Qui est Ellen Hodakova Larsson, gagnante du prix LVMH ?

Ellen Hodakova Larsson, une créatrice engagée pour une mode plus durable

Ce mardi 10 septembre 2024, dans l’amphithéâtre de la Fondation Louis Vuitton, c’est avec émotion qu’Ellen Hodakova Larsson se voit remettre le prix LVMH des mains de l’actrice multirécompensée Natalie Portman. Avec son label Hodakova, lancé en 2021, la créatrice devient la première lauréate d’origine suédoise, mais aussi une des plus engagées dans une mode durable, à l’instar de la Française Marine Serre (lauréate en 2017). “Notre belle planète souffre à cause de notre besoin de créer et de gagner de l’argent. C’est pourquoi je suis ici, afin de proposer une vision différente. Je suis reconnaissante que tout le monde ait vu notre potentiel”, confie-t-elle quelques minutes après la cérémonie. 

Son enfance, Ellen Hodakova Larsson l’a passée dans une ferme équestre, où, très jeune, elle s’est impliquée dans les tâches quotidiennes et a appris l’importance de prendre soin du matériel pour le faire durer. Si elle admet volontiers n’avoir jamais cherché à devenir créatrice de mode, elle revendique une approche davantage sociologique du vêtement, étroitement liée à notre façon de consommer : “La mode et les vêtements sont notre premier moyen de communication. Et j’ai toujours été très inspirée par notre façon d’interagir avec les autres, mais aussi par la question de savoir pourquoi nous consommons comme nous le faisons.” 

Dès ses premières collections, la créatrice développe un univers très personnel, strict mais intimiste, qui évoque à la fois ses jeunes années passées dans les écuries familiales et son désir de bâtir un système de la mode plus vertueux. “Nous travaillons nos collections afin de proposer des pièces commerciales, d’autres plus couture, et d’autres encore situées entre les deux, notamment les accessoires”, explique-t-elle.

Innovation et durabilité : l’approche unique d’Hodakova dans l’upcycling

Un haut composé de montres, une minirobe élaborée à partir de lanières de ceintures upcyclées, ou encore des pièces plus portables comme de longs manteaux ou des pantalons réassemblés en tissus lourds et épais. La Suédoise pousse sa réflexion sur le réemploi des ressources disponibles jusqu’aux accessoires. Des bottes deviennent ainsi des sacs, des collants sont transformés en cravates… Ses collections se déploient sous forme de pièces plus ou moins radicales, mais toujours teintées de féminité et d’ironie, desquelles émane une créativité débridée. 

C’est précisément grâce aux contraintes que lui impose l’upcycling que la créatrice se distingue de ses pairs. « Je crois que le fait d’être confronté à des limites crée justement une force inverse qui nous permet de repousser ces limites. Je ne me définis pas comme une ‘militante’, je dirais plutôt que je défends des choses auxquelles je crois. Si vous ne vous posez pas vous-même des barrières, que vous croyez réellement à ce que vous faites et que vous allez toujours de l’avant, alors vous parviendrez à créer une dynamique qui vous portera vers votre but. » 

Interrogée sur sa capacité à produire en quantité suffisante des collections conçues uniquement à partir de vêtements de seconde main, et destinées à une clientèle internationale, la Suédoise répond avec assurance pouvoir compter sur un solide réseau de collaborateurs, construit au fil des ans, qui lui fournissent leurs stocks excédentaires. C’est ce pragmatisme caractéristique d’Ellen Hodakova Larsson, couplé à son talent exceptionnel, qui a convaincu le prestigieux jury du prix LVMH, composé, entre autres, de talents aussi renommés que Nicolas Ghesquière, Marc Jacobs, Phoebe Philo, Maria Grazia Chiuri et Jonathan Anderson, que sa marque, en tout point innovante, est également pérenne.