Créateur

Rick Owens

Il façonne la mode en temple. Né en 1961 à Porterville, en Californie, Rick Owens impose depuis les années 1990 une esthétique singulière. En 2025, la rétrospective “Temple of Love” au Palais Galliera éclaire sa vision radicale et subtile, entre mode, art et rituel.

Les débuts de Rick Owens

Formé au Otis College of Art and Design, Rick Owens débute comme modéliste à Los Angeles. En 1994, il fonde sa marque éponyme. Très vite, ses créations aux lignes abruptes et aux teintes sombres séduisent une scène alternative. En 2001, Kate Moss porte l’un de ses modèles en couverture de Vogue Paris : la légende commence.

Trois ans plus tard, il s’installe à Paris avec Michèle Lamy, sa muse et compagne de toujours. Le couple façonne ensemble un univers radical, sculptural, habité par le silence et l’ombre. Par ailleurs, Rick Owens ne suit aucune tendance : il forge les siennes.

“Temple of Love”, un rite textile

A partir du 28 juin 2025, le Palais Galliera inaugure Temple of Love, la première grande rétrospective parisienne dédiée à Rick Owens. Plus de cent silhouettes y sont dévoilées, accompagnées de sculptures, vidéos et archives inédites. Dès l’entrée, les statues de la façade sont revêtues de tissus brodés. Dans le jardin, trente monolithes de ciment composent une nef à ciel ouvert. À l’intérieur, l’exposition déploie un vestiaire rituel : capes d’apparat, bottes monumentales, drapés guerriers.

Le parcours fait dialoguer mode, architecture et spiritualité. En effet, Rick Owens y expose sa chambre d’enfance californienne, reconstituée comme un autel, ainsi que ses influences plastiques : Gustave Moreau, Joseph Beuys, Steven Parrino. À travers cette installation immersive, il convoque ses fantômes esthétiques pour bâtir un sanctuaire du style.

Une mode qui respire l’absolu

Depuis ses débuts, Rick Owens n’a cessé de repousser les limites du vêtement. Il joue avec le genre, l’érotisme, la démesure. En effet, Il fait défiler des corps nus, des danseuses afro-américaines, des silhouettes queer et puissantes. Il revendique une beauté étrange, osseuse, presque sacrée. Sa mode ne flatte pas : elle confronte. Elle libère.

À rebours du glamour tape-à-l’œil, le créateur préfère l’ascèse. Le cuir devient drapé, le coton s’effiloche en toge, la botte se fait piédestal. Chaque pièce incarne une forme de prière païenne, une sculpture habitable.

Une icône du XXIe siècle

Il est plus qu’un designer. Il est une figure tutélaire, une boussole stylistique pour toute une génération de créateurs. En 2025, son influence reste intacte : on le cite, on le copie, on le vénère. Son exposition parisienne ne célèbre pas seulement une carrière, mais une vision du monde.

Temple of Love n’est pas une rétrospective figée : c’est un manifeste vivant. Il y souffle un vent mystique, où chaque couture dit l’obsession de la forme et du fond. Une invitation à contempler la mode comme un acte de foi.