16 oct 2020

9 galeries à visiter à Paris pour remplacer la FIAC

Après des mois de tergiversations, la FIAC a officiellement annoncé le 14 septembre dernier l’annulation de sa 47e édition, prévue pour ouvrir ses portes le 22 octobre prochain. Mais si ce rendez-vous international incontournable du monde de l’art n’a pas lieu en raison du contexte sanitaire, l’agenda artistique de cette semaine reste, lui, toujours rythmé par l’inauguration de nombreuses expositions. À ce titre, les galeries ne sont pas en reste : entre ouverture de nouveaux espaces, travaux de rénovation, collaborations et projets inédits, découvrez neuf adresses à visiter pour pallier les cimaises des stands du Grand Palais.

1. Antoine Levi devient Ciaccia Levi et déménage

1. Antoine Levi devient Ciaccia Levi et déménage

 

Depuis son ouverture en 2013 en plein cœur de Belleville, la galerie Antoine Levi contribuait à l’effusion artistique nouvelle d’un quartier parisien en pleine transformation, faisant des émules parmi ses confrères et consœurs du monde de l’art. Mais en juin dernier, c’est finalement au nord du Marais, fief des galeries d’art à Paris depuis la fin du XXe siècle, que le galeriste a déménagé son espace, associant par la même occasion à son nom celui de sa partenaire Nerina Ciaccia. Rebaptisée donc tout récemment Ciaccia Levi, la galerie présentera dès jeudi 22 octobre des photographies de l’artiste italienne Lisetta Carmi extraites de sa série la plus célèbre, I travestiti. Parmi ces portraits d’hommes travestis et de femmes transgenres réalisés dans les années 60 à Gênes, une figure se distingue : Renée, que les clichés de la photographe suivent dans son quotidien avec une attention presque cinématographique sans jamais tomber dans le voyeurisme.

 

 

Lisetta Carmi, Renée, du 22 octobre au 2 décembre à la galerie Ciaccia Levi, Paris 3e.

 

 

 

2. La galerie new-yorkaise Lévy Gorvy s’implante à Paris

 

Pierre Soulages, Germaine Richier, Adrian Piper ou encore Yves Klein : la notoriété des artistes représentés par Lévy Gorvy n’est plus à prouver. Celle de la galerie non plus. Après New York, Londres, Zurich et Hong Kong, cette dernière inaugure ce mois-ci sont cinquième espace à Paris, en plein cœur du Marais. L’occasion d’y découvrir les toutes dernières œuvres du plasticien allemand Günther Uecker, figure du groupe ZERO aujourd’hui âgée de 90 ans dont les nombreuses sculptures à clous font le tour des plus grands musées. Ici, l’artiste présente une série d’aquarelles monumentales réalisées pendant le confinement dans son studio de Düsseldorf, où se décline un même paysage abstrait dans des motif bleutés, verts et roses.

 

 

Günther Uecker, “Lichtbogen”, du 22 octobre au 9 janvier 2021 à la galerie Lévy Gorvy, Paris 3e. 

 

 

 

3. La galerie Jérôme Poggi fait peau neuve

 

Un espace en plein Paris, à l’angle de la rue Beaubourg et de la rue Simon Le Franc, donnant sur la façade est du Centre Pompidou : depuis son inauguration onze ans, la galerie Jérôme Poggi bénéficie d’une localisation particulièrement avantageuse. Afin d’optimiser encore ses locaux, le galeriste français a ces derniers mois entrepris d’ambitieux travaux, de son intérieur à son extérieur. Entièrement repensée par l’artiste conceptuel belge Wesley Meuris, dont on découvre actuellement des œuvres inédites dans la galerie, sa devanture joue avec tous les codes visuels du milieu de l’art – plan de galerie, vitrines de présentation – jusqu’à l’enseigne elle-même, directement inspirée par celles des stands des foires d’art. Difficile de ne pas y voir un écho fortuit à une FIAC annulée cette année pour la première fois.

 

 

Wesley Meuris, “À l’enseigne” et Kapwani Kiwanga, “Nations”, du 10 octobre au 20 novembre à la galerie Jérôme Poggi, Paris 4e. 

