28 nov 2025

Qui est Tems, la voix du R’n’B alternatif adoubée par Justin Bieber et Tyla ?

De la ville Lagos à la conquête du monde, Tems, 30 ans, s’impose définitivement comme la voix incontournable du R’n’B. Peu de temps après son opus Born in the Wild sorti l’an dernier, son nouvel EP Love Is a Kingdom confirme son talent.

  • par Alexis Thibault.

  • La folle ascension de la chanteuse Tems

    Au milieu des années 90, la ville de Lagos vibre au son de l’afrobeat, du gospel et du R’n’B international. La capitale du Nigeria apparaît comme un écosystème fertile dans lequel la jeune chanteuse et compositrice nigériane Temilade Openiyi, 30 ans aujourd’hui, taille ses premières armes, isolant les harmonies des morceaux de Lauryn Hill. À la fin de son adolescence, l’artiste ne se fait pas encore surnommer Tems mais compose déjà seule.

    Il faudra attendre 2020 et la sortie de son premier EP, For Broken Ears pour que le monde découvre et impose son timbre. Voix suave caniculaire. Le titre Essence (2020), en duo avec son homologue Wizkid, sera la première chanson nigériane à intégrer le top 10 du Billboard Hot 100. Tems vient de briser un plafond de verre, et quelque chose s’accélère. Une ascension que la presse anglo-saxonne qualifiera tour à tour d’inévitable et d’historique.

    Tems – Lagos Love (2025)

    Une chanteuse inspirée par le R’n’B et la spiritualité yoruba

    Car la musique de Tems s’articule autour d’un alliage rare : une voix velours aux inflexions soul, une écriture sans fard, et une production minimale qui puise autant dans le R’n’B expérimental que dans l’imaginaire spirituel des Yoroubas, des habitants de l’Afrique de l’Ouest. Sous la surface, on entend l’écho des tambours bàtá et dùndún, architectes de rythmes cérémoniels et sinueux issus du sud-ouest nigérian, où musique, danse et rituel ne font qu’un. Une tradition orale qui, de Lagos à La Havane, irrigue la rumba, le candomblé ou l’afrobeat et qui, chez Tems, se métabolise en une mystique pop d’une modernité désarmante.

    En 2022, elle participe à la BO de Black Panther: Wakanda Forever en reprenant avec brio le titre de Bob MarleyNo Woman, No Cry. Puis, son premier album, Born in the Wild (2024), lui vaut une pluie d’éloges. Dix huit titres gorgés de tension émotionnelle, des collaborations avec J. Cole et Asake, et un propos qu’elle résume ainsi : “un passage du cocon au papillon”. L’album est nommé trois fois aux Grammy Awards : “Meilleur album global”, “Meilleure performance de musique africaine”, “Meilleure chanson R&B”. Quant au morceau Love Me Jeje (2024), il dépasse les 5,8 millions de streams en quelques semaines.

    Tems – Big Daddy (2025).

    Love Is a Kingsom, un nouvel EP inspiré

    Tems remplit désormais les salles du monde entier. L’Apollo Theatre de Londres, deux Olympia parisiens sold out, et des festivals comme Glastonbury ou Coachella — où elle convie Wizkid et Justin Bieber. Le 21 novembre 2025, la chanteuse a dévoilé Love Is a Kingdom (2025), un EP de sept titres qu’elle a intégralement produits, écrits et composés. Geste radical, immédiatement salué par la critique. On y traverse des strates de conscience, des fissures intérieures, une foi réanimée.

    Et l’industrie ne s’y trompe pas. Barack Obama l’a mise dans sa playlist d’août 2024 et elle a collaboré avec Tyla, Future et Drake. Cinquante millions d’écoutes cumulées, une présence grandissante dans la mode (Tems a été aperçue aux derniers défilés Dior, Courrèges et Jacquemus) et même une incursion inattendue dans le sport. En prenant une participation dans le club de football américain San Diego FC, Tems affirme une ambition claire… Elle envisage de redessiner les contours de l’influence des stars africaines dans la culture globale.

    Love Is a Kingdom (2025) de Tems, disponible.