25 nov 2024

Comment A24 a su s’imposer comme l’un des studios phares d’Hollywood 

Depuis ses débuts, le studio de production et de distribution américain A24 (Midsommar, Euphoria) prend de court Hollywood et ses concurrents, en laissant une grande liberté artistique à ses réalisateurs et ses acteurs. Ce mercredi 27 novembre 2024 sort Heretic, dernière production en date d’A24 avec Hugh Grant en tête d’affiche. L’occasion de revenir sur les raisons qui se cachent derrière le succès du studio lancé en 2012 par Daniel Katz, John Hodges et David Fenkel.

Cailee Spaeny dans Priscilla (2024) de Sofia Coppola © A24.
Cailee Spaeny dans Priscilla (2024) de Sofia Coppola © A24.

Des récits poignants et audacieux

En l’espace de 12 ans, le studio de production et de distribution américain A24 (Midsommar, Pearl, Euphoria, Moonlight) fondé par Daniel Katz, John Hodges et David Fenkel a bouleversé le paysage des géants hollywoodiens. L’une des forces du studio ? Des films qui abordent des thèmes aussi variés que poignants : conflits familiaux, coming-of-age, deuil, immigration, dépression… Si certains studios sont encore frileux à l’idée de porter certains récits sur le grand écran, A24 ose tout depuis son lancement en 2012.

D’ailleurs, en 2025, le studio poursuit ses audaces avec le film Babygirl. Un thriller aux allures de Cinquante Nuances de Grey dans lequel Nicole Kidman multiplie des scènes de sexe et de domination. Pour ces prochains mois, le public peut aussi s’attendre de la part du studio à de l’horreur sur fond de religion avec Hugh Grant (Heretic), au cinéma le 27 novembre 2024, un Small Soldiers pour la génération Z (Y2K) et une romance gay sulfureuse dans le prochain Luca Guadagnino (Queer).

Et les prises de risques s’avèrent payantes. Les films A24 s’accompagnent souvent de prestigieuses récompenses aux cérémonies de remises de prix. En effet, le studio se taille depuis plusieurs années une place de choix aux Oscars et aux Emmys Awards. Il aura notamment permis à Brendan Fraser, Brie Larson, Mahershala Ali ou encore Ke Huy Quan de remporter la précieuse statuette dorée.

Sophie Thatcher et Chloe East dans Heretic (2024) de Scott Beck et Bryan Woods.
Sophie Thatcher et Chloe East dans Heretic (2024) de Scott Beck et Bryan Woods.

A24, un studio inclusif

Autre point fort d’A24 ? Le studio fait preuve d’une inclusivité encore trop rare à Hollywood. Acharnés, Past Lives,… plusieurs projets ont été dirigés par des réalisateurs asiatiques qui mettent en scène des récits basés sur leur propres expériences de vie.

Le film Moonlight (2016), un coming-of-age sur un jeune homme noir homosexuel fait quant à lui office de tournant dans le parcours d’A24. Le long-métrage est presque entièrement composé d’acteurs de couleur, dont son réalisateur Barry Jenkins

Les questions d’ethnicité et de sexualité ne sont pas les seules priorités du studio puisque plusieurs héroïnes féminines et femmes réalisatrices, issues de cultures diverses, sont elles aussi au centre des projets du studio (Lady Bird, Love Lies Bleeding). 

Daniel Craig et Drew Starkey dans Queer (2025) de Luca Guadagnino © A24.
Daniel Craig et Drew Starkey dans Queer (2025) de Luca Guadagnino © A24.

Des stars du cinéma à l’affiche des films A24 

Robert Pattinson, Anya Taylor-Joy, Michelle Yeoh, Kirsten Dunst… De grands noms du cinéma ont joué dans des productions A24. L’occasions pour certains acteurs de s’essayer à des genres nouveaux, à l’image de Awkwafina dans L’Adieu (The farewell), qui troque la comédie pour un registre plus sérieux.

Pour d’autres, il s’agit de passer derrière la caméra, comme Jonah Hill avec son film 90s (2019) et Bo Burnham avec Dernière année (2018).

La présence de grands réalisateurs (Sofia Coppola, Denis Villeneuve, Sean Baker, Greta Gerwig) au générique des films est aussi l’un des atouts majeurs d’A24. En offrant aux réalisateurs une plus grande liberté créative, les projets d’A24 jouissent d’une identité visuelle forte dans laquelle la vision du cinéaste s’épanouit. 

Produits dérivés, application de rencontre… Le marketing original d’A24 

En affirmant sa présence sur les réseaux sociaux, le studio A24 a très vite su s’adapter à son audience en communiquant avec elle de façon unique sur ses films. En 2014, pour la promotion du film Ex Machina d’Alex Garland, l’équipe marketing a créé un faux profil sur l’application de rencontre Tinder à l’image du personnage d’Alicia Vikander : une humanoïde à l’apparence faussement innocente.

Aujourd’hui, le studio continue de faire preuve d’imagination pour promouvoir ses films, puisque pour le film Beau is afraid (2023), un compte Instagram dédié à l’entreprise fictive MW a vu le jour, répondant aux messages des internautes. À l’occasion des projections américaines du film dramatique L’Amour au présent avec Florence Pugh en octobre dernier, ce sont des paquets de mouchoirs qui ont été distribués à l’entrée des salles, avec pour inscription : “It’s ok not to be ok”.

Au-delà de l’aspect promotionnel des films, le studio A24 met également en avant des vêtements et des produits dérivés disponibles sur son site officiel, en y apposant son logo. On peut ainsi s’offrir des tee-shirts, sweats, chaussettes et vinyles à l’effigie d’Euphoria, MaXXXine et Uncut Gems. Une façon astucieuse de faire parler des films et des séries A24 empruntée au domaine de la musique, qui a déjà fait ses preuves dans le milieu du rock. 

Heretic (2024) de Scott Beck et Bryan Woods, avec Hugh Grant, au cinéma le 27 novembre 2024.