Que vaut l’album disco de Kylie Minogue ?
La pop star australienne aux 80 millions de disques vendus revient avec un quinzième album intitulé “Disco” qui rend hommage au genre musical hédoniste des années 70 et 80. Poudre aux yeux ou échappée salutaire en période de crise ?
Par Violaine Schütz.
Il y a mille et une raisons d’aduler la mini pop star australienne. Ses tubes addictifs, ses fashion faux pas attachants des 80’s, son côté camp, son mash-up avec un morceau de New Order, son duo avec Nick Cave… L’une des grandes forces de la chanteuse demeure sa versatilité. Kylie nous laissait il y a deux ans avec un album aux accents country, Golden, où elle arborait des santiags pour une chevauchée riche en guitares et en émotions. La revoici, à 52 ans, enfilant une panoplie pailletée digne de Donna Summer qui lui va comme un gant sur la pochette de son nouveau disque. Le disco ne cesse de faire son grand retour ces derniers mois. Il y a eu l’excellent Róisín Machine de Róisín Murphy et le très fun Songs From The Kitchen Disco de Sophie Ellis Bextor qui renouaient avec les meilleurs heures de Chic et de Giorgio Moroder.
L’icône Kylie surfe sur la vague avec un quinzième album qui porte le nom de ce genre musical symbolisant l’insouciance, la mixité et la folie du New York des 70’s. Kylie a commencé à enregistrer l’album durant l’automne 2019 puis pendant la pandémie et le confinement, dans un studio aménagé chez elle, à Londres. Son influence majeure ? Le Studio 54, ce club culte où d’illustres inconnus très bien habillés dansaient collés-serrés avec Andy Warhol, Grace Jones et Bianca Jagger. La chanteuse voulait “retourner directement à la piste de danse”. Une envie qui fait sens puisqu’on l’a connue brillant dans ce registre avec des tubes dancefloor irrésistibles comme Can’t Get You Out of My Head, Your Disco Needs You ou I Believe In You produit par Jake Shears des Scissor Sisters. Deux des meilleurs disques de l’artiste, les bien nommés Fever (2001) et Aphrodite (2010) s’inscrivent d’ailleurs dans cette veine sensuelle et hédoniste. Sauf que la promesse d’une danse sans fin nous menant à l’extase sous une boule à facettes improvisée dans le salon (COVID oblige) n’est pas tout à fait tenue.
Si le titre prometteur de Disco sur lequel Kylie se demande : “Pouvons-nous tous ne former plus qu’un à nouveau ?” s’intitule Say Something, le charme n’opère pas toujours. Sur certains titres, la voix, trafiquée à l’extrême, de la diva peine à provoquer le grand frisson. Kylie aurait, à cause des conditions actuelles, appris à s’enregistrer via le logiciel Logic Pro pour continuer à travailler pendant le confinement. Est-ce pour cette raison que la chanteuse sonne tour à tour comme Robyn, Madonna, Lady Gaga, Agnetha d’ABBA, Olivia Newton-John ou Dua Lipa sans qu’on puisse reconnaître toute le pouvoir séducteur et guérisseur inclus dans son timbre unique. Pot pourri mêlant influences disco 70’s à 80’s et production électronique actuelle, l’album sombre aussi parfois dans l’eurodance cheesy (Where Does the DJ go ?) ou la pop mièvre (Monday Blues). Heureusement, la Kylie qu’on aime refait surface sur les meilleurs morceaux de l’album tels que Say Something qui mixe rythmiques électro funk et chant émotionnel façon Dolly Parton, le très seventies I Love It qui donne envie de s’emparer d’une paire de rollers ou Supernova, lorgnant du côté des Daft Punk. C’est sur ces tubes scintillants, nostalgiques et chaleureux que ce nouveau disque célébrant l’amour (y compris de soi avec le puissant Celebrate You) prend tout son sens. À un moment difficile où les clubs sont fermés et les corps, confinés, Kylie nous offre une échappatoire lumineuse vers une piste de danse virtuelle où oublier les affres du quotidien. Il suffit de revoir sur Youtube des extraits du live donné par la chanteuse le 7 novembre dernier à Londres, en streaming, pour se convaincre de sa pertinence, malgré un tracklisting inégal. En combinaison lamée, la diva enchaîne les hits sous les lasers et remet peu à peu des paillettes dans nos nuits.
Disco [Darenote/BMG Rights Management] de Kylie Minogue, disponible.