8 sept 2025

Fashion Week : quels nouveaux directeurs artistiques présenteront leur premier défilé en septembre ?

Après près d’une année ponctuée de départs et de nouvelles arrivées à la direction des plus grandes maisons de mode, la Fashion Week printemps-été 2026 s’annonce d’ores et déjà incontournable. La raison ? Les premières collections de nouveaux créateurs de mode fraîchement installés. De Demna à Pierpaolo Piccioli en passant par Louise Trotter et Matthieu Blazy : Numéro fait le point.

  • Par Camille Bois-Martin.

  • La fin du “mercato de la mode” en 2025?

    En juin dernier, le premier défilé de Jonathan Anderson pour Dior faisait grand bruit. De ses invités triés sur le volet aux journalistes, contraints de le suivre à distance (et en direct) pour ne pas en perdre une miette, l’événement marquait en effet une nouvelle ère pour la maison, comme pour le créateur. Après douze années passées chez Loewe, qu’il a érigé parmi les marques les plus convoitées de la décennie, l’Irlandais lançait ainsi le bal des premiers défilés.

    Un moment très attendu par le monde de la mode, dont la nomination et l’éviction de nombreux directeurs artistiques ont secoué les actualités des dernières saisons. Après de longues attentes, une multitude de rumeurs et des révélations surprenantes, l’heure est enfin venue de découvrir les premières collections des nouveaux designers à la tête des maisons. Entérinant ainsi (et enfin) le “mercato de la mode”. Mais transformant également la Fashion Week printemps-été 2026 de septembre en marathon… De Gucci à Balenciaga en passant par Chanel : découvrez les créateurs qui présenteront leur première collection à la rentrée.

    Les nouveaux directeurs artistiques qui présenteront à la Fashion Week printemps-été 2026

    Demna pour Gucci

    Ses débuts : Demna fait partie de ces créateurs de mode adulés, autant par ses pairs que par le grand public. Figure incontournable de la mode actuelle, il s’est pourtant initialement formé… à la finance. Mû par sa passion, il rejoint finalement la prestigieuse Académie royale des beaux-arts d’Anvers (dont les bancs ont vu passer Martin Margiela, Raf Simons ou Dries Van Noten), et en ressort diplômé en 2006.

    S’ensuit une carrière aussi brillante qu’audacieuse, marquée par son goût pour l’ironie – il obtient en effet son premier poste chez Martin Margiela après avoir envoyé son portfolio dans une boîte à pizza Don Giovanni. Passé par Louis Vuitton sous la houlette de Marc Jacobs, il lance finalement sa propre marque Vetements en 2015, dont l’esthétique disruptive le guide jusqu’à la direction artistique de Balenciaga. Le reste appartient à l’histoire.

    Sa signature : Si l’approche visionnaire de Demna a révolutionné le style Balenciaga, elle semble également avoir marqué durablement l’histoire de la mode. Entre polémiques et images chocs, le créateur a surtout façonné une silhouette au tailoring aiguisé, dont l’allure puissante est sculptée de volumes savamment répartis sur les épaules, le buste ou les jambes. Sa patte se définit par des looks à la fois couture et streetwear, où l’oversize et les motifs et coupes ironiques règnent en maître.

    Une première collection le 23 septembre 2025 à Milan

    Ses muses : Grâce à Demna, Kim Kardashian a progressivement gravi les échelons du monde très restreint du luxe. Mais, si la star américaine figure parmi les inspirations du créateur géorgien, Isabelle Huppert est indubitablement sa muse. Présente à chacun de ses défilés, au sein de la plupart de ses campagnes, et arborant ses créations sur les tapis rouges, l’actrice française est aujourd’hui indissociable de Demna et de Balenciaga. Reste à savoir si elle suivra le créateur dans son aventure chez Gucci

    Pourquoi on a hâte ? Après un émouvant dernier défilé haute couture présenté en juin dernier, Demna ne s’accorde que très peu de répit entre son départ et sa nouvelle prise de fonction. S’il laissait entendre, en coulisses, qu’il ne présenterait pas de collection avant mars 2026, le calendrier officiel de la Fashion Week de Milan fait néanmoins planer le doute quant à l’organisation possible d’un défilé Gucci le 23 septembre prochain à Milan. Laissée sans directeur artistique depuis le départ anticipé de Sabato de Sarno au printemps, qui succédait à des années régies par le flamboyant Alessandro Michele (aujourd’hui chez Valentino), la maison florentine entame ainsi un renouveau.

