Le musée du Louvre expose les incroyables sculptures de la collection Torlonia
Constituée au 19e siècle à Rome, la collection Torlonia est à ce jour la plus grande collection privée de sculptures antiques romaines. Pour la première fois, ses chefs-d’œuvre quittent l’Italie pour s’installer au Louvre dans une exposition soutenue par la maison Bulgari, qui affirme ainsi sa volonté de défendre un patrimoine artistique séculaire.
Par Camille Bois-Martin.
Une exposition exceptionnelle au musée du Louvre
Sous les ors et les fresques des appartements d’été d’Anne d’Autriche tout récemment rénovés, le visage grimaçant d’un satyre sculpté au début du Ier siècle après J.-C. croise le regard d’un buste de l’empereur romain Lucius Verus (130-169) dont la barbe n’est pas sans rappeler celle en marbre du dieu personnifié du Nil allongé à ses côtés…
Autant de trésors de la statuaire antique réunis à la fin du 19e siècle par les princes de l’influente famille romaine Torlonia. À l’époque, leur collection privée entendait rivaliser avec celles des grands musées publics, du Vatican au Capitole, grâce, notamment, à l’ouverture en 1876 d’un espace d’exposition dédié entre les murs de l’opulente villa Albani à Rome.
Conservés loin des yeux du public depuis le milieu du 20e siècle, les marbres de la collection Torlonia – la plus grande collection privée de sculptures antiques romaines à ce jour – se dévoilent ainsi pour la première fois en France (après une étape à Rome puis à Milan) à la suite d’une campagne de restauration et de documentation menée sous le mécénat de la maison Bulgari.
“Dès l’instant où j’ai posé les yeux sur les sculptures Torlonia, j’ai été fasciné par la collection”, se remémore Jean–Christophe Babin, directeur général de Bulgari, qui compare cet ensemble de marbres à un “coffre au trésor d’une incroyable beauté, témoin de l’histoire de Rome”.
Les marbres antiques de la collection Torlonia, trésors de l’art romain
Contribuant à la restauration de 92 sculptures (sur les 620 conservées par la famille), la maison Bulgari, fondée en 1884, affirme son engagement en faveur du rayonnement de l’art et du patrimoine italiens. Une implication qui résonne naturellement avec sa propre histoire et celle de ses nombreuses créations de haute joaillerie, truffées de références à l’architecture, aux monuments et aux lumières de la Ville éternelle.
“La collection Torlonia nous permet, d’une manière concrète, d’agir pour que tant de beauté ne soit pas perdue”, explique encore Jean-Christophe Babin. Fin mars, ce dernier annonçait d’ailleurs l’ouverture de la Fondazione Bulgari, précisément orientée vers la défense de l’art, de la philanthropie et du savoir-faire artisanal : “Les arts sont partie intégrante de l’ADN de Bulgari, et ils méritaient une fondation à part entière pour les réunir.”
Exposés au sein des appartements d’été de la Reine, siège des collections permanentes de sculptures antiques depuis la naissance du musée du Louvre, les marbres de Torlonia initient ainsi un dialogue entre la célèbre institution française et la collection italienne. Des sculptures funéraires aux portraits d’empereurs, en passant par des figures allégoriques et des copies d’originaux grecs, ces chefs-d’œuvre continuent d’étoffer une histoire de l’art antique dense et plurielle, qui occupe une place de choix dans les plus grands musées du monde.
Chefs-d’œuvre de la collection Torlonia, du 26 juin au 11 novembre 2024 au musée du Louvre, Paris Ier.