Rihanna, Sade, David Bowie… 11 stars qui ont signé la BO d’un film d’animation

Rihanna signe la BO du film d’animation Les Schtroumpfs
L’annonce de la participation de Rihanna à la BO du film d’animation Les Schtroumpfs n’a surpris que ceux qui ignorent à quel point les artistes pop aiment les incursions dans le monde de l’animation. Derrière les personnages bleus se cache en effet un long métrage musical calibré pour le public mondial, avec une star de la musique en tête d’affiche, mais aussi en rôle de productrice et compositrice. Avec ce titre improbable, la star américaine succède d’ailleurs à Britney Spears dont le titre Ooh La La apparaissait dans la BO du film Les Schtroumpfs 2, en 2013.
Cette démarche rappelle celle de Céline Dion pour La Belle et la Bête, de Justin Timberlake et SZA pour Les Trolls 2 (2020) ou d’Elton John pour Le Roi Lion, aux côtés du compositeur Hans Zimmer. Randy Newman, quant à lui, deviendra le son même des studios Pixar avec ses compositions jazz tendres et ironiques (Toy Story).
Ces exemples illustrent la façon dont les films d’animation se sont transformés, ces trente dernières années, en véritables terrains d’expression pour les artistes en quête de narration et de grand public. Tour d’horizon de ces moments de grâce où les pop stars se sont invitées dans des mondes dessinés.
Trent Reznor et Atticus Ross pour Soul
C’est l’un des mariages artistiques les plus surprenants de la décennie : confier à deux figures industrielles de la musique expérimentale – les membres de Nine Inch Nails – une partie de la bande originale de Soul, un film Pixar centré sur la figure d’un pianiste afro-américain. Les deux hommes n’en sont pas à leur premier coup d’éclat (ils ont notamment reçu un Oscar pour The Social Network de David Fincher), mais ici, leur rôle est plus subtil : ils illustrent l’au-delà, l’univers métaphysique du “Great Before”, en contrepoint aux séquences jazz du musicien Jon Batiste. La musique devient un langage philosophique.
Daft Punk et Interstella 5555
Plus qu’une simple bande-son, Interstella 5555 est un projet total. Les Daft Punk, au sommet de leur créativité, collaborent avec Leiji Matsumoto (créateur d’Albator) pour donner une vie animée à leur album Discovery. Chaque morceau devient un chapitre visuel, sans dialogue, où la musique remplace la narration. Et l’esthétique rétro-futuriste japonaise fusionne parfaitement avec la house élégiaque du duo français. Rarement une œuvre aura autant incarné l’idée de musique visuelle.
Pharrell Williams pour Moi, moche et méchant 2
Avec l’incontournable Happy, Pharrell Williams compose l’un des tubes les plus universels de l’histoire récente de la pop – et ce, pour un film d’animation. Le morceau, écrit pour Moi, moche et méchant 2, transcende son statut de chanson de générique pour devenir un phénomène mondial inexplicable. Plus qu’un air joyeux, c’est un manifeste de bonne humeur au groove simple et efficace, nourri de soul des sixties. Déjà familier du cinéma via Hans Zimmer, N.E.R.D ou les Neptunes, Pharrell Wiliams impose ici un style de songwriting enfantin mais exigeant. Une leçon d’inventivité.
Prince pour la BO du film d’animation Happy Feet
Quand les studios Warner Bros sollicitent Prince pour Happy Feet (2006, ils s’attendent à une négociation ardue. Mais après visionnage du film, le Kid de Minneapolis accepte non seulement l’usage de son titre Kiss, mais compose aussi une chanson inédite : The Song of the Heart. Énergique, funk et légèrement gospel, ce morceau résume l’art de Prince dans sa forme la plus accessible. Il y injecte son amour de la performance vocale, des claviers bondissants et du message d’empowerment.
David Bowie et Iggy Pop pour Arthur et les Minimoys
Dans la saga Arthur et les Minimoys, Luc Besson convoque deux légendes du rock pour donner chair à ses créatures animées : David Bowie, qui prête sa voix à l’énigmatique Maltazard, et Iggy Pop, dans le rôle de son fils, le grotesque Darkos. Le premier campe un méchant glacial et sophistiqué. Le second injecte à Darkos une énergie punk et burlesque, à la frontière de la caricature. Leur duo, issu de la scène glam berlinoise des années 70, se retrouve ainsi transposé dans un conte numérique pour enfants. Un effet aussi incongru que savoureux.