    Pierpaolo Piccioli pour Balenciaga

    Ses débuts : Pierpaolo Piccioli évolue dans le monde de la mode depuis la fin des années 90. Plus précisément au sein de celui des grandes maisons italiennes, dont il fréquente les ateliers depuis plus d’un quart de siècle. S’il commence chez Fendi en 1999, il rejoint en parallèle le département des accessoires chez Valentino, avant de co-diriger les collections de la marque avec Maria Grazia Chiuri en 2008. En 2016, la créatrice rejoint les écuries Dior et le créateur romain endosse alors seul la fonction de directeur artistique de Valentino, où il reste jusqu’en mars 2024.

    Une longévité rare dans le milieu, qui s’explique par une vision sensible du vêtement. Au sein de la maison, il déploie des collections à contre-courant du luxe contemporain. Loin de la spectacularisation du vêtement qui semble régir la plupart des défilés, il propose une esthétique qui puise dans les archives et le savoir-faire de la marque. Les silhouettes sont simples mais élégantes, travaillées au détail près.

    Sa signature : Les looks color-block sont devenus, au fil des dernières saisons, sa signature. À commencer par le Pink PPP : un rose imaginé sur-mesure avec la société Pantone, qui remplace le rouge signature de la marque. Elle envahit d’abord toute une collection, puis la plupart de ses accessoires, avant de devenir indissociable de la maison de mode italienne. Mais Pierpaolo Piccioli se démarque surtout par sa vision poétique et profondément romantique et élégante. Les coupes, ajustées ou amples, épousent à merveille la silhouette, et les looks sont généralement dépouillés d’accessoires, pour mettre l’accent sur le vêtement.

    Un premier défilé le 4 octobre 2025 à Paris

    Ses muses : Si la jeune mannequin Kaia Gerber a fréquemment ouvert ses derniers défilés Valentino, Pierpaolo Piccioli incarne une mode épurée et sans personnalité marquante – ses collections parlent pour elles-mêmes. On compte néanmoins parmi ses muses et amies proches l’actrice Florence Pugh, toujours présente au premier rang, et souvent parée de ses créations, ainsi que la chanteuse FKA Twigs. Des figures fortes, à l’image du créateur, très engagé politiquement dans son pays ainsi qu’à l’étranger.

    Pourquoi on a hâte ? Depuis son départ de Valentino il y a un an et demi, Pierpaolo Piccioli laissait planer le doute quant à son futur. D’autant plus que le créateur n’a jamais quitté Rome ni les ateliers de Valentino depuis ses débuts en 1999. Un départ surprenant et ambitieux, qui l’a ainsi finalement guidé à Paris, chez Balenciaga, où il succède à Demna. Deux visions très différentes, qui se rejoignent néanmoins sur l’attention portée au tailoring. Augurant un avenir probablement très contrasté pour la maison française… Réponse le 4 octobre 2025, date de son premier défilé à Paris.

    Matthieu Blazy pour Chanel

    Ses débuts : Moins connu que des personnalités comme Jonathan Anderson ou Demna, Matthieu Blazy figure néanmoins parmi les noms les plus appréciés et respectés du monde de la mode. S’il accède à une large renommée après son arrivée chez Bottega Veneta en 2021, le créateur français naviguait auparavant dans les ateliers de prestigieuses maisons. Diplômé de La Cambre à Bruxelles, il forge sa vision chez Raf Simons, qu’il rejoint dès sa sortie d’école, avant d’intégrer Maison Margiela. Il passe également chez Celine (sous Phoebe Philo), avant de rejoindre à nouveau Raf Simons chez Calvin Klein.

    Son regard est celui d’un architecte du mouvement: il pense en volumes, en portés, en poids. Une vision déployée à son paroxysme chez Bottega Veneta, qu’il transforme en laboratoire de la matière et des coupes, explorant les tensions entre la légèreté d’un tissu et la rigidité d’une coupe, ou l’épaisseur d’un cuir et la fluidité d’un volant. Malgré sa discrétion, il réinvente également la stratégie de communication de la marque, dont il révolutionne les campagnes, plus contemporaines et en phase avec son époque.

    Sa signature : Dès son premier défilé pour Bottega Veneta, Matthieu Blazy impose sa patte. Exit le vert vif signature insufflé par Daniel Lee, la première silhouette replace l’artisanat au cœur des collections. Un jean, un débardeur blanc et une paire de bottines noires dessinent les ambitions du créateur. Des chaussures, confectionnées en cuir Intrecciato (un tressage de bandelettes de cuir maîtrisé depuis plusieurs décennies par les ateliers de la maison), au pantalon façonné à partir de cuir nubuck orné d’un imprimé imitant le jean en trompe-l’œil… Pour le créateur, le luxe ne s’incarne plus au travers de logos ou de tendances, mais au gré des matières et du savoir-faire artisanaux.

