AlainPaul : la danse, envers et contre les tendances
Pour la saison automne-hiver 2025-2026, AlainPaul poursuit son exploration du monde de la danse, et dévoile un défilé inspiré par la performance. Rencontre en coulisses.
Par Camille Bois-Martin.


La mode en mouvement du défilé AlainPaul
Devant un lourd rideau de chaînes, les silhouettes du défilé AlainPaul automne-hiver 2025-2026 se déploient entre manteaux structurés, pièces fluides et satinées, et robes drapées enveloppantes. À l’origine de ces créations, la même inspiration qui anime le créateur depuis son tout premier show, fin 2023 : le monde de la danse. Plus précisément, le thème de la performance, qui marque ici les détails de chaque look. “La saison précédente évoquait un mouvement, une chorégraphie abstraite. Ici, j’ai voulu recréer des mouvements spontanés. Comme si l’on prenait en photo un danseur en pleine chorégraphie.” explique AlainPaul à Numéro.
Au gré de volumes et de drapés, le créateur reproduit les plis que prend un vêtement lors d’une performance. Ici, une robe entoure le corps, son jupon se gonflant comme s’il s’engouffrait d’air. Là, des vagues de plis ornent une jupe, et rappellent les plissés d’un costume en mouvement… “Pour le printemps-été, j’avais conçu une collection très minimaliste. Les pièces étaient très clean et moulantes. Pour l’automne-hiver, j’ai préféré jouer sur la texture et l’ornementation.” Sur des jupes et des pulls en tricot, des collants de danse sont ainsi brodés de maille en maille, des smocks s’écoulent du col d’une chemise… Des matières aux coupes, le mouvement inspire et structure les silhouettes visuellement – comme de façon conceptuelle.


Rigueur et discipline, les moteurs de la collection automne-hiver 2025-2026
Depuis plusieurs saisons, le monde de la danse et ses grandes figures inspirent de nombreuses maisons de mode – Ferragamo, Dior, Simone Rocha… Mais, à leur différence, il ne s’agit pas pour AlainPaul de s’approprier une tendance. La danse coule dans ses veines. Ancien danseur, le créateur exploite en effet cet univers de manière bien moins littérale que ses pairs. “J’essaye de construire une approche différente. Je ne présente jamais de petits nœuds, de tutus, de rubans… Moi, je me base sur mon éducation, sur la discipline et la rigueur que cette pratique m’a inculqué”.
Ainsi la danse se retrouve-t-elle plutôt au sein de la structure cintrée, près du corps ou enveloppante de ses créations, qui accompagnent le mouvement sans le restreindre. Si l’on retrouve, certes, quelques pièces du vestiaire d’un danseur (un pantalon d’échauffement, un justaucorps, des chaussons), celles-ci sont réinterprétées, et s’adaptent à un vestiaire et à un usage quotidien.
Une inspiration également remarquée au sein des tissus, à l’image du nylon. Aperçu sur quelques-uns de ses vêtements lors de son premier défilé, il se déploie plus largement pour l’automne-hiver 2025-2026 sur des robes, des jupes et des manteaux. “Le nylon est une matière que l’on assimile plus au sport, et que j’ai essayé de transcrire sur des pièces qui n’ont rien à voir, comme des robes et des jupes très légères et aériennes.” explique-t-il. Avant de conclure : “C’est une vraie garde-robe, qui n’est pas seulement conçue que pour du tapis rouge.”





































