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Germanier
Kevin Germanier naît en 1992 à Granges, dans le canton du Valais. Très jeune, il est fasciné par les matières, les couleurs, le scintillement des perles. Dans sa chambre d’enfant, les rideaux deviennent des robes, les draps des capes. Entouré d’une famille bienveillante, il s’épanouit dans la création libre. À l’adolescence, il fabrique ses premières tenues à partir de textiles récupérés. Cette démarche intuitive devient ainsi rapidement une philosophie.
Origines et formation artistique
Après des études de mode à Genève, Kevin Germanier intègre la Central Saint Martins de Londres, l’une des écoles les plus réputées au monde. Là, il affine sa technique, découvre la rigueur du vêtement, mais aussi sa portée symbolique et éthique. Par la suite, un séjour à Hong Kong bouleverse son parcours : il tombe sur des perles invendues, promises à la destruction. Elles deviennent alors sa matière première, son point de départ créatif. En 2015, il remporte ainsi le prestigieux EcoChic Design Award, une distinction internationale qui valorise l’upcycling et les pratiques responsables.
La naissance de la marque Germanier
En 2018, il fonde sa maison, Germanier, à Paris. Il installe son atelier dans le quartier du Sentier, entouré de sa mère, de sa grand-mère, et d’un cercle restreint d’artisans. Le plastique devient broderie. Les déchets prennent la forme de sculptures portables. Le luxe, quant à lui, change de visage
Dès sa première collection, le succès est au rendez-vous. En effet, les acheteurs de MatchesFashion sont conquis. Les robes chatoyantes, constellées de perles fluo, séduisent ainsi une clientèle internationale. Ainsi, son nom circule de bouche à oreille, tandis que ses pièces deviennent reconnaissables entre toutes : un choc visuel, un manifeste textile.
Un style éclectique et flamboyant
Il réinvente l’upcycling. Non pas en sourdine, mais en fanfare. Paillettes, perles, plumes, tissus vintage, déchets plastiques : tout devient donc prétexte à l’exubérance. Il conçoit ainsi des vestes structurées, des mini-robes futuristes, ou encore des jupes galactiques.
Inspiré notamment par Sailor Moon, les défilés de John Galliano ou encore l’esprit punk des années 90, il injecte une esthétique manga, festive et baroque dans ses créations. Ses pièces se portent comme des armures de lumière. Elles célèbrent donc la liberté, la fête et une forme de transgression douce. Sa mode, éclatante, transforme littéralement le recyclage en joyau.
Depuis ses premières pièces jusqu’à sa collaboration récente avec LVMH, il trace une ligne claire : sublimer le délaissé, réenchanter ce qui a été oublié. Cette esthétique joyeuse et consciente prend un nouvel élan avec son tout premier défilé haute couture.
Son univers visuel se déploie comme une constellation vivante. Chaque silhouette semble ainsi réactiver un souvenir de collection passée : les robes étincelantes de l’automne-hiver 2024–2025, portées en clôture de show par La Grande Dame ; les cristaux et perles des tenues automne-hiver 2023–2024 ; ou encore les mailles sculptées qui rappellent sa capsule Prélude conçue avec LVMH.
Cette première collection haute couture agit donc comme une synthèse mais aussi comme une promesse : celle d’un créateur en pleine ascension, qui sème les germes d’un luxe audacieux, narratif et profondément personnel. Chez Germanier, chaque collection se pense comme une continuité vivante, un fil rouge tissant mémoire, liberté et flamboyance.
Professionnalisation et collaborations prestigieuses
En 2019, il est finaliste du Prix LVMH, une reconnaissance majeure dans l’industrie. De plus, Forbes le classe parmi les « 30 under 30 » en Arts et Culture. En 2020, sa marque rejoint officiellement le calendrier de la Paris Fashion Week, affirmant ainsi son statut de créateur installé.
Il collabore avec Swarovski dès ses débuts, puis avec Christian Louboutin pour une collection capsule. Il imagine également les costumes de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024, mêlant drame et légèreté. Il habille aussi les artistes du Concours Eurovision 2025 à Bâle, confirmant ainsi sa place dans la pop culture.
Le pari d’une couture écoresponsable et festive
Le directeur artistique casse donc résolument les clichés du luxe éthique. Il refuse les teintes sobres, la rigueur monacale ou le minimalisme ennuyeux. Il choisit, à l’inverse, l’excès, le panache, la couleur. Pour lui, l’écologie peut (et doit) être joyeuse. Son vestiaire, riche et théâtral, incarne une mode circulaire, pop et inclusive.
Ses défilés se terminent souvent en danses libératrices. Le public rit, applaudit, photographie les silhouettes néon. Ainsi, il crée un imaginaire collectif, un rêve partagé. Ses vêtements brillent bien au-delà du podium : ils racontent une utopie possible.
Une conscience sociétale forte
Le créateur est un militant discret mais déterminé. Il prône la transparence : chaque pièce porte la trace d’un artisan, d’un geste, d’un matériau traçable. Par ailleurs, il expérimente des techniques inédites : broderies au silicone ou encore fils invisibles. Il rêve d’un système plus juste. Il encourage les maisons à réutiliser leurs stocks, à produire autrement. Plutôt que de moraliser, il propose. Et surtout, il montre par l’exemple qu’un autre luxe est possible. Plus sincère, plus humain, plus vivant.
Une reconnaissance mondiale et pop culture
Ses créations habillent les plus grandes icônes : Beyoncé, Taylor Swift, Björk, Sunmi, Lady Gaga. Elles apparaissent dans les clips, sur les tapis rouges, ou encore à la une des magazines. Ses robes lumineuses deviennent virales. Sur Instagram, TikTok ou Pinterest, ses looks se partagent comme des œuvres d’art.
En janvier 2025, il clôt la Semaine Couture de Paris avec une collection spectaculaire. Robes perlées, franges kaléidoscopiques, bustiers asymétriques : il réinvente la haute couture sans jamais trahir son ADN. Il prouve que l’écologie peut briller — et faire rêver.
Un héritage naissant
À 32 ans, le créateur incarne ainsi une nouvelle génération de créateurs. Il démontre donc que l’audace n’est pas incompatible avec l’éthique. Il valorise les invendus, sublime les déchets, donne une voix aux oubliés. De plus, il insuffle une poésie électrique dans l’économie circulaire.
Son influence dépasse les frontières de la mode. Il inspire les écoles, les jeunes créateurs, et même certains industriels. Il éveille les consciences, sans dogmatisme. Il affirme : créer, c’est croire. Et croire, c’est transmettre.
Il ne dessine pas simplement des vêtements. Il sculpte des fictions. Il imagine un monde meilleur, plus éclatant. Un monde où les paillettes recyclées illuminent le réel. Chaque couture devient ainsi un acte de beauté durable.
L’avenir est flamboyant
L’artiste n’est ni un créateur de l’ombre, ni une simple tendance. Il est un langage, un élan. À travers ses collections, il propose une vision du monde où l’exubérance côtoie la conscience. Il donne envie de porter ses rêves et de briller autrement.
Son luxe n’exclut pas : il invite. Il rassemble. Il ouvre les possibles. À l’heure des bouleversements climatiques et sociaux, sa voix résonne comme une réponse sensible.
Et si demain, la mode ressemblait à cela ? À un feu d’artifice d’intelligence, de soin, de lumière ? Kevin Germanier, lui, en est déjà convaincu. Il le fabrique. Et surtout, il nous le fait désirer.