    Un premier défilé le 6 octobre 2025 à Paris

    Ses muses : Les célèbres visages qui symbolisent l’esthétique quiet luxury cultivée par Matthieu Blazy sont aussi pointus que la vision du créateur. De l’acteur Jacob Elordi qui lance avec lui la tendance du sac à main pour homme à la mannequin Kendall Jenner ou le rappeur A$AP Rocky aperçus au sein de ses campagnes… Le designer choisit des personnalités très en vogue, dont le style impeccable reflète son esthétique.

    Pourquoi on a hâte ? Annoncée dès décembre 2024, l’arrivée de Matthieu Blazy chez Chanel nourrit de nombreuses attentes. Et à raison : depuis la disparition de Karl Lagerfeld en 2019, la maison de mode parisienne a été dirigée par son ancien bras droit, Virginie Viard, avant de revenir finalement aux studios. Bien qu’incontournable, la marque n’a donc, depuis six ans, pas profité d’une vision artistique forte. Une absence à laquelle le créateur français entend ainsi bien pallier avec son tout premier défilé, présenté le 6 octobre 2025 à Paris, où on espère retrouver tout le savoir-faire de Chanel combiné à sa vision pointue et contemporaine du luxe.

    Louise Trotter pour Bottega Veneta

    Ses débuts : Son nom reste très peu connu du grand public, et pourtant : Louise Trotter est responsable du revival de deux grandes marques, Lacoste et Carven. Mais, avant de diriger ces deux maisons, Louise Trotter s’est également formée chez Calvin Klein, dont elle dirige le prêt-à-porter féminin dans les années 2000, puis chez Tommy Hilfiger et la marque anglaise Joseph, où elle officie de 2009 à 2018.

    Elle rejoint par la suite Lacoste, dont elle réactualise le style sportswear entre 2018 et 2023, et qui profite aujourd’hui d’un large succès. Puis elle rejoint la maison Carven, et amorce son renouveau en seulement deux saisons au fil de silhouettes ultra modernes, explorant à la fois les codes de la maison et les tendances actuelles – de la jupe transparente aux accessoires XXL.

    Sa signature : Le point fort de Louise Trotter réside probablement dans son habile maîtrise de l’héritage des maisons de mode qu’elle intègre. De Lacoste à Carven en passant par Joseph, la Britannique a su réinventer les codes des marques en fonction des tendances, en y apposant sa touche de modernité. Ses créations ultra-désirables entre passé et présent ont irrémédiablement façonné l’esthétique des marques qu’elle a dirigées.

    Un premier défilé le 27 septembre 2025 à Milan

    Ses muses : Chez Carven, Louise Trotter a fait le pari d’une marque sans visage célèbre. Mais, au sein d’une maison aussi influente que Bottega Veneta, la créatrice se prête au jeu des égéries. Et si elle n’a encore présenté aucune collection, elle dévoilait, à l’occasion du Festival de Cannes, ses premières créations – mais aussi ses premières muses. À l’image de Julianne Moore, qui arborait deux looks signés de la Britannique, mais aussi de Vicky Krieps. Des figures puissantes dans le monde du cinéma, et dont la forte personnalité semble faire écho au parcours et à l’influence de Louise Trotter.

    Pourquoi on a hâte ? De la robe noire drapée, simplement ornée d’un nœud en cuir sur l’épaule, s’écoulant en franges dans le dos de Julianne Moore, à la seconde robe noire au bustier géométrique et au dos fluide de Vicky Krieps, toutes deux dévoilées à Cannes en mai dernier, l’esthétique de Louise Trotter pour Bottega Veneta se dessine lentement mais sûrement. Probablement à mi-chemin entre les savoir-faire de la maison et l’esprit aiguisé et contemporain de la créatrice… Réponse le 27 septembre 2025 à Milan.

    Dario Vitale pour Versace

    Ses débuts : Diplômé en 2006 de l’Istituto Marangoni à Milan, Dario Vitale est inconnu du grand public – comme du monde de la mode. Discret, le créateur italien débute sa carrière chez Dsquared2, avant de rejoindre Tomas Maier chez Bottega Veneta. En seulement quatre petites années, il inscrit ainsi sur son CV deux grandes marques de mode, qui lui ouvrent les portes du groupe Prada dès 2010.

