Stephan Balkenhol transforme le Palais d’Iéna en théâtre de ses sculptures en bois
Depuis une dizaine d’années, le Palais d’Iéna se met au diapason de la FIAC en accueillant dans sa salle hypostyle une exposition in situ. Cette année, malgré l’annulation de la foire, c’est au tour du sculpteur allemand Stephan Balkenhol d’investir jusqu’au 30 octobre cet espace majestueux avec une série de sculptures en bois inédites.
Par Matthieu Jacquet.
Si la FIAC n’a pas lieu pour la première fois cette année depuis sa création, le Palais d’Iéna n’a pas dit son dernier mot. Situé dans le 16e arrondissement parisien, le bâtiment n’est pas seulement le siège du Conseil économique, social et environnemental et de la Chambre de commerce internationale : depuis plusieurs années, celui-ci accueille en même temps que la foire artistique internationale une exposition d’art contemporain dans sa majestueuse salle hypostyle. Caractérisé par ses nombreuses colonnes et ses immenses fenêtres avec vue sur la tour Eiffel, l’espace a notamment abrité au fil des éditions de la FIAC des installations inédites des artistes Arthur Lescher, Carlos Cruz-Diez ou encore une exposition consacrée aux sculptures suspendues abstraites. L’an passé, c’est l’Italien Giuseppe Penone qui investissait le temps de quelques jours cette salle, où il déployait un tronc d’arbre de 43 mètres de long, tronqué en son milieu, dans lequel coulait une résine rouge.
Malgré l’annulation de la 47e édition de la foire, le Palais d’Iéna a tout de même inauguré il y a quelques jours sa nouvelle exposition annuelle : une installation de l’artiste Stephane Balkenhol. Tout comme chez la figure de l’arte povera qui l’a précédé en ces lieux, le bois est au cœur du projet in situ de ce sculpteur allemand. Mais là où Giuseppe Penone présentait un arbre à l’horizontale, Stephane Balkenhol l’expose à la verticale. Tels de petits totems, ses sculptures en bois de wawa ou de cèdre disposées en alternance avec les larges colonnes à cannelures de la pièce y composent jusqu’au 30 octobre un théâtre silencieux. Des figures humaines émergent alors de chacune des souches, qui deviennent leurs socles. “Je cherche le contraste entre la figuration et l’abstraction de l’architecture”, explique Stephan Balkenhol, qui a fait de la sculpture de bois sa signature. Pour ce projet, l’artiste a en effet été inspiré par une véritable rencontre esthétique avec l’architecte Auguste Perret, concepteur du Palais d’Iéna en 1937.
Parmi le panel de personnages qui peuplent sa salle hypostyle, aucune narration ni référence n’est explicitée par l’artiste, qui préfère laisser libre cours à l’interprétation. On distingue toutefois parmi elles des figures familières : une femme au buste dénudé et aux bras tronqués évoque la Vénus de Milo, un homme coiffé du “Petit chapeau” de Napoléon rappelle l’empereur de France, tandis qu’une femme en tenue contemporaine porte sur sa tête un bonnet phrygien. À travers ces symboles, mais également la marinière d’une jeune femme ou encore le personnage à tête de coq, situé au centre de la pièce, semblent s’esquisser les fragments d’une histoire de France sur laquelle Stephan Balkenhol appose son regard étranger et bienveillant.
Stephan Balkenhol, “Le prévu et l’imprévu”, jusqu’au 30 octobre au Palais d’Iéna, Paris 16e.