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Au défilé Vaquera, la bourgeoise se dénude
Ce lundi 26 février, la griffe new-yorkaise Vaquera a présenté sa collection automne-hiver 2024-2025. Une réflexion, en 32 silhouettes, sur un thème souvent tabou : l’argent.
Par Mélody Thomas.
L’argent, grande question du défilé Vaquera
« Money« . Sur les sièges du défilé Vaquera, la feuille de collection annonce la couleur. Après des mois de tendances quiet luxury ou de style old money, la marque connue pour son punk audacieux rappelle – à sa manière – à quel point la mode reste une question de statut et de désir.
La mode a l’habitude de détourner les codes de la bourgeoisie. On pourrait prendre en exemple le punk, ce mouvement phare du Londres des années 70 qui aimait à subvertir les normes vestimentaire,s ou encore le porno chic qui insérait des allusions pornographiques au sein des maisons patrimoniales.
En résumé, sexe et argent : soit deux thèmes phares du défilé Vaquera automne-hiver 204-2025. La première silhouette ? Une étole en fausse fourrure laisse épaules et ventre apparents et se glisse au-dessus d’une jupe zippée fendue. Le look pourrait sembler des plus banales si la jupe n’était pas ouverte à l’entrejambe, laissant visible la culotte et le haut d’une paire de jarretelles.
De quoi donner le ton aux 31 silhouettes suivantes où se côtoient fausse fourrure, cravate, robe de bal de promo, gants de cuir, pantalons tailleurs, soutien-gorge coniques, imprimés léopard et surtout billets de banque… Des codes de richesses que les références au sexe viennent bouleverser sans jamais tomber dans le grotesque.
À l’automne-hiver 2024-2025, les seins font le show
Habillés de tulle nid d’abeille, sous un t-shirt sur lequel est imprimé un soutien-gorge en dentelle noire, robe au buste conique ou tout simplement glissés dans un body où ils sont à l’air libre : chez Vaquera, les seins deviennent l’emblème d’une exubérance punk située quelque part entre l’indifférence aux regards des autres et la provocation.
On pense fortement à Vivienne Westwood, à Jean Paul Gaultier aussi, mais également à la favorite du roi de France Charles VII, a.k.a. Agnès Sorel. Au XVe siècle, cette dernière a marqué l’histoire du vêtement parce qu’elle aimait porter ses robes de manière à ce que l’un de ses seins soit toujours exposé. Le bourgeois des uns devient souvent, par le caprice de l’histoire, la contestation des autres.
Et si l’on n’est pas sûr que la tendance prenne, il y a quelque chose de jouissif à voir affirmer le corps féminin avec autant de triomphe. Une partie importante de l’ADN de la marque qui, depuis sa création en 2013, n’hésite pas à montrer les corps nus de façon aussi féroce qu’effrontée.
Le désir, seule monnaie d’échange valable dans la mode
Il ne faudrait pas croire pour autant que les collections Vaquera ne se réduisent qu’à l’histoire qu’elles entendent raconter. Derrière un stylisme audacieux qui interroge notre rapport au statut social par des codes vestimentaires bourgeois, Vaquera automne-hiver 2024-2025 présente des pièces ultra-désirables, qui aspirent à changer notre manière de nous habiller.
On pense à cette robe plissée en denim portée avec un sac en cuir en forme de violon. Plus loin, une jupe en denim à gros revers nous fait également de l’œil, à l’instar du bombardier en cuir ou du pantalon-tailleur plissé et rayé.
Loin de réduire la mode à sa simple valeur monétaire Patric DiCaprio et Bryn Taubensee, le duo resté à la création de Vaquera après le départ de Claire Sullivan, rappelle que la mode reste l’industrie du désir. Sa force ? Éveiller notre envie de raconter, avec des pièces singulières, nos propres histoires.