Shygirl veut nous faire danser tout l’hiver avec son nouvel EP

La compositrice, chanteuse, DJ et rappeuse londonienne de 30 ans Blane Muise alias Shygirl s’est imposée en quelques EP, une poignée de singles et un album, Nymph, comme l’une des figures les plus aventureuses et excitantes de la scène électronique internationale, adoubée par Arca et Rihanna. Très prisée par le milieu de la mode, l’artiste qui a posé pour Burberry a fait partie des nouvelles égéries Calvin Klein, aux côtés de Maya Hawke. Ce statut de star montante devrait s’intensifier avec un nouvel EP dont la liste des collaborations en dit long sur les ambitions tout sauf timides de Shygirl.

 

Club Shy, le nouvel EP de Shygirl destiné aux boîtes de nuit

 

Shygirl a sorti cette semaine l’EP Club Shy, qui reproduit sur disque l’expérience du club du même nom qu’elle a présenté depuis 2022 dans de nombreuses villes dont Los Angeles, Chicago et Londres (et bientôt Paris), accompagnée d’invités (Charli XCX, LSDXOXO, Pabllo Vittar, VTSS). En hommage à ses débuts en tant que DJ, la chanteuse propose de nouvelles pépites électroniques destinées à se déhancher toute la nuit, qu’elle a enregistrées avec SG Lewis, Kingdom, Boys Noize, Karma Kid, Sega Bodega ainsi qu’avec les chanteuses Empress Of, Cosha et Lolo Zouaï.

 

Nymph, le premier album aventureux et sexy de la chanteuse

 

Cet EP confirme le talent de la star montante, après l’album Nymph (2022) et sa version deluxe (Nymph_o). Ce premier long format musical comprenait des collaborations avec la fine fleur des producteurs audacieux du moment. Parmi les invités, on trouve en effet Vegyn, Sega Bodega, Arca, Bloodpop, Mura Masa ou encore Danny L Harle, fidèle compagnon de Caroline Polachek. Un casting qui explique en partie pourquoi la musique de Shygirl est truffée de trouvailles sonores futuristes et hypnotiques.

Madonna et Björk en influences

 

Sur Nymph, le R’n’B des années 90 et 2000 côtoie la pop bizzaroïde, l’ambient, l’hyperpop, le trip-hop et l’électronica. On y trouve des tubes taillés pour le dancefloor comme l’addictif Poison ou le romantique et onirique Firefly ainsi que des ballades sensuelles et ludiques comme Coochie (a bedtime story) ou Nike. Versatile, Shygirl passe de la suavité douce à des textures sonores bien plus abrasives, de la mélancolie à la lumière, de la vulnérabilité à l’attitude d’une femme puissante et sûre d’elle et de ses charmes.

 

Souvent, les mélodies vocales très charnelles, les paroles érotiques – qui parlent de relations sexuelles avec des hommes et des femmes – et les sonorités synthétiques de Nymph nous évoquent la Madonna de Ray of Light (1998), la Björk de Big Time Sensuality (1993) (Shygirl a d’ailleurs collaboré avec l’Islandaise), le flow de Missy Elliott et la sensualité de Janet Jackson.

 

“Même si je viens de l’underground, je n’écoute pas que de la musique d’avant-garde. » Shygirl

 

Mais on pense aussi, au détour de détails distordus, aux expérimentations d’une Arca, d’un Tricky ou d’un Aphex Twin. En 2022, elle confiait à Numéro : “Même si je viens de l’underground, je n’écoute pas que de la musique d’avant-garde. J’adore Madonna, par exemple. Je respecte beaucoup ceux qui arrivent à toucher les masses tout en restant eux-mêmes. Prince ou David Bowie ont connu un succès phénoménal et pourtant ils ont continué à innover. Je pense que le mainstream est sous-évalué car, à ce niveau de notoriété, cela demande beaucoup de force de maintenir quelque chose d’authentique.”

 

Mais la collaboratrice de Slowthai et de FKA twigs ajoute à ses influences quelque chose de bien à elle, qui trouble profondément l’auditeur. On ne sait jamais si l’imprévisible Shygirl va nous caresser dans le sens du poil ou nous faire découvrir des contrées sonores déstabilisantes, voire inquiétantes. Dans tous les cas, l’Anglaise passionne comme peu de ses contemporains parviennent à le faire. 

 

Club Shy (2024) de Shygirl, disponible.