Chanteur, catcheur, acteur, rappeur… Les multiples facettes de Bad Bunny
Avec son nouvel album DeBÍ TiRAR MáS FOToS, dévoilé ce dimanche 5 janvier 2025, Bad Bunny renoue avec ses origines portoricaines, et célèbre sa culture dans un medley de musiques traditionnelles et de revendications politiques et culturelles. Retour sur les multiples (et fascinantes) facettes de l’un des artistes les plus écoutés au monde.
par Camille Bois-Martin.
DeBÍ TiRAR MáS FOToS, le dernier pari audacieux et engagé de Bad Bunny
Dans un quartier reculé de Porto Rico, un vieil homme se remémore sa jeunesse, et regrette de ne pas avoir pris assez de photographies pour pallier ses souvenirs qui s’effacent. Sur son chemin vers la boulangerie, il croise des touristes anglophones et des familles américaines fraîchement implantées, entend des mélodies country et des morceaux de rock, et regrette les airs de plena, de salsa et de reggaeton qui résonnaient avant dans son quartier.
Au comptoir, on lui propose un plat au fromage sans fromage, un « quesito sin queso« , aussi absurde qu’un « Puerto Rico sin puertorriqueños” (« un Porto Rico sans Portoricains”). Voici le sujet central du dernier album, très engagé, de Bad Bunny, DeBÍ TiRAR MáS FOToS, dévoilé ce dimanche 5 janvier 2025, et distillé à travers ce court métrage du même nom.
Pour l’occasion, le chanteur aux 45 millions de followers sur Instagram se déguise en Roi mage sur ses réseaux sociaux, la veille de la Fête de l’Épiphanie, dite El Día de los Reyes Magos en Amérique latine. Car ce nouveau disque s’avère être l’épiphanie de Bad Bunny qui, un an auparavant, longeait en voiture les plages de sa ville natale, nostalgique de ses racines et atterré d’observer la gentrification, l’américanisation et, malgré tout, la pauvreté de son île.
Un constat valable également à son échelle, le chanteur essuyant depuis quelques années de nombreuses critiques de la part de ses fans latinos face à sa popularité grandissante ou en raison de sa relation ultra médiatisée avec son ex-petite amie américaine Kendall Jenner…
Bad Bunny, le chanteur et rappeur qui a replacé l’espagnol au cœur de la culture pop
Dans le sillage de grands noms de l’industrie musicale issus de l’Amérique Latine (Daddy Yankee, J Balvin), Bad Bunny s’est fait une place au gré de ses morceaux dansants et de ses paroles chantées en espagnol, langue qu’il n’a jamais abandonnée, malgré ses nombreux duos avec des chanteurs anglophone tels que Drake, The Weeknd ou Travis Scott.
Né en 1994 à San Juan (Porto Rico), Benito Antonio Martínez Ocasio explose au milieu des années 2010, grâce à son titre Soy Peor (2016) puis à son album Un Verano sin Ti (2022), nommé aux Grammy Awards et depuis devenu le disque le plus streamé de la plateforme Spotify. Un succès fulgurant, qu’il doit à son énergie débordante et à sa musique où se mêlent la trap latino, le hip-hop, la pop, le merengue et le reggaeton, produisant des morceaux addictifs, attirant des personnalités fortes à l’image de Rosalía, Karol G ou Ozuna, avec qui il collabore.
De son tube planétaire Dakiti (2020) avec Jhay Cortez à son single Tití Me Preguntó (2022), Bad Bunny fait vibrer les plus grandes salles de concert mondiales, au cours de ses tournées ou encore de ses performances au sein de grands festivals comme Coachella (en 2023).
Sans – presque – jamais perdre de vue ses origines portoricaines, auxquelles il rend hommage dans son dernier album paru ce dimanche 5 janvier 2025. Il offre un peu de sa lumière à de jeunes artistes de son pays (RaiNao, Los Pleneros de la Cresta) et infuse ses mélodies des styles qui ont bercé son enfance comme la plena (Café con Ron) ou la salsa (Baile Inolvidable).
Une carrière jalonnée d’incursions au cinéma et de matchs de catch
Une ascension musicale rapide (le chanteur cumule aujourd’hui 69 millions d’écouteurs mensuels sur Spotify), qui le propulse jusque sur les plateaux de tournage hollywoodiens, où il tourne de brèves scènes aux côtés d’acteurs incontournables. À l’image notamment de Brad Pitt, avec lequel il joue dans le mordant Bullet Train (2022) de David Leitch, interprétant Le Loup, un personnage meurtrier assoiffé de vengeance (et quelque peu caricatural).
Une incursion sur le grand écran loin d’être unique : outre les rumeurs avortées autour d’un possible héros Marvel, Bad Bunny figure également au casting du film Happy Gilmore 2 de Kyle Newacheck, dont la sortie est prévue courant 2025 sur Netflix.
Autre facette surprenante de l’artiste : sa (brève) carrière de catcheur. Passionné par ce sport depuis petit, il le pratique à un niveau quasi professionnel, s’entraînant entre deux tournées et parsemant dans ses morceaux des références au catch et à ses plus champions, qui figurent d’ailleurs dans ses clips (Ric Flair, Steve Austin, Booker T, Stone Cold…). Il a même participé, à l’automne 2023, à son premier combat en solo lors d’un grand tournoi de catch annuel organisé à Porto Rico, quelques mois seulement après avoir fait sensation sur les marches du Met Gala.
Bad Bunny, une égérie ultra mode ?
À ce même Met Gala, Bad Bunny prouvait tout son potentiel mode. Accompagné du créateur français Simon Porte Jacquemus, ce dernier montait les marches du prestigieux évènement en traîne à fleurs et en ensemble de costume dos nu blanc, orné d’un délicat pendant. Son style, à la limite du bling bling à ses débuts, puise autant dans l’univers bariolé de son pays natal que dans les dernières tendances aperçues lors des Fashion Week.
Égérie Jacquemus (il prend la pose pour les campagnes de la marque), il apparaît également sur les clichés d’un shooting promotionnel Gucci en 2023 aux côtés de sa compagne de l’époque Kendall Jenner. D’apparitions publiques en photos volées par les paparazzi, le chanteur cultive une esthétique incarnée et n’hésite pas à arborer des pièces fortes, telle une fourrure, une jupe ou un long trench en cuir. Un goût pour la mode reconnu par ses pairs, qui le nomment parmi les présidents du dernier Met Gala (en 2024), aux côtés de Jennifer Lopez et Zendaya.
DeBÍ TiRAR MáS FOToS de Bad Bunny, disponible.