9 expos éblouissantes à voir à Paris pendant les fêtes
Avec les nombreux musées parisiens qui ont inauguré leurs nouvelles expositions en septembre dernier, difficile de tenir le rythme et de prétendre les avoir déjà toutes vues. Pour une séance rattrapage ou pour une virée en famille pendant les fêtes, Numéro retient neuf expositions à découvrir avant leur fermeture, entre les chapeaux extravagants de Stephen Jones aux d’immenses installations en fils de Chiharu Shiota au Grand Palais, en passant par de sublimes chefs-d’œuvre au musée Jacquemart-André et au Louvre.
Par Camille Bois-Martin.
Le Brésil fascinant de Tarsila do Amaral au musée du Luxembourg
Dans les petites salles du musée du Luxembourg, un vaste univers coloré se déploie : celui de l’artiste brésilienne Tarsila do Amaral (1886-1973), peu connue du grand public français mais grandement célébrée dans son pays natal. Pourtant, au début du 20e siècle, cette dernière faisait partie des figures influentes de la scène artistique parisienne, gravitant dans les milieux mondains de la capitale et participant de son pinceau à la vague cubiste, puis (brièvement) surréaliste.
Figure de l’exotisme et des imaginaires étrangers, Tarsila do Amaral s’auto-portraiture et représente les paysages continent sud-américain au sein de toiles aux palettes chromatiques vives et aux détails fantaisistes – bien avant le succès de Frida Kahlo (1907-1954). Avant de rejoindre à nouveau le Brésil au milieu de sa vie, et de changer drastiquement de style pour dépeindre les mutations industrielles et politiques de son pays, avec autant de verve et d’imagination qu’à ses débuts.
“Tarsila do Amaral”, exposition jusqu’au 2 février 2025 au musée du Luxembourg, 19 Rue de Vaugirard, Paris 6e.
Au Petit Palais, la peinture ténébreuse de José de Ribera
Souvent décrit comme “l’héritier terrible” du Caravage, José de Ribera (1591-1652) s’est façonné un univers aussi sombre que captivant. Sur les cimaises du Petit Palais, ses larges peintures plongent leurs spectateurs dans des visions d’horreur, entre martyrs suppliciés et portraits saisissants, misant sur le réalisme cru et sur la fameuse technique du clair-obscur.
Infusé des couleurs ocres de son héritage espagnol et teinté des techniques des plus grands maîtres italiens croisés durant sa carrière passée entre Rome et Naples, le travail de José de Ribera résonne avec les drames et l’obscurité qui hantent alors la plupart des peintres de l’âge baroque. Puisant son inspiration dans les mythes bibliques, l’artiste ancre ces récits dans des représentations terriblement vraisemblables, rivalisant d’audace et de talent, qui ne seront largement appréciés que quelques siècles plus tard, par des figures comme Charles Baudelaire ou Edouard Manet. Un peintre unique en son genre, qui attise de toile en toile toutes les curiosités, et mérite largement un détour au Petit Palais.
“Ribera, Ténèbres et lumière”, exposition jusqu’au 23 février 2025 au Petit Palais, Paris 8e.
Au Centre Pompidou, une exposition dévoile les talents de la scène artistique chinoise
Éclipsée par l’ouverture de la rétrospective dédiée au centenaire du Surréalisme, l’exposition “Chine, une nouvelle génération d’artistes” n’en mérite pas moins d’attention. Inaugurée au premier étage du Centre Pompidou au début du mois d’octobre, celle-ci réunit les œuvres de 21 artistes de la jeune scène contemporaine chinoise (nés entre les années 1970 et 1990), esquissant le portrait de cette nouvelle génération et des idées et motifs qu’elle défend.