 

 

 

Rachel Harrisson “Arrangement In Gray” (2020). Courtoisie de l’artiste et Galerie Chantal Crousel, Paris.

4. Chantal Crousel invite la galerie Greene Naftali dans ses espaces

 

Si les foires offrent la rare occasion de découvrir des galeries internationales, Chantal Crousel a pris les devants, en invitant directement dans son espace parisien la galerie new-yorkaise Greene Naftali. Habituée aux résidents du quartier de Chelsea, celle-ci pourra donc profiter d’un public français pour son 25e anniversaire avec une exposition consacrée à la peinture, regroupant aussi bien des artistes confirmés – Rachel Harrison, Jacqueline Humphries – que des talents très prometteurs – Jana Euler, Walter Price. Parallèlement, la galerie Chantal Crousel expose également les dernières sculptures de l’artiste français Jean-Luc Moulène, dont une série de nouveaux personnages difformes composés de volumes remplis de béton.

 


Jean-Luc Moulène, “Implicites & Objets” et “Greene Naftali Gallery at Galerie Chantal Crousel: Arrangement in Gray”, du 22 octobre au 28 novembre à la Galerie Chantal Crousel, Paris 3e.

 

 

 

 

Zuzanna Czebatul, “Bartolomeo” (2020) Resin, handcrafted paper, coal, pigments, 63,5 x 47,5 cm. Picture : Margot Montigny

5. Zusanna Czebatul repense l’histoire picturale chez Sans titre (2016)  

 

Après avoir investi les pièces d’un duplex avec vue sur la Seine ou encore celles d’une galerie à Mexico, la jeune galerie itinérante Sans titre (2016) prenait il y a un an et demi ses quartiers rue du Faubourg Saint-Martin, dans la cour du théâtre Antoine. Désormais bien implantée dans le10e arrondissement parisien, elle accueille pour la première fois l’artiste Zuzanna Czebatul pour un projet inédit. Inspirée par ses nombreuses visites de la Gemäldegalerie à Berlin, où elle réside, la jeune femme a peint plusieurs des architectures présentes dans les toiles de la Renaissance, mais également reproduit en sculptures certains de leurs tapis orientaux. Sortis de leur contexte et dépeuplés de leurs figures – souvent masculines –, ces éléments deviennent alors des fragments inachevés et incertains au bord du chaos, symboles de fondations jadis solides aujourd’hui fragilisées par une lecture contemporaine sensible et engagée.

 

 

Zusanna Czebatul, “Hell Hath No Fury Like a Dick Scorned”, du 17 octobre au 4 décembre chez Sans titre (2016), Paris 10e. 

 

 

 

Zuzanna Czebatul, “Bartolomeo” (2020) Resin, handcrafted paper, coal, pigments, 63,5 x 47,5 cm. Picture : Margot Montigny

6. Kamel Mennour inaugure un nouvel espace

 

“Lorsque j’ai vu le nouveau site de Kamel Mennour, j’ai tout de suite imaginé un cloître”, raconte l’architecte Pierre Yovanovitch, invité à repenser le quatrième et nouvel espace parisien de la galerie française. Situés dans la rue du Pont de Lodi, à quelques mètres de l’une de ses autres adresses, les deux étages de ce site ont longtemps servi de stockage aux éditions Hachette et offrent désormais une surface exposable de 600 m2 — la plus grande de toutes les antennes de la galerie –, très lumineuse et agrémentée d’un remarquable escalier en colimaçon. Pour son inauguration le 3 novembre prochain, Kamel Mennour prévoit une exposition en tandem avec deux de ses artistes historiques : Philippe Parreno et Daniel Buren. En attendant, ses autres espaces accueilleront dès cette semaine les œuvres qui devaient initialement composer le stand de la galerie à la 47e édition de la FIAC.

 

 

Nouvel espace de la galerie Kamel Mennour, ouverture le 3 novembre au 5 rue du Pont de Lodi, Paris 6e.

 

 

 

Cecelia Condit, “Possibly in Michigan” (1983). Image copyright of the artist.