Iggy Pop va plus loin dans le troisième volet de la saga (Arthur 3 : La Guerre des deux mondes, 2010), en reprenant le morceau Rebel Rebel (1974) de Bowie dans une version cartoonesque, enregistrée pour le générique de fin. Cette relecture, pastiche affectueux, inscrit leur collaboration dans une forme de filiation artistique animée. À noter qu’Iggy Pop n’en est pas à sa première incursion dans l’animation : il avait déjà participé à la bande originale de la série française Les Zinzins de l’espace.
Sting pour la BO du film d’animation Kuzco
Avant d’être une comédie loufoque, Kuzco, l’empereur mégalo devait être un drame musical épique inspiré des mythes incas. Sting avait alors été engagé pour en écrire les chansons, mais la plupart furent coupées au montage. Son travail subsiste dans The Sweatbox, un documentaire fascinant sur la production du film, où l’on voit l’ex-Police confronté aux exigences Disney. Une seule chanson est retenue dans le film final, My Funny Friend and Me, nommée aux Oscars.
Janelle Monáe pour Rio 2
Avec What Is Love, Janelle Monáe livre une chanson à la fois lumineuse et sophistiquée pour Rio 2. Elle conserve sa patte funk et futuriste tout en s’insérant dans l’univers coloré du film. À la croisée de la pop tropicale et du R’n’B vintage, elle propose une alternative à la pop Disney classique : joyeuse sans être mièvre. Sa participation s’inscrit dans la lignée de ses projets à la croisée de la musique, de la narration et de l’afro-futurisme.
The Flaming Lips pour SpongeBob: Sponge Out of Water
Wayne Coyne, leader du groupe de rock alternatif The Flaming Lips, offre à SpongeBob un moment de pure évasion musicale. Ce titre composé pour les séquences délirantes du film, apporte une touche de psyché-pop lo-fi parfaitement en phase avec l’absurde visuel du film. L’expérience est brève mais significative. L’animation peut accueillir des esthétiques plus indie et expérimentales, sans perdre l’enfant dans le spectateur.
Sade pour la BO de Un raccourci dans le temps
Quand la réalisatrice Ava DuVernay convainc Sade de sortir du silence pour Un raccourci dans le temps, c’est un événement. Le titre Flower of the Universe est écrit spécialement pour le film. Une ballade lente et cosmique, fidèle à l’esthétique soul sophistiquée de la diva britannique. Sa voix, presque chuchotée, s’élève sur un tapis d’arpèges discrets et de nappes célestes.
Florence + The Machine pour Kingsglaive: Final Fantasy XV
Dans ce film d’animation hyperréaliste issu de la franchise Final Fantasy, Florence Welch s’attaque à un monument : Stand by Me de Ben E. King. Sa reprise transcende le cadre du simple hommage. Portée par une orchestration ample et dramatique, elle magnifie l’univers épique du film. Sa voix, vibrante et quasi mystique, entre en parfaite résonance avec l’imaginaire héroïque du jeu. Un mariage réussi entre fantasy digitale et émotion analogique.
Billie Eilish et Finneas pour le film d’animation Alerte Rouge
Dans Alerte Rouge (Turning Red, 2022), Pixar confie à Billie Eilish et son frère Finneas une mission. Composer les chansons du boys band fictif 4Town* – et le résultat dépasse toutes les attentes. Le duo crée une mini-discographie pastiche des années 2000, mêlant harmonies sucrées, refrains entêtants et production ultra-soignée. Des titres comme Nobody Like U ou 1 True Love parviennent à capturer à la fois la nostalgie adolescente et l’énergie euphorique de la pop préadolescente façon NSYNC ou Backstreet Boys. Cette incursion dans la musique d’animation montrera une facette plus légère et ludique de Billie Eilish. Elle ne trahira pas son exigence artistique.
Friend of Mine de Rihanna, extrait de la bande originale du film Les Schtroumpfs, disponible.