Conçu en association avec le West Bund Museum de Shanghai (musée d’art moderne et contemporain de la ville), le parcours croise une multitude médiums, de la sculpture à la peinture en passant par la vidéo et la photographie, et s’attarde plus particulièrement sur des créations produites ces dernières années, impactées par la situation mondiale post-Covid. Un coup de projecteur mérité pour des artistes peu connus dans l’Hexagone (à l’image de Lu Yang, exposé au printemps à la Fondation Louis Vuitton), qui questionnent et explorent les nouvelles techniques artistiques et les nouveaux modes de vie en Chine.
“Chine, une nouvelle génération d’artistes”, exposition jusqu’au 3 février 2025 au Centre Pompidou, Paris 4e.
Les folles créations de Stephen Jones au Palais Galliera
Après une exposition consacrée au photographe Paolo Roversi, le Palais Galliera dédie ses espaces à une autre figure influente de la mode : le chapelier Stephen Jones. S’il s’agit de la première fois en plus de quarante ans que le musée dédie ses cimaises à un accessoire, le parcours s’avère également ponctué des silhouettes de mode que ses chapeaux complètent.
Christian Dior, Jean Paul Gaultier, Thierry Mugler, John Galliano, Vivienne Westwood, Louis Vuitton… Tous ont fait appel aux talents du modiste britannique, qui continue encore aujourd’hui de façonner ses créations extravagantes mais surtout ancrées dans l’air du temps. Un univers unique, qui se traduit ici au gré d’une exposition peuplée de 400 œuvres, dont 170 chapeaux, des photographies mais aussi des dessins préparatoires, tirant le portrait d’un créateur aussi chic qu’attachant.
“Stephen Jones, chapeaux d’artistes”, exposition jusqu’au 16 mars 2025 au Palais Galliera, 10 avenue Pierre 1er de Serbie, Paris 16e.
Les artistes face à l’arme nucléaire au musée d’Art moderne
En 2023, Christopher Nolan ravivait, avec son dernier film, le souvenir de Robert Oppenheimer et de la genèse de la toute première bombe atomique. Ce récit, aussi complexe que marquant, s’inscrit profondément dans l’histoire mondiale. Ses répercussions scientifiques et politiques ont durablement influencé la scène artistique du milieu du 20e siècle, donnant naissance à des œuvres puissantes et engagées.
La dernière exposition du musée d’Art moderne de Paris, inaugurée début octobre, illustre parfaitement cet héritage. Les peintures, photographies et installations exposées reflètent les bouleversements et les questionnements des artistes face à l’avènement de l’arme nucléaire. Des Nuages de fumée de Charles Bittinger aux portraits fragmentés de Francis Bacon, en passant par les satires incisives de Richard Hamilton, le parcours transporte les visiteurs dans une réflexion profonde et actuelle, examinant le prisme de l’atome à travers le regard des créateurs.
“L’Âge atomique. Les artistes à l’épreuve de l’histoire”, exposition jusqu’au 9 février 2025 au musée d’Art moderne de Paris, 11 avenue du Président Wilson, Paris 16e.
Entre mythes et réalités, le musée du Louvre explore la figure du fou
Aussi vaste dans sa thématique que dans son ampleur, l’exposition “Figures du fou” au musée du Louvre explore la richesse des représentations de la folie à travers l’histoire de l’art, du Moyen Âge à l’époque romantique. Avec plus de 300 œuvres, datant du 13e au 19e siècle, le parcours (d’une densité remarquable) mêle les conceptions artistiques et les interprétations sociales des maladies mentales tout en retraçant l’évolution de leur prise en charge scientifique au fil des époques.
Des bouffons emblématiques des rois de France aux sanctions infligées par les sociétés catholiques aux personnes perçues comme “folles”, en passant par la folie amoureuse ou encore l’émergence des premiers asiles psychiatriques avant la Révolution française, l’exposition invite à une traversée captivante de l’histoire et de l’art. Elle dévoile des œuvres saisissantes, parfois dérangeantes, qui reflètent les multiples facettes de la folie, oscillant entre fascination et critique sociale.
“Figures du fou. Du Moyen Âge aux Romantiques”, exposition jusqu’au 3 février 2025 au musée du Louvre, Paris 1er.
