Artiste

Yayoi Kusama

Yayoi Kusama, sculptrice de l’obsession et prêtresse de l’illusion, tisse depuis plus de soixante ans un monde où les pois prolifèrent comme des pensées. De ses Infinity Mirror Rooms à ses installations gonflables, de ses robes à pois à ses happenings nus dans les années 60, l’artiste japonaise a transformé la folie en rituel visuel. En 2025, une exposition attendue en France célèbre ce mélange de pop, de mystique et de vertige.

Les débuts de Yayoi Kusama

À 95 ans, Yayoi Kusama incarne l’une des figures majeures de l’art contemporain. Pourtant, ses débuts furent solitaires et tourmentés. En 1929, elle naît à Matsumoto, au Japon, dans une famille stricte. Dès l’enfance, elle subit des hallucinations récurrentes. Des pois, des filets et des formes l’envahissent visuellement. Par conséquent, elle commence à dessiner pour se protéger. Très tôt, elle comprend que l’art peut l’apaiser. Contre l’avis de ses parents, elle rejoint l’école des beaux-arts à Kyoto. Cependant, elle rêve d’ailleurs. En 1957, elle quitte le Japon pour New York, seule et déterminée. Dès lors, son style s’affirme.

Une femme dans un monde d’hommes

Le monde de l’art new-yorkais reste alors dominé par les hommes. Malgré cela, Kusama s’impose rapidement. Elle peint des toiles obsessionnelles, couvertes de filets et de pois. Ainsi, ses Infinity Nets marquent les esprits. En parallèle, elle invente les happenings. Elle organise des performances publiques, souvent politiques et provocantes. Elle s’y expose nue, entoure les corps de motifs. Ces actions dénoncent la guerre et les normes sociales. Peu à peu, elle devient incontournable. Certes, Warhol ou Oldenburg l’observent. Mais elle forge son propre sillon.

Pourtant, la pression l’épuise. En 1973, elle retourne vivre au Japon. Elle entre volontairement dans un hôpital psychiatrique. Elle installe son atelier en face de l’hôpital. Elle crée chaque jour, inlassablement. À partir de là, son style évolue. Elle imagine des environnements immersifs, comme les Infinity Mirror Rooms. Dans ces installations, miroirs et lumières composent des univers vertigineux. Ainsi, elle transforme l’espace en expérience mentale. Le public entre dans sa psyché.

Une icône de l’art mondial

Au début des années 2000, Kusama connaît enfin une reconnaissance internationale. Dès lors, les institutions majeures lui rendent hommage. Ainsi, le MoMA, la Tate Modern ou encore le Centre Pompidou exposent ses œuvres. Parallèlement, elle collabore avec la maison Louis Vuitton. Ses pois, désormais cultes, envahissent sacs, vitrines, campagnes, Kusama devient alors une icône populaire. Elle reste fidèle à sa quête première et malgré le succès, elle poursuit son œuvre obsessionnelle. Elle écrit, elle peint, elle sculpte car son obsession, malgré les années, demeure intacte..

Créer pour survivre

Finalement, l’œuvre de Yayoi Kusama dépasse les formes. Elle incarne une quête de disparition. Elle cherche à se fondre dans l’infini. Grâce à ses hallucinations, elle a construit une vision unique. Elle transforme la douleur en lumière. C’est là sa grande force : créer pour ne pas sombrer. Ainsi, Yayoi Kusama demeure une artiste essentielle. Son univers enchante, dérange, et réinvente notre rapport au monde.