquantaine d’œuvres abstraites datant des années 50 à aujourd’hui.
Outre des chefs-d’œuvre issus de la collection de la fondation, signés Gerhard Richter ou Frank Bowling, on déambule parmi des prêts renversants à l’instar d’une suspension de Jesús Rafael Soto, des plaques de verre colorées d’Ann Veronica Janssens ou encore un parterre de pigments bleu d’Yves Klein. En parallèle, le fort Saint-Agathe accueille à quelques pas de là une installation lumineuse troublante de Julian Charrière, qui parachève ce jeu poétique avec notre perception.
“Vertigo”, exposition jusqu’au 2 novembre 2025 à la Fondation Carmignac, île de Porquerolles.
Le vent du mistral souffle sur la Collection Lambert
Alors que Jean-Michel Othoniel transforme cet été la ville d’Avignon en musée à ciel ouvert, la Collection Lambert inaugure en parallèle une exposition collective. Y sont notamment réunies des œuvres de Chantal Akerman, Francis Alÿs, Spencer Finch ou encore Martin Creed, autour d’une phrase : “Même les soleils sont ivres”.
Empruntée à un ouvrage d’Albert Camus (La Postérité du soleil, 1986), cette formule dicte la sélection des vidéos, installations, clichés, sculptures et peintures présentée. Tous les artistes explorent ainsi la relation que les locaux entretiennent avec leur territoire méditerranéen, irrémédiablement affecté par le vent du mistral…
« Même les soleils sont ivres”, exposition jusqu’au 31 août 2025 à la Collection Lambert, Avignon.
Un voyage à travers les 5 éléments avec Jean-Marie Appriou au MO.CO.
Enfants cosmonautes, têtes de serpents ou de lièvres géants, dryades aux visages émergeant du végétal et autres créatures aquatiques hybrides… Voilà certains des personnages que l’on croise dans l’univers développé par Jean-Marie Appriou depuis une quinzaine d’années. Véritable alchimiste passionné par les mythes et les sciences, le sculpteur français explore de nombreuses techniques, de l’argile au bronze en passant par l’aluminium et le verre, dont ses créations, souvent à échelle 1, exaltent les propriétés.
Une diversité que l’on peut actuellement apprécier dans son exposition monographique au MO.CO. Panacée, où l’artiste a organisé ses œuvres suivant cinq éléments : la terre, l’air, l’eau, le feu et l’éther. Une plongée dans son bestiaire fantastique autant que dans son rapport passionné à la matière et à sa transformation.
“La cinquième essence, Jean-Marie Appriou”, exposition jusqu’au 28 septembre 2025 au MO.CO, Montpellier.
Plongée dans la scène artistique marocaine au FRAC Nouvelle-Aquitaine
Cet été, le FRAC Nouvelle-Aquitaine consacre ses espaces à une trentaine d’artistes réunis par la commissaire Sonia Recasens. Des figures historiques comme Malika Agueznay ou des artistes confirmés telle Amina Benbouchta et émergents (Yasmine Hatimi), tous mettent en lumière l’art oratoire de l’Aïta – une forme d’improvisation poétique en darija (dialecte marocain), dont les origines remontent au 12e siècle.
Outil d’émancipation et de lutte au Maroc, les traditions orales sont à l’origine de nombreuses œuvres qui, “comme un poème composé à plusieurs voix” (pour reprendre le communiqué de presse) relaterait le quotidien, l’amour mais aussi les répressions et les discriminations.
“Aïta”, exposition du 3 juillet 2025 au 4 janvier 2026 au FRAC Nouvelle-Aquitaine – La MÉCA, 5 Parv. Corto Maltese, Bordeaux.
Sterling Ruby dialogue avec Le Corbusier au MaMo à Marseille
Depuis quelques jours, deux bougies géantes se sont dressées sur le toit de l’emblématique Cité radieuse, à Marseille. Invité par le MaMo by Ora Ïto, plateforme d’art contemporain installée au sommet du bâtiment de Le Corbusier, Sterling Ruby y présente un aperçu de ses nombreuses expérimentations avec le matériau à travers une exposition personnelle en collaboration avec Gagosian et avec le soutien de Zara Home. Coulée dans le bronze à partir d’un moulage sur textile rembourré, DOUBLE CANDLE témoigne ainsi du goût pour la sculpture molle et pour les objets du quotidien de l’artiste pluridisciplinaire, également designer et créateur de vêtements.
À l’intérieur du MaMo, on découvre la plus large peinture à l’aérosol du Californien à ce jour, où transparaissent sa maîtrise de la bombe autant que sa passion pour l’art et l’environnement urbains. L’occasion d’apprécier le travail d’un véritable touche-à-tout et star du marché, dans un dialogue rare avec une architecture iconique.
Sterling Ruby, jusqu’au 28 septembre 2025 au MaMo by Ora Ïto, Centre d’art de la Cité radieuse de Marseille.