Qui est Noée Abita, l’étoile montante du cinéma hexagonal ?
Rencontre, au Festival de Cannes, avec l’un des nouveaux espoirs du cinéma français : la magnétique Noée Abita, bientôt à l’affiche du film Classe moyenne et de la série Merteuil.
propos recueillis par Violaine Schütz.

À 26 ans, l’actrice française Noée Abita a déjà une palpitante carrière derrière elle. Ava, Le Grand Bain de Gilles Lellouche, Les Passagers de la nuit avec Charlotte Gainsbourg, Les Cinq Diables avec Adèle Exarchopoulos, Première Affaire, Oxana, Le Roman de Jim… Elle imprime à chaque fois la pellicule d’une présence brute et farouche.
La magnétique Noée Abita est aussi une comédienne engagée puisqu’elle s’implique auprès de l’Association des Acteur·ices (ADA), une organisation féministe et antiraciste cofondée par Zita Hanrot et Anna Mouglalis.
Alors qu’elle était au Festival de Cannes 2025 pour défendre le film Classe moyenne, avec Laurent Lafitte et Élodie Bouchez, on a rencontré l’un des nouveaux espoirs du cinéma hexagonal.
L’interview de l’actrice Noée Abita
Numéro : Qu’est-ce qui vous a plu dans le film Classe moyenne, présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2025 ?
Noée Abita : Quand j’ai reçu le scénario, je l’ai dévoré et j’ai beaucoup ri. J’ai adoré cette proposition de huis clos avec très peu de personnages et en même temps, chaque personnage est extrêmement fin, avec une personnalité forte. Et puis, j’avais hâte d’incarner mon personnage, Garance.
Comment décririez-vous votre personnage, Garance ?
C’est une jeune fille qui a vraiment grandi avec une famille très privilégiée et en même temps, qui a du mal à trouver sa place à l’intérieur. Elle critique ses privilèges et en même temps, elle en profite énormément. Elle est vraiment très désagréable et détestable. Mais elle est jeune, donc on lui pardonne aussi un peu ça en espérant qu’elle va s’ouvrir et trouver un peu son identité. C’est une fille solaire, qui est très forte pour obtenir tout ce qu’elle veut, puisqu’elle a l’habitude d’avoir tout eu. Et incarner ce type de rôle, c’était hyper nouveau pour moi.
Noée Abita, star du film Classe moyenne présenté au Festival de Cannes
Est-ce plus amusant, en tant qu’actrice, de jouer un personnage qui est détestable ?
Je ne sais pas si c’est plus amusant. Moi, j’adore tous mes personnages. Là, ce qui m’intéressait, c’était d’être déplacée dans des sensations que je ne connaissais pas. Je ne me reconnais pas trop dans Garance, dans son bagout et son assurance. C’est hyper différent de ce que j’ai l’habitude de faire et de moi (enfin, je l’espère). Ce qui m’excitait beaucoup.
Comment s’est passée la rencontre avec le reste du casting ?
J’étais hyper impressionnée et tellement contente de retrouver Laure Calamy, avec laquelle j’avais tourné dans le film Ava, en 2017. Et puis Élodie Bouchez, c’est une actrice que j’aime tellement, tout comme Laurent Lafitte et Ramzy Bedia. Il en va de meme pour Sami Outalbali, dont je connaissais un peu le travail. C’était vraiment “waouh” de jouer avec eux. Je me suis sentie hyper chanteuse et petite dans ce registre-là, à la fois fascinée et admirative. J’avais tous mes sens ouverts afin d’apprendre le plus possible.

“Je ne viens pas d’un milieu aisé, ni d’un milieu prolétaire. ” Noée Abita
Le film est assez politique : il parle de Mehdi, un homme d’origine modeste, qui va passer l’été dans la demeure de ses beaux-parents, en conflit avec le couple de gardiens de la villa et pense pouvoir calmer le jeu entre les deux parties…
Oui, c’est une critique, une fable satirique sur la lutte des classes (et les échanges entre les classes sociales), mais ce n’est pas un film moralisateur et dans le jugement. Ce n’est pas un porte-étendard avec un message unilatéral. La caméra et le montage apportent un regard de spectateur sur ce qui se passe. Et les personnages ne sont complètement pas concernés par ce regard qui est posé sur eux. Ils vivent des événements et on décide de montrer ça ou ça d’eux. Il y a une distanciation.
Et vous, de quelle classe sociale venez-vous ?
Je ne viens pas d’un milieu aisé, ni d’un milieu prolétaire. Disons, de la classe moyenne, mais plutôt privilégiée et d’Aix-en-Provence. Mais je n’ai pas trop envie de dire ce que font mes parents dans la vie. Je peux juste vous dire qu’ils ne travaillent pas dans le cinéma.
“C’est un métier très difficile avec beaucoup d’incertitudes.” Noée Abita
Quelle est votre histoire avec le Festival de Cannes ?
C’est la quatrième fois que je viens. C’est une telle chance de pouvoir présenter son travail ici. C’est un métier très difficile, avec des va-et-vient et beaucoup d’incertitudes. Il y a beaucoup de personnes qui travaillent très peu. Et certains films qui existent en tant qu’objets, mais on n’en parle pas beaucoup. Donc je me réjouis à chaque fois d’être là. C’est une reconnaissance qui est agréable parce que ce n’est pas toujours facile. Je suis heureuse de pouvoir présenter mon travail à au Festival de Cannes et de savoir qu’il a une résonance internationale. Le festival aide beaucoup les films et permet aux réalisateurs et réalisatrices d’avoir plus de facilités pour en faire d’autres. C’est aussi un marché.
Avez-vous toujours rêvé d’être actrice ?
C’est quelque chose qui m’attirait beaucoup, mais c’est surtout l’expression créatrice qui me plaisait, en général. Je faisais beaucoup de danse quand j’étais adolescente. J’étais très jeune quand j’ai joué dans le film Ava. J’avais 15 ans, donc je ne m’imaginais pas quoi que ce soit concernant mon avenir. Ava, c’était une grande chance et après les castings se sont enchaînés. Et c’est un peu plus tard, quand c’est devenu vraiment un métier concret, que j’ai réalisé mon désir. Quand j’ai commencé à habiter seule et à être autonome financièrement, j’ai pris conscience que j’aimais cette expression créatrice-là en particulier et que je voulais la développer.

L’héroïne de la série Merteuil aux côtés de Diane Kruger
Comment choisissez-vous vos rôles ?
Je crois que j’ai pas trop de règles. J’ai beaucoup tourné avec des réalisatrices, mais aussi des réalisateurs. C’est assez équitable. Ça m’arrive de refuser des projets parce que je ne m’y retrouve pas. Mais je peux trouver de l’intérêt dans des films dans lesquels j’ai un tout petit rôle si j’adore l’histoire ou les réalisateurs. Pour Le Roman de Jim, je voulais absolument le faire, parce que j’adore les frères Larrieu et Karim Leklou. En fait, c’est la joie de rencontrer d’autres univers et d’être déplacée qui priment, le plus souvent.
Quels sont vos projets ?
J’ai joué dans une série qui s’appelle Merteuil, avec les actrices Diane Kruger et Anamaria Vartolomei. J’incarne Madame de Tourvel dans cette adaptation du roman Les Liaisons Dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos. Il y a aussi un film belge qui s’appelle Cap Farewell de Vanja D’Alcantara, qui parle d’une jeune femme qui sort de prison et doit retourner vivre chez sa mère, avec qui les relations sont tendues. Voilà pour les projets officiels…
Classe moyenne d’Antony Cordier, au cinéma le 24 septembre 2025.