    Au sein de l’entreprise, il gravit les échelons sous l’égide de Miuccia Prada et de Fabio Zambernardi (alors directeur du design de Prada et Miu Miu), jusqu’à devenir directeur du design de prêt-à-porter et de l’image de marque chez Miu Miu en septembre 2023. Une ascension interne qui lui offre une certaine influence au sein du groupe, et le place ainsi en pôle position lorsque Prada rachète Versace au printemps dernier. Après l’annonce du départ de Donatella, en poste depuis la disparition de son frère en 1997, il est donc nommé pour prendre sa suite.

    Sa signature : Difficile de connaître le vocabulaire mode d’un créateur qui œuvre dans l’ombre depuis ses débuts. Mais on sait notamment qu’il est à l’origine de la célèbre minijupe Miu Miu, dévoilée lors du défilé printemps-été 2022, et depuis devenue virale au fil des collections de la maison, mais aussi au sein des vestiaires de nombreuses autres marques de mode.

    Un premier défilé annulé ?

    Ses muses : On ne les connaît pas encore. Mais à en juger par les visages qui ont incarné l’esthétique ultra-virale de Miu Miu ces dernières années, on peut probablement miser sur des mannequins comme Kaia Gerber ou Gigi Hadid, ou encore l’actrice Sydney Sweeney.

    Pourquoi on a hâte ? Il s’agira du tout premier défilé Versace imaginé par un créateur qui n’est ni le fondateur de la maison, Gianni Versace, ni sa sœur, Donatella, en poste depuis presque trente ans. Une révolution majeure pour la marque de mode, mais qui ne s’avère pas sans accrocs… En effet, alors que Versace ne figure plus sur le calendrier officiel de la Fashion Week de Milan prévue en septembre, les rumeurs fusent. Le créateur aurait-il du mal à prendre ses marques ? Restera-t-il en poste ? Réponse à l’automne prochain, après une première collection finalement annoncée au format présentation, et très confidentielle…

    Miguel Castro Freitas pour Mugler

    Ses débuts : Voici à nouveau un visage inconnu du grand public. Miguel Castro Freitas succède à Casey Cadwallader, en poste chez Mugler depuis 2017. Pourtant, le parcours du créateur portugais est exemplaire : formé par John Galliano chez Dior, il rejoint Stefano Pilato chez Saint Laurent avant de côtoyer Alber Elbaz chez Lanvin. Trois grands créateurs et trois prestigieuses maisons de mode, qui le propulsent à nouveau chez Dior sous l’ère Raf Simons, où Miguel Castro Freitas peaufine sa maîtrise du tailoring, puis chez Sportmax, avant d’intégrer finalement Dries Van Noten en directeur du studio femme.

    Sa signature : En tant que bras droit de nombreux créateurs qui ont marqué la mode de ces deux dernières décennies, Miguel Castro Freitas n’a pas, pour le moment, dévoilé sa propre esthétique. Mais on imagine qu’il fera feu de tout bois, du glamour de Saint Laurent au chic de Lanvin en passant par le subversif de Galliano chez Dior et les motifs de Dries Van Noten. Un melting-pot éclectique, qui nourrira ses premières collections pour Mugler – non sans oublier la patte sexy et audacieuse impulsée par Casey Cadwallader.

    Un premier défilé le 2 octobre 2025 à Paris

    Ses muses : Peut-être seront-elles les mêmes que Casey Cadwallader. À l’image de la sublime Hunter Schafer

    Pourquoi on a hâte ? Le départ inatendu de l’Américain Casey Cadwallader sous-entend un besoin de renouveau pour la marque dont les défilés-spectacles ont un temps marqué les esprits, avant de s’effacer dans un monde où la mode rivalise de mises en scène spectaculaires. L’arrivée de Miguel Castro Freitas signe ainsi un chapitre inédit pour la marque, qui présentera le premier défilé du créateur portugais le 2 octobre prochain à Paris.

    Jack McCollough et Lazaro Hernandez pour Loewe

    Leurs débuts : En janvier dernier, Jack McCollough et Lazaro Hernandez quittaient la direction artistique de Proenza Schouler : une marque qu’ils avaient eux-mêmes fondée, vingt ans auparavant, en 2002. Ce départ surprenant, inscrit dans la valse des directeurs artistiques, préparait ainsi le terrain. Quelques semaines plus tard, Loewe dévoilait en effet le départ de Jonathan Anderson et l’arrivée du duo de créateurs américains dans ses ateliers.

