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Circulation(s), le festival dédié à la jeune photographie européenne s’installe au Centquatre
Le festival Circulation(s) revient mettre en avant le meilleur de la jeune création photographique au Centquatre. Découvrez les talentueux jeunes photographes mis en avant cette année.
Par Marion Ottaviani.
Fondé en 2011, le festival Circulation(s) a été créé pour promouvoir la jeune création photographique européenne, et constitue le seul évènement de ce type en France. Après sept éditions, l'exposition prend une nouvelle fois place dans le vaste espace du Centquatre pour promouvoir une sélection plus éclectique que jamais. Un total de vingt-cinq artistes choisis par le jury, abordant des thèmes aussi variés que l'intégration, l'identité et autres problématiques de société. L'expérience se poursuit d'ailleurs hors les murs avec les accrochages inédits de Michele Borzoni et Tim Franco dans la Gare de l'Est – pour continuer d'éduquer son œil lorsqu'on est en partance. Ci-dessous, Numéro présente une sélection de photographes qui font battre le cœur de cette édition 2017.
Circulation(s), le festival de la jeune photographie européenne au Centquatre, jusqu'au 5 mars 2017. www.festival-circulations.com
Ludovica Bastianini
Pour cette série exposée pour la toute première fois, l'italienne Ludovica Bastianni est partie d'un constat alarmant : plus de 13,5 millions de mineures sont mariées de force chaque année, à des hommes généralement beaucoup plus âgés qu'elles. Elle a alors initié un travail de recherche pour tenter de comprendre le ressenti de ces mères lorsqu'elles préparent leurs petites filles pour la cérémonie. En associant des photos de très jeunes mannequins trouvées dans des magazines occidentaux avec de vieilles dentelles de Calais appartenant à sa mère, elle crée un processus d'identification entre chacune d'entre elles. En résulte un travail sensible qui exacerbe la beauté et l'innocence liées à l'enfance.
Corentin Fohlen
Le français Corentin Fohlen a tenu à raconter l'histoire du village de Lumane Casimir, construit peu après le séisme qui a frappé Haïti en 2010. Ce projet de reconstruction a pris place dans une zone quasi-désertique à près de vingt kilomètres de Port-au-Prince, sans approvisionnement en eau ni en électricité. Une fois installé, le lieu aurait dû assurer de nouveaux emplois et un toit aux habitants décimés. Mais la désillusion prend rapidement le dessus, les ouvriers décrivant le chantier comme un immense gâchis : logement trop petits, absence de transparence quant aux fonds levés par l'État… Lumane Casimir est désormais aux deux tiers inoccupé, présentant des bâtiments inachevés dans un espace quasi-désertique. Au beau milieu du pays en ruines, Fohlen dépeint à travers son objectif des scènes de vie à la fois absurdes et étrangement paisibles.
Leslie Moquin
Réalisé dans le cadre d'une résidence à l'Alliance Française de Bogota (en partenariat avec l'ENCP), le projet de la française Leslie Moquin dresse un portrait haut en couleurs de la Colombie. Elle immortalise avec une approche presque documentaire le village de San Basilio de Palenque et la ville industrielle de Barranquilla, où les jeunes caribéens en quête d'opportunités viennent s'installer. On suit à travers ses photos la vie quotidienne de la jeunesse locale, qui va danser dans les quartiers de La Manga ou de la Nueva Colombia. Ses clichés les plus marquants représentent d'ailleurs les Picos, de gigantesques soundsystems devenus symboles de la contre-culture afro-colombienne.
Wiktoria Wojciechowska
La polonaise Wiktoria Wojciechowska est déjà lauréate de nombreux prix comme le Oskar Barnack Leica Newcomer Award ou le Humanity Photo Award. Avec sa série baptisée Sparks, elle s'interroge sur les tenants et aboutissants de la guerre qui fait actuellement rage en Ukraine. Via ses rencontres avec de jeunes soldats qu'elle photographie, elle dévoile les failles et la part de fragilité derrière les stéréotypes. Son minutieux travail de recherche vient également s'enrichir de collages, vidéos et installations.