L’artiste Adam Pendleton rejoint la galerie Mennour
Créateur d’“œuvres d’art totales”, Adam Pendleton interroge depuis vingt ans les récits dominants dans des installations monumentales, films et peintures, qui croisent aussi bien les canons de l’art moderne et les figures majeures de la culture afro-américaine. L’artiste vient d’annoncer sa collaboration avec la galerie Mennour, qui présentera son travail lors de la foire Art Basel.
Par Matthieu Jacquet.
Adam Pendleton rejoint la galerie Mennour
“Je m’intéresse à quelque chose de plus doux que l’appropriation : une reconfiguration critique de l’attention, qui permettrait aux images, aux textes et à l’histoire d’être relus et interprétés de manières nouvelles”, nous confiait Adam Pendleton il y a quelques années. En vingt ans, l’Américain s’est imposé comme l’une des figures éminentes de la création artistique contemporaine. Que cela passe par la peinture ou la vidéo, l’installation et la sculpture, ses travaux, souvent conçus comme des œuvres d’art totales, repoussent les limites des médiums pour interroger les récits dominants, en croisant notamment les grands mouvements de l’art moderne et la culture afro-américaine, qui en fut longtemps écartée. Aujourd’hui âgé de 41 ans, l’artiste vient de rejoindre la galerie française Mennour, qui assurera sa représentation à Paris mais également en Europe. Une nouvelle étape dans la carrière à succès de cette star du marché, déjà accompagnée à l’international par la méga-galerie Pace.
Un artiste engagé qui célèbre la Blackness
Croisant aussi bien l’art du graffiti que l’art minimal et l’abstraction géométrique, les œuvres d’Adam Pendleton se reconnaissent généralement à plusieurs éléments clés : des lettres et formes abstraites répétées à la bombe aérosol, ensuite photographiées et réimprimées en utilisant la sérigraphie, le tout dans des nuances de noir, blanc et de gris. Si l’on y croise parfois des mots et citations de poètes comme Audre Lorde et Toni Morrison, l’artiste a constitué au fil des années son propre vocabulaire poétique, mais également sa propre philosophie, le “Black Dada”, interrogeant les liens entre la “Blackness” et l’histoire de l’art pictural, mais aussi la place du spectateur.
“Une grande partie de ma démarche implique un ajustement et une refonte des conditions standardisées de l’espace d’exposition”, expliquait l’artiste à Numéro, en 2019. On en veut pour preuve son solo show “Who is Queen?” au MoMA en 2021, véritable consécration aux yeux du monde de l’art : du sol au plafond, l’artiste avait alors construit des échafaudages pour intégrer ses toiles, dessins, textiles et sculptures, le tout accompagné d’une création sonore sur mesure. Une œuvre d’art totale immergeant dans son univers et sa bibliothèque, à travers laquelle le plasticien panthéonisait des auteurs ayant marqué l’histoire afro-américaine.
Des expositions majeures au MoMA, au Whitney Museum et au mumok
Depuis ce tour de force, l’artiste a notamment présenté son travail au Whitney Museum, au musée des Beaux-arts de Montréal et au mumok, à Vienne. En 2022, il dévoilait un puissant film imaginé suite au déboulonnement des statues lors des manifestations du mouvement Black Lives Matter en 2020. Au centre de l’image tournée dans la ville de Richmond, la sculpture du général Robert E. Lee, commandant des armées confédérées au milieu du 19e siècle et emblème de la suprématie blanche, se voyait transformée par des plans rapides et frénétiques, superpositions d’images, coups de projecteurs stroboscopiques et cadrages en contre-plongée.
À l’affiche d’une riche actualité outre-Atlantique, l’artiste inaugurera dans quelques semaines une exposition personnelle au Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington. Afin de célébrer leur nouvelle collaboration, Mennour présentera l’une de ses récentes peintures sur son stand lors de la foire Art Basel en juin, avant de lui consacrer une exposition personnelle dans son espace parisien à l’automne 2026.