5 mars 2025

Chez Marie Adam-Leenaerdt, les vêtements se dédoublent

En cinq saisons seulement, la jeune créatrice belge Marie Adam-Leenaerdt (alias Marlastar) s’est imposée parmi les figures montantes de la Fashion Week parisienne. À coups de vêtements multifonctionnels et de silhouettes architecturales, ses collections proposent une mode fraîche, à la fois conceptuelle et moderne. Pour Numéro, elle revient sur son dernier défilé automne-hiver 2025-2026.

  • Par Camille Bois-Martin.

  • Repenser l’immédiateté de la mode

    Depuis début 2023, Marie Adam-Leenaerdt défile à chaque Fashion Week de Paris. Un rythme soutenu et un budget conséquent – l’organisation d’un show reste très onéreux – pour une jeune marque, qui lui a néanmoins permis de se forger un nom dans le milieu de la mode.

    Mais il ne faut pas s’y tromper : la créatrice belge ne succombe ni aux tendances, ni à la frénésie du “toujours plus”. Elle dévoile, saison après saison, des collections cohérentes, intégrant parfois des silhouettes très similaires aux précédentes. “Le marché est tel qu’il est. Mais je ne ressens pas le besoin de me réinventer tous les six mois.” nous explique-t-elle en coulisses de son défilé automne-hiver 2025-2026.

    Au défilé Marie Adam-Leenaerdt, le vêtement est multifonctionnel

    Organisé au sein de la galerie Paradis, le show se déploie autour d’invités installés sur des chaises et sur des fauteuils de designers (dont certains pouvaient même être achetés, leur prix figurant sur une étiquette). Un décor qui répond justement à la vision de la mode de Marie Adam-Leenaerdt : “Ce que j’aime dans ce lieu, c’est la temporalité qu’il invoque. On est dans une galerie de mobilier, où le rythme est long.

    De la conception des pièces par les designers au temps que les galeristes prennent pour les dénicher, en passant par la réflexion des futurs acheteurs… Le temps est ici allongé, et diffère largement de celui de la mode où la consommation est plus immédiate, et les Fashion Week imposent une cadence élevée. “Outre les sacs d’archives ou certains accessoires, nous n’avons plus ce rapport sur la durée avec le vêtement.” constate la créatrice. “C’est ce que je voulais explorer avec ce défilé. Quand on achète un vêtement aujourd’hui, il faut qu’on y réfléchisse comme si l’on achetait une chaise. Qu’on pense à son esthétique, certes, mais aussi à sa fonctionnalité.”

    Une collection automne-hiver 2025-2026 en deux volets

    Une fonctionnalité qui se trouve, en réalité, au cœur de l’approche de Marie Adam-Leenaerdt. Saison après saison, la créatrice repense en effet les vêtements dont elle transforme l’utilité ou l’apparence. En septembre dernier, elle métamorphosait le tee-shirt, s’emparant de ses codes pour en réinventer la structure, le superposer, le retourner… “La multifonctionnalité d’un vêtement est très importante dans ma pratique.” considère-t-elle. “Et c’est une idée que je voulais vraiment accentuer cette saison en présentant un défilé découpé en deux passages. On découvre ainsi deux portés d’un même vêtement.”

    Au début de ce défilé automne-hiver 2025-2026, les pièces sont structurées et déploient un camaïeu de feutre gris, semblables à des patrons de vêtement. Puis, une vingtaine de silhouettes plus tard, ces mêmes créations se recouvrent d’imprimés léopards, de satin noir ou jaune, de tweed… Dans le dos, de longues fermetures dévoilent le mécanisme à l’origine de cette collection : à l’intérieur des derniers looks, se cachent en effet les premiers ! “J’ai conçu ce défilé comme un fil continu. La garde-robe se développe au fil des passages. Les premiers vêtements sont comme une chaise standardisée, un prototype. Après, on leur ajoute la housse finale, qui crée de la texture et de la structure.

    Bien que conceptuel, ce vestiaire s’illustre notamment au gré des deux robes ci-dessus. Elles se complètent et, finalement, s’adaptent à toutes les saisons, en ajoutant ou en retirant simplement la base. “Je n’ai pas d’inspiration particulière. Ma réflexion se base sur ma propre expérience de consommatrice.”