Jorja Smith, Chilly Gonzales… Didier Varrod nous dévoile les coulisses de l’Hyper Weekend Festival
Pour sa quatrième édition qui se tiendra du 24 au 26 janvier 2025, l’Hyper Weekend Festival promet de très belles surprises dans l’enceinte de la Maison de la Radio à Paris. Alors que l’événement devenu incontournable dans le paysage de l’industrie musicale arrive à grands pas, son fondateur, Didier Varrod, se confie sur sa programmation éclectique et défricheuse, de Jorja Smith à Chilly Gonzales.
par Nathan Merchadier.
Jorja Smith, Chilly Gonzales, Mathilda… La programmation de l’Hyper Weekend Festival 2025 se dévoile
En seulement trois éditions, l’Hyper Weekend Festival s’est imposé parmi les nouveaux rendez-vous musicaux qui comptent sur la place parisienne. Connu pour sa programmation défricheuse et ses créations sur-mesure (Clara Luciani y avait revisité son répertoire dans de sublimes versions symphoniques en 2022), l’événement qui secoue chaque années les murs de la Maison de la Radio (à Paris) célèbrera son quatrième anniversaire du 24 au 26 janvier 2025.
Après avoir rassemblé sur scène Jeanne Added ou encore la révélation pop Lucky Love l’an dernier, le festival présidé par le journaliste français et animateur radio Didier Varrod invite pour sa nouvelle édition les artistes prometteuses Yoa et Mathilda, mais aussi la brillante Jorja Smith. Un concert qui devrait faire date car pour la première fois, l’auteure-compositrice-interprète britannique aux millions de streams sera accompagnée sur scène par l’Orchestre philharmonique de Radio France.
Theodora et Le Juiice au programme
Contrairement à certains de ses homologues, le festival ne se contente pas d’aligner des têtes d’affiche : il mise également sur des créations originales. Chilly Gonzales, pianiste virtuose et compositeur iconoclaste, dévoilera Rap de Chambre, un projet novateur mêlant musique classique et rap. Aux côtés d’une nouvelle génération d’artistes tels que Le Juiice, Zinée et Theodora, il proposera une performance qui promet d’être audacieuse.
Le duo émergent Candeur Cyclone, dont l’énergie brute et la poésie magnétique semblent déjà avoir conquis un public fidèle, fera aussi ses débuts sur la scène parisienne, promettant une performance inoubliable. Enfin, Bilal Hassani se produira pour un concert piano-voix intimiste intitulé L’affreuse le 26 janvier, au sein du Foyer F de la Maison de la Radio.
L’interview de Didier Varrod, fondateur de l’Hyper Weekend Festival
Numéro : Quelle était votre ambition en lançant l’Hyper Weekend Festival en 2022 ?
Didier Varrod : Je n’avais pas envie de créer un festival de plus au milieu de l’offre pléthorique que nous avons déjà en France et qui aboutit à une “festivalisation de la culture”. Je voulais imaginer un festival à une période où les gens ne sortent pas beaucoup et c’était déjà un pari audacieux. Beaucoup de personnes m’ont mis en garde car ils pensaient que ça n’allait pas marcher. Mon second souhait était de proposer un festival de création, où les artistes ne viennent pas proposer le même concert qu’ils ont imaginé pour leur tournée. Je voulais qu’ils sortent de leur zone de confort afin de proposer une création très personnelle, en se basant sur leur répertoire ou en partant d’une thématique afin d’éclairer une facette de leur personnalité. Cela a été un long chemin car ce n’est pas trop dans les habitudes françaises. Mais nous revendiquons aujourd’hui une singularité absolue par rapport à tous les autres festivals. Je pense même pouvoir affirmer que l’on est l’un des seuls festivals européens qui propose une dimension de création aussi forte. Enfin, j’ai essayé d’imaginer une série de dialogues entre les arts au sein du même festival. Durant l’Hyper Weekend Festival, la musique classique peut rencontrer la pop, mais aussi la mode, la danse ou encore la cuisine…
Qu’entendez-vous par le terme de “festivalisation de la culture” ?
Aujourd’hui, j’ai l’impression que la culture doit être “consommée”. Dans le domaine musical, je ressens une forme de surenchère. Il faut être celui qui programmera en premier “l’artiste du moment”. En l’espace d’une année, on se retrouve parfois avec des artistes qui sont à l’affiche de 15 à 20 festivals. Cela conduit à une certaine standardisation des programmations et c’est en ce sens que j’emploie le terme de “festivalisation de la culture”. C’est malheureusement un phénomène contre lequel on ne peut pas trop lutter car l’ensemble de l’écosystème de la culture répond à ces normes de formatage et de standardisation. Durant le festival, on imagine des spectacles pour une centaine de personnes donc le rapport à l’artiste et au public est différent.
“J’aime cette idée d’être au démarrage d’une carrière.” Didier Varrod.
Votre programmation est toujours très avant-gardiste, comment choisissez-vous vos artistes ?
Ce festival est très centré sur la scène française et plus précisément sur le secteur des artistes émergents et la programmation est élaborée au gré de mes coups de cœur. Par exemple, je connais le travail de Mathilda depuis plusieurs années mais j’ai pensé que cette nouvelle édition du festival serait la bonne pour l’introduire au public. J’aime cette idée d’être au démarrage d’une carrière. C’est aussi pour cela que le duo Candeur Cyclone a été programmé en 2025.
Comment arrivez-vous créer des dynamiques entre différents genres musicaux ?
C’est l’une des spécificités de la Maison de la Radio. Nous avons à notre disposition quatre formations musicales classiques, deux orchestres, le chœur et la maîtrise. Chaque année, nous imaginons le concert d’un artiste pop associé à l’Orchestre philharmonique de Radio France. Mais nous essayons aussi d’inviter d’autres formations musicales. Cette année, le groupe Terrenoire sera accompagné sur scène de l’Orchestre philharmonique du Nouveau Monde, qui occupe une place à part au sein de l’industrie. C’est un orchestre qui réfléchit sur les chemins sociaux qu’emprunte la musique, mais aussi sur la relation du public à la musique classique et sa capacité à attirer des jeunes publics. Pour nous, ces créations témoignent d’une certaine démarche politique et citoyenne.
Cette année, l’artiste Yoa proposera une création mêlant musique et danse…
En invitant Yoa, nous voulions qu’elle imagine un concert très différent de celui qu’elle fera sur la scène de l’Olympia en mars 2025. Elle a donc décidé de travailler sur ce que ses morceaux entraînent au niveau du corps. C’est pourquoi elle s’est associée à Malik Le Nost, un chorégraphe avec lequel elle imagine une création unique. C’est assez rare de voir les deux disciplines se croiser comme ça, de façon aussi magistrale.
À l’approche de cette édition 2025, quels sont les artistes que vous êtes le plus impatient de découvrir sur scène ?
J’ai hâte de revoir le chanteur Max Baby qui fera sa première vraie scène parisienne en solo. Je l’avais écouté en featuring avec Shay ou encore sur le dernier disque de Clara Luciani, mais de le voir là, avec son répertoire, sur scène, c’est évidemment une grande attente. Je suis aussi très curieux de découvrir le duo Candeur Cyclone. Cette édition 2025 réserve déjà son lot de surprises…
L’Hyper Weekend Festival aura lieu du 24 au 26 janvier 2025 à la Maison de la Radio et de la Musique, Paris 16e.