7. Une vidéaste underground devenue phénomène TikTok chez Goswell Road

 

“Dites-le avec des fleurs” : voilà qui pourrait résumer le projet de l’espace d’art indépendant Goswell Road. Depuis son ouverture à Paris fin 2016, ses fondateurs Coralie Ruiz et Anthony Stephinson exposent régulièrement le travail d’un ou plusieurs artiste(s) dans leur atelier du 10e arrondissement, réalisent la publication d’un ouvrage en lien avec les œuvres exposées et imaginent un bouquet de fleurs en écho avec cette collaboration.  Ce mois-ci, c’est une création de la cinéaste expérimentale Cecelia Condit qui leur a inspiré leur nouveau projet : Possibly In Michigan, un film cynique et sombre aux portes de l’absurde réalisé par l’artiste en 1983 et envisagé à l’époque comme un “conte de fées féministe”, qui a récemment ressurgi sur la plateforme Reddit. Devenu viral, l’un de ses dialogues a été par la suite rejoué par des milliers d’utilisateurs du réseau social TikTok, donnant à cette œuvre un pouvoir infini de réinterprétation et une toute autre portée à la lumière des modes de mises en scène de soi contemporains.

 

 

Cecelia Condit, “Tick Tock. Tick Tock. BOOM.”, du 15 au 25 octobre chez Goswell Road, Paris 10e.

 

 

 

Gaspar Willmann, “JUMAP (HDmanies)“ (2020). Inkjet print and oil on canvas. 188 x 122 cm

8. Exo Exo expose les compositions post-réalistes de Gaspar Willmann

 

Direction le quartier de Belleville pour découvrir la nouvelle exposition d’Exo Exo. Fondé par Antoine Donzeaud et Elisa Rigoulet il y a maintenant plusieurs années, cet atelier d’artiste est également galerie, accueillant souvent des projets et expositions menés par de jeunes talents de l’art contemporain. Pour la première fois, c’est le plasticien Gaspar Willmann, récemment diplômé des Beaux-arts de Lyon, qui prend possession du lieu où il y présente une série de peintures et vidéos. D’abord retouchées sur Photoshop avant d’être complétées à l’huile de lin sur la toile imprimée, ses compositions mêlent ses propres images et d’autres glanées sur Internet pour former d’étonnantes natures mortes et paysages hybrides où se confondent basket et tulipe jaune, mégots et rondelle de citron. Entre l’objet et le décor, l’intérieur et l’extérieur, la réalité et le fantasme, toutes les frontières sont explicitement brouillées dans ces toiles alors que celles-ci s’imprègnent d’une inéluctable mélancolie.

 

 

Gaspar Willmann, “La Petite mort”, du 16 octobre au 6 novembre, Paris 20e.

 

 

 

9. Sept artistes expriment la marge au sous-sol de la galerie In situ – Fabienne Leclerc

 

Il y a pile un an, le milieu de l’art parisien faisait une entrée remarquée dans la ville de Romainville, au nord-est de la capitale, à travers un projet d’ampleur baptisé Komunuma. Réhabilité par le promoteur immobilier Fiminco, cet ensemble d’immeubles tendait à devenir un nouveau pôle culturel animé par la présence de cinq galeries parisiennes, d’une fondation, d’ateliers d’artistes et d’un troisième espace du FRAC Île-de-France. Alors que ce dernier vient tout juste d’ouvrir ses portes, le déplacement permettra également de découvrir les espaces, entre autres, de la galerie In situ-Fabienne Leclerc, installée là-bas depuis un an, dont les sous-sols accueillent actuellement une exposition collective conçue par le duo de commissaires Giulia Civardi et Taddeo Reinhardt. Entre des fenêtres colorées sculptées dans la mousse de polyuréthane par Sebastian Jefford, un rideau rouge de Hanne Lippard, cloisonnant la pièce ou encore des coins d’intérieurs déserts photographiés par Julie Becker, les œuvres de sept artistes y sont rassemblées autour d’une même idée : l’expression matérielle et immatérielle de la marge pour mieux comprendre les nœuds complexes de notre réalité.

 

 

“Cette marge sera ton point d’observation”, du 12 septembre au 25 octobre à la galerie In situ – Fabienne Leclerc, Romainville.