5 mar 2025

Vaquera, Zomer, Anrealage… 3 manières de repenser la mode

Ces deux premiers jours de Fashion Week de Paris pour l’automne-hiver 2025-2026 donnent le ton avec les défilés Vaquera, Zomer et Anrealage. La question ne semble plus seulement être “qu’allons-nous porter demain” mais bien “comment et pourquoi”.

Les défilés Vaquera, Zomer et Anrealage donnent le ton à la Fashion Week de Paris

Cette saison, le petit monde de la mode semble avoir repris en vigueur et les créateurs aussi. Après quelques mois de conversations un peu moroses autour du contexte socio-économique international, les labels ont eu à cœur de montrer que, si la mode peut-être une affaire sérieuse, elle peut aussi par moment se faire plus légère sans jamais se départir de son but premier : nous habiller.

L’extravagance peut être de mise, mais le “retour au vêtement”, à la portabilité, semble avoir traversé l’esprit de bien des designers qui jouent sur la forme autant que sur le sens. La preuve avec les défilés automne-hiver 2025-2026 de Vaquera, Zomer et Anrealage.

Chez Vaquera, la taille ça compte

Vaquera s’est toujours amusé des codes, notamment ceux de la bourgeoisie que la griffe mêle, non sans facétie, avec des codes plus underground. Pour l’automne-hiver 2025-2026, le label reprend des codes bien connus de la féminité et, en exagérant leur taille, leur donne un sens nouveau. Exemple ? Le soutien-gorge – qui depuis quelques saisons s’affirme déjà en trompe l’œil sur les t-shirts de la griffe – devient un top asymétrique qui choit sur l’épaule ou flotte sur la jambe.

Le collier de perles, loin d’adoucir la silhouette, la rend imposante, presque effrayante. Il y a aussi les manteaux oversize, aux épaules carrées ou légèrement tombantes, qui engouffrent la silhouette. Ils sont une armure qui fait presque disparaître le corps et sa forme.

Zomer, la mode à contresens

C’est en commençant par la fin que Zomer, le facétieux label créé par Imruh Asha et Danial Aitouganov, a présenté sa collection pour l’automne-hiver prochain. Un final exécuté rapidement et qui a pris de court l’ensemble des invités – une bonne manière de les rendre attentifs à ce qui allait se passer. Après cela, tous avaient envie de s’attarder sur les 40 silhouettes imaginées par le duo. La première ? Une combinaison en denim dont le devant se porte à l’arrière.

Un effet qui se prolonge au fil du show : blazer, veston, robe, pantalons – tous ont été créés de cette façon où styliser de manière à le laisser croire. Il y a les cols de chemise qui apparaissent sous les jupes ou au bas des pantalons, les poches arrières de pantalon sont placées sur le devant et puis il y a cette jupe chemise blanche dont les volants sont, là aussi, des cols de chemise. Un effet d’inversion qui nous invite à redécouvrir les vêtements et la manière dont on peut les styliser. Bien joué.

Anrealage : “vous avez un nouveau message”

C’est au sein de l’Église américaine, dans une atmosphère quasi-monastique, que Kunihiko Morinaga a présenté “Screen”, sa collection pour l’automne-hiver 2025-2026. Si dans la mode, le noir est un canva régulier qui permet notamment de porter le regard sur la forme, chez Anrealage, il devient un écran qui valorise la couleur. C’est la vision que portait le designer avec ce défilé en 24 silhouettes, lors duquel les vêtements noirs affichent couleurs, motifs, messages ou graphiques, qui changent toutes les secondes et créent une combinaison qui semble infinie.

Chaque saison, Morinaga nous fait réfléchir à la place que la technologie pourrait occuper dans la mode. Comment l’utiliser et pour quelles raisons ? Lors du final, les différents looks se synchronisent, s’échangent les designs avant d’en afficher un identique. Tous différents, mais capables de communiquer ? Voilà un rôle pour la mode, taillé sur mesure.