Pourquoi le défilé Calvin Klein à New York marque-t-il un tournant ?

Calvin Klein signe son grand retour à la Fashion Week de New York

Pour le printemps-été 2018, Calvin Klein présentait ce qui allait être son dernier défilé pour de nombreuses années. Quelques mois plus tard, la marque annonçait en effet le départ de son directeur artistique Raf Simons. Si, depuis, le créateur belge se concentre sur son propre label (arrêté en 2022) et sur les collections Prada aux côtés de Miuccia Prada, l’entreprise américaine amorçait, elle, une longue transition.

Une transformation qui s’est notamment matérialisée au travers d’une image plus marketée – après tout à l’origine de la marque. Et de campagnes mondiales suscitant l’engouement des réseaux sociaux. De la sensationnelle vidéo de Jeremy Allen White en caleçon sur les toits de New York à celle plus glamour de l’actrice Greta Lee, Calvin Klein confirmait sa place centrale au cœur de la culture et de la mode américaine. Une histoire qui attire également quelques jeunes créateurs. Au gré notamment de collaborations avec Nensi Dojaka ou encore avec le Dj et directeur créatif, Heron Preston.

En mai dernier, la marque dévoilait l’arrivée de la créatrice italienne Veronica Leoni à la direction artistique de ses collections. Présageant un renouveau, cette annonce s’accompagnait également de celle du retour très attendu de Calvin Klein sur les podiums. Officiellement dans le calendrier officiel de la Fashion Week de New York, le défilé automne-hiver 2025-2026 inaugure ainsi en grande pompe le premier jour de ce marathon mode.

Veronica Leoni présente sa première collection pour la marque

Un peu moins d’un an aura donc suffi à Veronica Leoni pour intégrer les ateliers de Calvin Klein. Et s’approprier l’ADN et les attentes (nombreuses) qui entourent la marque. Finaliste du Prix LVMH en 2023 avec son label Quira, la créatrice romaine présente un parcours aussi riche que représentatif de sa vision de la mode. Si elle entame sa carrière chez Jil Sander en 2012, c’est chez Celine qu’elle fait ses armes deux ans plus tard. Aux côtés de Phoebe Philo, avec laquelle elle partage une approche minimaliste, épurée et pragmatique du vêtement. Chez Moncler, elle imagine quelques années plus tard les collections féminines de la ligne 2 Moncler 1952. Elle opte alors pour un style plus radical.

Mais c’est après avoir travaillé pour The Row puis avec sa propre marque Quira que Veronica Leoni peaufine sa griffe. Dans une interview à Numéro en 2023, elle la décrit comme “une lentille qui passe la féminité contemporaine à la loupe.” Au gré d’un travail remarquable du volume, du drapé ou encore du tailoring, chaque pièce est minutieusement pensée. Du volume étonnant d’une jupe en raphia aux manches ultra bouffantes d’un bomber oversize, ses créations séduisent une clientèle large et des sensibilités plurielles. Une approche aiguisée et précise, qui insufflent ainsi à Calvin Klein un renouveau. Dans le sillage des looks modernes et rigoureux conçus par Raf Simons à la fin des années 2010 pour la marque américaine.

C’est ainsi que, ce vendredi 7 février 2025, un parterre de stars et de professionnels de la mode ont répondu présent au tout premier défilé de Veronica Leoni pour Calvin Klein.

Le défilé automne-hiver 2025-2026, un retour aux sources (et au succès) de Calvin Klein

Si l’on croise au premier rang l’acteur Alexander Skarsgård et le chanteur Bad Bunny, on y retrouve également des égéries de l’âge d’or de la marque à la fin des années 90. À l’image, notamment, de Christy Turlington mais aussi, et surtout, de Kate Moss. Impossible d’oublier son passage sur le podium du défilé printemps-été 1999 – où la créatrice romaine puise d’ailleurs son inspiration pour cette toute première collection.

À la fois rétro et profondément contemporain, le défilé Calvin Klein automne-hiver 2025-2026 dévoile en effet une série de silhouettes infusées de l’esprit des nineties. À commencer par l’esthétique office wear présente sur chacune des silhouettes. Mais aussi au gré de looks sleek, ponctués de slip dress et de satin… Autant de pièces qui ont forgé le succès de Calvin Klein. Sans oublier son célèbre parfum CK, qui se vendait à vingt unités par minute il y a deux décennies, et qui se retrouve aujourd’hui décliné en sac à main.

Le défilé marque aussi le retour des ensembles monochromes et sobres (du gris, de l’écru, du noir ou du brun), signatures de la marque. Et ici renouvelés au gré de fines superpositions de vêtements. La collection, aussi juste que simple, célèbre ainsi l’identité de l’entreprise américaine, tout en dévoilant la patte de Veronica Leoni. De l’influence de Phoebe Philo sur son travail (qu’il est impossible ici d’ignorer) à l’accent sur des coupes féminines et maîtrisées… Le retour de Calvin Klein sur les podiums est assurément une réussite. Le défilé renoue avec son fondateur, que l’on surnommait d’ailleurs “le roi du minimalisme”. Et qui était présent au premier rang, en train d’applaudir la renaissance de sa marque.