7 mar 2025

Que faut-il penser du nouvel album de Lady Gaga avec Gesaffelstein ?

Après avoir prêté ses traits et son excentricité à la célèbre Harley Quinn dans Joker : Folie à deux l’an dernier et avoir sorti un album dans le thème du film, Lady Gaga dévoile ce vendredi 7 mars 2025 un tout nouvel opus intitulé Mayhem. La pop star dévoile un disque surprenant, mêlant influences électroniques sombres et mélodies disco-funk, comportant des collaborations avec le producteur français Gesaffelstein. Mais faut-il se réjouir de ce retour aux sources ?

L’an dernier, Lady Gaga apparaissait dans le très moyen Joker : Folie à deux. Si sa performance too much n’a pas totalement fait l’unanimité, la chanteuse a trouvé, quant à elle, l’expérience très riche. Pour preuve, elle a tellement aimé l’univers du personnage de la maléfique et déjantée Harley Quinn qu’elle incarne dans le long-métrage, qu’il lui a inspiré un album surprise, Harlequin, sorti en septembre 2024.

Un album inspiré par Harley Quinn

Composé de treize chansons (Good Morning, Get Happy ou encore Oh, When the Saints), le disque comprenait de nombreuses reprises d’artistes tels que Frank Sinatra, Judy Garland et Louis Armstrong. Un clip a également été même tourné au Louvre, dans l’esprit de l’héroïne de comics. Ambitieuse, l’aventure nous laissait pourtant de marbre. Car Lady Gaga y apparaissait plus classique et bridée qu’à ses débuts…

Le trailer de l’album Mayhem (2025) de Lady Gaga.

Mayhem, le nouveau disque à l’esthétique sombre de Lady Gaga

Mais avec son tout nouvel album, Mayhem (grabuge, désordre, mutilation ou destruction en français), sorti ce 7 mars 2025, Lady Gaga entend se réconcilier avec ses fans. Ayant pour thèmes le chaos et la transformation, le disque explore, dans son esthétique, le côté obscur de la chanteuse. Lettres gothiques dignes d’un groupe de metal (Mayhem est d’ailleurs le nom d’un groupe de metal), photos en noir et blanc, cheveux couleur corbeau et mini frange… La chanteuse opère, depuis quelques mois déjà, un virage en apparence dark pour promouvoir ce disque.

En guise d’avant-goût, la star a aussi dévoilé le morceau Disease (“Maladie”), en octobre 2024. Un titre qui évoque son fiancé, Michael Polansky, tout en filant une métaphore médicale : “Je peux jouer au docteur, je peux soigner ta maladie. Si tu es un pécheur, je peux te faire croire […] Les yeux révulsés en extase, je peux sentir ta maladie. Je peux te soigner, guérir ta maladie.”

Lady Gaga – Disease (2024).

Disease, un premier single électro-pop ténébreux

Accompagné de visuels sombres, ce single signe un retour vers l’électro-pop/synthpop dark/indus qui a fait le succès l’artiste. On pense notamment aux tubes des périodes The Fame Monster (2009) ou Born This Way (2011). Mais avec ses envolées vocales lyriques, on n’est pas très loin de l’album Chromatica (2020). Un retour aux sources qui a ravi les fans de Lady Gaga de la première heure.

Autre bonne nouvelle pour les « little monsters » (les fidèles de la chanteuse) ? En février 2025, l’artiste a fait une apparition remarquée aux Grammy Awards, où elle s’est vue décernée le titre de meilleur duo pop avec Bruno Mars pour le morceau Die With a Smile. L’occasion de dévoiler un nouvel extrait de son album : Abracadabra, morceau électronique tubesque mais assez irritant dont on retient surtout le clip endiablé et excentrique.

Lady Gaga – Abracadabra (2025).

Un virage surprenant disco-funk

Avec ces deux premiers singles, beaucoup pensaient donc que Mayhem constituerait un retour à un univers plus ténébreux (côté son) pour Lady Gaga – à rebours de ses albums Chromatica (2020). Manqué. La noirceur de Mayhem se tapit surtout dans les paroles de l’album.

Dans Killah, Lady Gaga devient succube, créature dangereuse séduisant ses amants pour mieux les tuer. Et le texte deZombieBoy est un hommage à Rick Genest, un mannequin et ami de la chanteuse, disparu en 2018. Mais musicalement, la chanteuse choisit la lumière avec des productions funk/disco joyeuses et dansantes.

Un disque coproduit avec Gesaffelstein

Lady Gaga explore en fait sur ce disque délirant (pleinement relié à l’expression « gaga ») une grande diversité de genres musicaux, notamment l’électro, la dance, le trip-hop, le heavy metal, la musique industrielle et le rock, naviguant entre les années 70, 80 et 90. Elle confie d’ailleurs des inspirations variées pour Mayhem, allant du groupe Nine Inch Nails à Radiohead, en passant par Bowie, le grunge ou encore Prince. Le seul mot d’ordre de ce chaos vivifiant ? Le « freak », c’est chic.

Pour tenter de contenir cette myriade d’influences, Lady Gaga s’entoure de plusieurs producteurs renommés. En effet, l’interprète de Poker Face s’est tournée le producteur français Gesaffelstein connu notamment pour ses collaborations avec Pharrell Williams et The Weeknd (I Was Never There, Lost in the Fire). On y aperçoit également les interventions de Cirkut, récemment croisé dans le Brat de Charli xcx et le titre It girl de la chanteuse britannique Jade.

Un album bigarré et imparfait mais vivifiant

En résulte un album riche, libre, étrange, chatoyant, kitsch mais plus audacieux que ses derniers projets en date. Une expérience sonore étonnante et éclectique dans lequel on retrouve une Lady Gaga inspirée et ludique, qui ose flirter avec les terres artistiques de Taylor Swift (de nombreux fans pensent l’entendre sur les chœurs d’un titre de Mayhem), Miley Cyrus, Blondie, Muse et Michael Jackson.

Tout n’est pas réussi dans Mayhem qui s’avère assez incohérent, souvent de mauvais goût et trop bigarré mais les prises de risques grandiloquentes de la star demeurent assez vivifiantes et amusantes. On sent le plaisir pris en studio par la chanteuse, visiblement épanouie, et ses producteurs.

Dans les colonnes de Los Angeles Times, Gaga décrivait cette nouvelle aventure aux airs de collage ainsi : “L’album saute d’un genre à l’autre d’une manière presque corrompue. Et il se termine avec l’amour. La réponse à tout le chaos de ma vie, c’est que je trouve la paix avec l’amour.” Pour paraphraser le titre d’un film culte : l’amour lui va si bien…

Mayhem (2025) de Lady Gaga, disponible.