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Un spécialiste du hip-hop raconte la folle histoire de Louis Armstrong
Disponible le 28 octobre sur Apple TV, le documentaire de l’Américain Sacha Jenkins – Louis Armstrong’s Black & Blues – dresse le portrait intime de cette icône de la culture américaine. Dès les années 30, le chanteur et trompettiste marque l’histoire du jazz de sa voix éraillée, stigmate d’un œdème et d’une anomalie du larynx.
Par La rédaction.
1. Sacha Jenkins, un réalisateur spécialiste du hip-hop met le jazz à l’honneur
Disponible le 28 octobre sur Apple TV, le documentaire Louis Armstrong’s Black & Blues dresse le portrait intime de cette icône de la culture américaine surnommée tour à tour Satchmo, Satch ou Pops. Conçu à partir d’images d’archives, d’enregistrements personnels inédits et de conversations privées inédites, le long-métrage dépeint la façon dont Louis Armstrong a traversé l’histoire, de la guerre civile au mouvement pour les droits civiques, jusqu’à devenir une figure incontournable cette époque. Derrière la caméra, on retrouve le producteur et réalisateur Sacha Jenkins, grand spécialiste du hip-hop. Né à Philadelphie en 1971, l’année de la disparition de Louis Armstrong, il s’intéresse très tôt à la culture du graffiti et publie Graphic Scenes & X-Plicit Language [1989] sorte de répertoire du graff digne du cahier d’un rappeur adolescent et surtout un des premiers magazines dédié à cette forme d’art. En 1994, il enfile de nouveau sa casquette d’éditeur et présente Ego trip ou “l’arrogante voix de la vérité musicale” magazine new-yorkais qui se fait le chantre de la culture hip-hop et braque ses projecteurs sur les artistes émergents de l’époque : Nas, Method Man, le Wu-Tang, The Notorious Big… C’est d’ailleurs à Sacha Jenkins que l’on doit la publication de The Way I Am, l’autobiographie du rappeur Eminem en 2008. Pour son premier documentaire, il s’offre le jazz sur un plateau d’argent et célèbre Louis Armstrong, l’une de ses idoles.
2. L’homme qui popularisa le jazz
“Il y a deux genres de musique, le bon et le mauvais. Moi, je joue le bon…” La rumeur attribue cette sentence présomptueuse à Louis Armstrong, le chanteur et trompettiste qui marquera l’histoire du jazz de sa voix éraillée, stigmate d’un œdème et d’une hypertrophie des bandes ventriculaires situées dans le larynx. Issu d’une famille pauvre de La Nouvelle-Orléans, Louis Armstrong dès 1926, avec son titre Heebie Jeebies, popularise le scat, une improvisation dans laquelle les paroles sont remplacées par des onomatopées pour imiter des instruments : “Ça m’est venu comme ça !” glissera-t-il lors d’une interview, avec son légendaire sourire démesuré. Plus tard, les titres Hello, Dolly ! [1964], What a Wonderful World [1967] ou Dream a Little Dream of Me [1968], en duo avec Ella Fitzgerald – l’inscrivent définitivement au panthéon de la musique. En 1973, deux ans après sa disparition, un Grammy Award spécial sera créé afin d’honorer l’ensemble de la discographie de cet ambassadeur du jazz à travers le monde.
3. Une superstar noire dans une Amérique ségrégationniste
Au milieu des années 50, Louis Armstrong devient une véritable star. Tous les regards se braquent sur lui et les palaces lui ouvrent grand leurs portes, contrairement à ses homologues afro-américains qui empruntent discrètement la porte de service… Il rappelle son contemporain Miles Davis, le gentleman flambeur, qui traversait la Grosse Pomme en Ferrari dans son costume croisé, inséparable de ses lunettes de soleil. Mieux encore, Louis Armstrong sera la première personnalité afro-américaine a voir son nom inscrit sous le titre d’un long-métrage : la comédie musicale High Society [1956] avec Grace Kelly et Frank Sinatra. Mais le trompettiste n’est pas dupe et comprend que sa célébrité prévaut sur son identité. Les paroles de son titre Black and Blue de 1937 ne le quitteront jamais : “Mon seul péché est dans ma peau, qu’ai-je donc fait pour être si noir et bleu.”
Louis Armstrong’s Black & Blues de Sacha Jenkins, disponible le 28 octobre sur Apple TV.