    Tous deux alumni de la Parsons School of Design, ces derniers ont façonné une marque dont l’image branchée et conceptuelle a ravi les cœurs des new-yorkais, mais aussi des Européens. Pilier de la mode américaine, Proenza Schouler souffrait néanmoins de son indépendance, voguant au fil des investisseurs depuis plusieurs années. La décision du duo de rejoindre une grande maison de mode, devenue incontournable, leur offre donc la perspective de développer leur style sans restriction – si ce n’est l’héritage de celle-ci, et le rythme effréné des Fashion Weeks homme et femme.

    Leur signature : Emprunt de modernité et d’élégance, proche de la mode européenne, le vestiaire confectionné par Jack McCollough et Lazaro Hernandez chez Proenza Schouler séduit également par des créations qui réinventent le sportswear américain de manière colorée et playful. Un mix à la croisée des continents, qui fait leur renommée et leur authenticité depuis plus de deux décennies.

    Un défilé le 3 octobre 2025 à Paris

    Leurs muses : De la charismatique Natasha Lyonne à l’artiste Olympia Scarry en passant par l’écrivaine Ottessa Moshfegh mais aussi et surtout par la très rock Chloë Sevigny, les muses du duo de créateurs incarnent leur vision arty et disruptive de la mode, proche de celle de l’ère Jonathan Anderson chez Loewe.

    Pourquoi on a hâte ? Il s’agit de la toute première collection de Jack McCollough et Lazaro Hernandez pour une autre marque que celle que ces derniers ont fondée en 2002. Hors de leur zone de confort, ils vont ainsi devoir composer avec les impératifs d’une grande maison de mode mais aussi avec son héritage et avec une esthétique tout sauf américaine. Un défilé très attendu donc, qui risque de marquer la Fashion Week de Paris lors de sa présentation le 3 octobre prochain.

    Duran Lantink pour Jean Paul Gaultier

    Ses débuts : En septembre 2024, Duran Lantink remportait le prestigieux prix Karl Lagerfeld au Prix LVMH. Cette consécration était suivie, quelques mois plus tard (en avril 2025), par l’annonce de sa nomination en tant directeur artistique de Jean Paul Gaultier en avril dernier. Un nouveau chapitre pour la maison de mode, qui accueille ainsi le premier remplaçant de son fondateur. Formé au Sandberg Instituut d’Amsterdam, le créateur néerlandais a rapidement séduit l’industrie de la mode : un an avant la création de sa marque en 2019, le clip Pynk de Janelle Monáe propulse le créateur néerlandais, dont le pantalon en forme de vagin arboré par la chanteuse devient en effet rapidement viral.

    Profitant de ce succès, il lance ainsi son label homonyme. Mais la crise de Covid le stoppe dans son élan. Ce n’est qu’à l’occasion de la Fashion Week de Paris, en mars 2023, qu’il présente son premier défilé, et remporte la même année le prix spécial de l’ANDAM. Puis, tout s’accélère. Prix LMVH, direction de Jean Paul Gaultier… Duran Lantink s’est érigé, en seulement quelques années, parmi les figures les plus influentes de la mode parisienne.

    Sa signature : Malgré sa carrière récente, il façonne sa signature au gré d’une vision ludique et engagée de la mode, qui a rapidement séduit l’industrie. Aussi provocants que fascinants, ses vêtements avant-artistes et fun redéfinissent les proportions du corps et explorent les matières. Dans ses défilés, on croise des robes en tricot ponctuées d’excroissances, autant qu’un haut en silicone imitant une poitrine de manière ultra-réaliste. Parmi ses inspirations, il cite notamment Walter Van Beirendonck et Jean-Paul Gaultier : deux esprits affranchis, dont il semble marcher dans les pas.

    Un défilé le 5 octobre 2025 à Paris

    Ses muses : Si la marque de Duran Lantink n’a pas encore d’égérie, de nombreuses célébrités ont déjà arboré ses créations. Outre Janelle Monáe, on compte notamment les chanteuses Billie Ellish et Beyoncé. Des superstars à l’esthétique très marquée, qui contribuent à sa popularité et dessinent peut-être une esquisse des muses pointues et affranchies qui l’inspireront chez Jean Paul Gaultier.

    Pourquoi on a hâte ? S’il s’agit du premier défilé de Duran Lantink pour une autre marque que la sienne, cette collection inaugure également un tout nouveau chapitre pour Jean Paul Gaultier. Depuis l’annonce de la retraite de son fondateur éponyme en 2020, la maison parisienne laissait en effet planer le doute quant à son avenir, ponctué jusqu’alors de défilés couture imaginés en duo avec d’autres créateurs. Ce show marque ainsi probablement la fin de ces collaborations, le début d’une nouvelle ère et le retour du prêt-à-porter Jean Paul Gaultier. Rendez-vous le 5 octobre prochain.