9 mar 2025

Seán McGirr trouve sa voie chez McQueen

Après deux saisons en demi-teinte, le défilé McQueen automne-hiver 2025-2026 consacre le créateur irlandais Seán McGirr, qui signe une collection romantique et subversive largement applaudie.

Standing ovation au défilé McQueen

Il y a tout juste un an, Seán McGirr présentait sa première collection pour la maison McQueen, succédant à Sarah Burton, ancien bras droit du fondateur éponyme de la maison et aujourd’hui à la tête de Givenchy. Les critiques furent sans pitié.

Entre nostalgie de l’âge d’or de la marque et attentes inatteignables pour un premier défilé le créateur irlandais n’avait pas convaincu. Face à l’immense héritage d’une légende de la mode, les quelques semaines qui lui ont été accordées n’ont pas suffi.

Mais le défilé de septembre dernier avait redonné espoir à la maison et à son directeur artistique. Entre références au génie de Lee Alexander McQueen et inspirations mythologiques, cette collection avait permis à Seán McGirr de trouver sa place.

Et de gagner en assurance pour prendre son envol… C’est en tout cas ce que cette collection automne-hiver 2025-2026 démontre. Applaudi par une foule d’invités enjouée – qui lui ont même consacré une standing ovation –, le défilé McQueen concentre toute la fantaisie signature de la marque, aussi disruptive que profondément moderne.

Le dandy au cœur de la collection automne-hiver 2025-2026

À l’origine de l’engouement général qui accompagne ce défilé, une inspiration : la figure du dandy. À la fois typiquement britannique et convoquant un imaginaire victorien romantique et désuet, ce thème permet à Seán McGirr de s’approprier le tailoring et les silhouettes transgressives qui ont marqué l’histoire de la maison. Redingotes, collerettes, queue-de-pie et chemises à volants rappellent la mode de la fin du 19e siècle. Mais repensée par un œil contemporain.

Ainsi les vestes sont-elles accentuées de volumes sur les hanches et sur les épaules. Les manteaux se déboutonnent au dessus de la cuisse et révèlent des bas en dentelle. Sans oublier les nœuds et les drapés des chemisiers qui se teintent d’un satin noir envoûtant, les volants qui se démultiplient et dégoulinent sur les manches.

L’époque victorienne évoque également un certain mysticisme, héritée d’une redécouverte du Moyen Âge, ainsi qu’une forme de sensibilité déraisonnée. On pense aux poèmes et aux illustrations torturées d’Edgar Allan Poe, aux romans dramatiques d’Oscar Wilde. Autant de figures de proue de cette période, dont les personnages fictifs semblent trouver écho dans cette collection.

Deux vestes à plumes, une écarlate et une immaculée, surmontent les épaules. Elles créent sur leur passage l’impression d’observer des ailes d’anges, à la fois pures et machiavéliques. D’autres looks réinventent également la crinoline. Version mini-jupe, celle-ci se recouvre d’imprimés floraux ou de somptueuses broderies. Tandis qu’une multitude de volants ou de dentelles ornent les robes, dont l’apparence sage est contrebalancée par une transparence facétieuse ou une ouverture audacieuse sur la poitrine. Aussi, on retrouve sur une chemise arborant l’emblématique motif tête de mort, introduit par Lee Alexandre McQueen en 2003. Un parfait mélange entre héritage et renouveau, qui consolide l’aura du créateur irlandais à la tête de la maison.