Pourquoi le label Pièces Uniques est-il l’un des plus cool du moment ?
Depuis la fondation du label Pièces Uniques en 2015, Edmond Luu réinvente le vestiaire masculin en y injectant des références au streetwear et au workwear. Lauréat du Prix Pierre Bergé de l’ANDAM en 2024, le créateur dévoile cette saison Civil War, une collection automne-hiver 2025-2026 inspirée par son histoire familiale et portée par une collaboration inédite avec Adidas. Rencontre avec un designer à suivre.
Propos recueillis par Nathan Merchadier.

Pièces Uniques redéfinit les codes de la mode urbaine
En à peine dix ans, Pièces Uniques s’est imposé comme une marque pointue et respectée au sein du vestiaire masculin contemporain. À l’origine de ce succès, Edmond Luu, autodidacte passionné qui, après un passage en direction artistique chez Parfums Christian Dior, fonde son propre label en 2015.
Inspiré aussi bien par les mangas que par le cinéma asiatique – de Miyazaki à Wong Kar-wai –, il façonne une mode où le streetwear et le workwear se rencontrent avec subtilité. Une esthétique singulière qui séduit rapidement certaines figures incontournables de la musique, bien au-delà des frontières hexagonales. Parmi ces derniers, un certain Burna Boy semble avoir été conquis par l’univers du label, comme en témoigne un cliché récemment dévoilé, sur lequel la star arbore l’un des gilets de la marque.
Edmond Luu, lauréat du Prix Pierre Bergé de l’ANDAM 2024
En 2024, Pièces Uniques franchit un nouveau cap en remportant le Prix Pierre Bergé de l’ANDAM, une consécration qu’Edmond Luu perçoit comme “une validation de tout le travail et l’énergie investis dans la marque”.
Le dernier fait d’arme du jeune label ? En pleine Fashion Week masculine, Pièces Uniques dévoile sa collection automne-hiver 2025-2026, intitulée Civil War. Un projet intime, inspiré par l’histoire du grand-père vietnamien du créateur, qui prend vie à travers un lookbook peuplé de silhouettes amples : chapkas en fausse fourrure, bombers en cuir et pièces fonctionnelles évoquant la résilience des militaires durant la guerre du Vietnam (1954-1975).
Point d’orgue de cette saison, une collaboration exclusive avec Adidas, revisitant l’iconique Superstar, parsemée d’étoiles en hommage à une collection décidément très personnelle.


L’interview d’Edmond Luu, fondateur du label Pièces Uniques
Quel est votre premier souvenir lié à la mode ?
Quand j’étais adolescent, je passais des heures à dessiner des personnages de mangas, et ma partie préférée était de choisir leur tenue. C’était une manière de m’évader et de créer de nouveaux univers. J’adorais les character designs de Masashi Kishimoto [connu pour être l’auteur du manga Naruto, ndlr] ou encore Katsura Hoshino. À cette époque, je ne savais pas encore que cela deviendrait plus tard une véritable passion pour la mode, mais ces moments de dessin étaient clairement mes premières connexions avec le vêtement.
Quels souvenirs avez-vous de la première pièce de mode que vous avez achetée ou reçue ?
Ma première pièce de mode était un t-shirt acheté chez Colette, de la marque Hype Means Nothing. C’était la première fois que je dépensais réellement de l’argent pour une pièce que je trouve vraiment intéressante. C’était également la première fois que je me promenais seul dans les rues de Paris [rires].
À quel moment de votre vie avez-vous décidé de faire carrière dans ce milieu et pourquoi ?
Faire carrière, c’est un grand mot. Je pense que comme beaucoup de créatifs, j’ai commencé par instinct avec l’envie de créer quelque chose de mes mains. Je n’ai pas le souvenir d’avoir été réellement motivé à l’idée de réussir dans ce milieu. Aujourd’hui, je suis reconnaissant de ce que j’arrive à créer, et surtout, que ces créations parlent à une audience.

Pourriez-vous nous partager votre parcours en quelques mots ?
J’ai grandi à Villepinte en banlieue parisienne, une ville où il y avait beaucoup de mixité et de chaleur humaine. Après mes études de publicité, j’ai travaillé chez Publicis 133 et Parfums Christian Dior en tant que directeur artistique. Ces expériences m’ont donné les bases nécessaires pour affiner ma vision. Mais tout au long de ce parcours, j’ai toujours gardé Pièces Uniques en tête, jusqu’à en faire ma réalité.
Comment est née l’envie de lancer votre marque ?
À l’origine, je ne trouvais pas les vêtements que je voulais porter, alors j’ai décidé de les créer. Très vite, j’ai réalisé qu’il y avait un vrai potentiel à partager cela avec les autres. Pièces Uniques est parti d’un besoin personnel et d’un immense désir de créer quelque chose de différent.
Quelles sont vos inspirations ?
Je m’inspire des mangas, du cinéma asiatique (Kitano, Miyazaki, Wong Kar-wai) mais aussi de la musique car j’ai passé huit ans au conservatoire . Enfin, j’aime chiner des pièces vintages que je trouve pendant mes voyages… J’adore mélanger ces univers et je vois mes collections comme les chapitres d’un grand livre, d’une odyssée qui s’appellerait Pièces Uniques. Depuis peu, je m’inspire de mes sentiments personnels car je trouve que les émotions sont une source d’inspiration inépuisable. J’aime l’idée que Pièces Uniques soit perçu comme un canal permettant de transmettre des valeurs positives. Le monde en a besoin aujourd’hui.


Comment décririez-vous le style de vos collections ?
Structuré, épuré, mais avec une vraie personnalité. On revisite les classiques du vestiaire masculin en y ajoutant notre touche : des détails surprenants et des coupes modernes qui rendent chaque pièce unique. Je fais simplement ce qui me semble bon sans vraiment suivre de tendance ou de style particulier.
Que voulez-vous transmettre à travers vos créations ?
L’idée que chacun puisse écrire sa propre histoire, sans compromis. Mes créations célèbrent la singularité, le fait de ne pas avoir peur d’être différent ou d’être fragile. Au-delà du vêtement, j’essaie de transmettre un message d’espoir : croire en ses rêves et oser les vivre. Je vois le vêtement comme une armure qui permet de surmonter les épreuves du quotidien. On a besoin de se sentir beau et fort dans nos vêtements. C’est ma promesse avec Pièces Uniques.
Depuis que vous avez lancé votre marque, avez-vous vécu un moment dont vous êtes particulièrement fier(e) ?
Remporter le Prix Pierre Bergé de l’ANDAM en 2024 était un moment incroyable. Cela a validé tout le travail et l’énergie investis dans la marque. Mais honnêtement, voir des gens porter mes créations au quotidien, cela reste le plus gratifiant.

En tant qu’entrepreneur, quel est le plus gros challenge auquel vous êtes confronté ?
Trouver l’équilibre entre le fait de rester fidèle à ma vision artistique et de pouvoir répondre aux exigences du marché. Il y a toujours cette tension entre créativité et réalité économique, mais c’est un défi que j’aime relever. Un bon directeur artistique doit avoir conscience de son marché.
Parlez-nous brièvement de votre dernière collection
Ma dernière collection intitulée Civil War, parle de révolte et d’espoir. Elle s’inspire d’une société au bord de l’implosion, où une jeunesse décide de se battre pour un futur plus juste. Ce thème est venu après plusieurs discussions autour de l’enfance de mes parents au Vietnam et au Cambodge. C’est un chapitre audacieux pour Pièces Uniques, mais aussi un appel au changement.