Le savoir-faire des ateliers Lesage célébré au 19M
Depuis 1983, la maison Chanel collabore avec le brodeur Lesage, avant d’en faire officiellement l’un de ses joyaux en rachetant l’atelier en 2002. Cette alliance de savoir-faire continue aujourd’hui de signer l’extraordinaire complexité des créations de la maison de la rue Cambon. Cet hiver, la galerie du 19M met en lumière cet artisanat d’exception à l’occasion du centenaire des ateliers Lesage, fondés en 1924, avec une exposition captivante qui dévoile des techniques ancestrales et modernes.
Sur les mannequins, les silhouettes iconiques de Chanel dialoguent avec celles de Madeleine Vionnet, Balenciaga, Jacquemus, Schiaparelli mais aussi Saint Laurent, illustrant la virtuosité des petites mains qui perpétuent cet héritage. Entre démonstrations d’ateliers de broderie et une installation immersive signée Romain Cieutat, l’exposition rencontre un tel succès qu’elle a été prolongée jusqu’à la fin janvier, attirant une foule émerveillée par ce voyage au cœur du luxe et de l’innovation.
“Lesage, 100 ans de mode et de décoration”, exposition jusqu’au 26 janvier 2025 à la galerie du 19M, 2 place Skanderbeg, Paris 19e.
(« Accumulation – En quête de la destination ») » (2014/2024). Vue de l’exposition Chiharu Shiota, « The Soul Trembles » au Grand Palais. © GrandPalaisRmn 2024 / Photo Didier Plowy © Adagp, Paris, 2024 and the artist.
Le Grand Palais inaugure la première rétrospective française de Chiharu Shiota
Depuis sa réouverture très attendue en septembre dernier, le Grand Palais s’anime au rythme des grandes foires artistiques qui exploitent la grandeur du lieu pour réunir des galeries du monde entier – Art Basel, Paris Photo… ou encore le dernier défilé Chanel printemps-été 2025. Ces événements spectaculaires laissent place cet hiver à une première en France : une rétrospective dédiée à l’œuvre de Chiharu Shiota.
Conçue en partenariat avec le Mori Art Museum de Tokyo, l’exposition s’étend sur 1 200 mètres carrés, entièrement enveloppés dans les fils de laine rouges entrelacés qui caractérisent les installations immersives de l’artiste japonaise. Accompagné de photographies et de vidéos, le parcours invite les visiteurs à explorer une œuvre intime, où les grands événements de la vie de Shiota se matérialisent en fragments de souvenirs, transformés en espaces poétiques et puissamment évocateurs.
“Chiharu Shiota. The Soul Trembles”, exposition jusqu’au 19 mars 2025 au Grand Palais, Paris 8e.
Les trésors de la collection Borghèse au musée Jacquemart-André
Caravage, Rubens, Raphaël, Titien, Botticelli, Véronèse, Bernin… Autant de maîtres de l’histoire de l’art, dont la plupart des œuvres sont habituellement conservées dans les plus grands musées du monde (notamment en Italie), et qui se retrouvent aujourd’hui réunis au musée Jacquemart-André à Paris. Marquant la réouverture du lieu après plus d’un an de travaux, l’exposition présente les trésors de la galerie Borghèse, prêtés à l’occasion de sa rénovation.
Prisée par les touristes et par les habitants de Rome, l’institution voyage ainsi dans l’Hexagone et offre l’opportunité aux Parisiens de découvrir une multitude de chefs-d’œuvre, qui ne voyagent que très rarement. De la célèbre Dame à la licorne de Raphaël (vers 1506) au Garçon à la corbeille de fruits de Caravage (vers 1596) en passant par la Sibylle de Dominiquin (1617), le parcours regorge de toiles incontournables, plongeant ses visiteurs dans un musée du Louvre miniature et fascinant.
Chefs-d’œuvre de la galerie Borghèse, exposition jusqu’au 9 février 2025 au musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, Paris 8e.