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Où dormir à Londres ? Dans une suite bigarrée du Soho Hotel
Décoration délirante, luxe de palace, emplacement en plein cœur de Londres… Numéro est allé vérifier la renommée du Soho Hotel, réputé comme indémodable.
Par Éric Dahan.
Publié le 25 septembre 2025. Modifié le 31 octobre 2025.


La décoration éclectique du Soho Hotel
Notre découverte du Soho Hotel, en 2015, fut un choc. Parce qu’au contraire de tant d’établissements dont les médias faisaient des gorges chaudes, on n’en avait entendu parler nulle part. Et parce que, du chat colossal, sculpté par Botero, accueillant le visiteur dès le lobby, au mobilier, qui semblait avoir été chiné par une décoratrice sous acide, son design n’entrait dans aucune case.
Ce fut également une révélation. Alors que l’on ne jurait que par le minimalisme, le style colonial et le modernisme tropical, on s’y sentit immédiatement chez soi. Ses créateurs, Tim et Kit Kemp, étaient loin d’être des novices. Ils avaient débuté l’aventure des établissements Firmdale en 1985. Soit, sept ans après qu’Anoushka Hempel eut défrayé la chronique en ouvrant The Blake’s, le premier boutique hotel londonien. La logique voudrait que le Soho Hotel, congénitalement hors-modes, ne puisse se démoder. Mais Numéro a tenu à le vérifier cet été.

L’imagination débordante de Kit Kemp
L’emplacement. Au fond de Richmond Mews, une impasse accessible par Dean Street. Soit à une minute à pied du fameux club de jazz Ronnie Scott’s, du pittoresque Soho Square, et à équidistance des stations Leicester Square et Tottenham Court Road.
La suite. Les 90 chambres et suites du Soho Hotel sont toutes différentes. Ce qui en dit long sur l’imagination et le talent de Kit Kemp, qui s’est lancée dans la décoration en complète autodidacte. Les motifs et broderies des tissus recouvrant les murs, les têtes de lits, et les canapés de ses hôtels ont tous été et sont toujours créés sous sa houlette. Elle recycle également meubles et objets, comme elle l’explique dans les différents ouvrages qu’elle a publiés.
Si notre suite favorite du Soho Hotel est la 504, c’est avant tout en raison de son immense terrasse qui permet de réunir une trentaine d’amis pour un cocktail ou une soirée. Mais le sentiment de confort que crée l’esthétique, si britannique, du patchwork, en fait également une suite parfaite pour un couple ou un voyageur seul. Les détails de la salle de bains sont soignés : toilettes, baignoires et bidets Duravit et Geberit, robinetterie de la douche à l’italienne signée Lefroy Brooks. Sans oublier les produits de soin élégants de la marque Rik-Rak, également créée par Kit Kemp et fleurant bon la lavande, l’ambre et l’eucalyptus.

Des suites uniques en leur genre
Les petits plus. Une platine et une sélection de vinyles, des Kinks à Sinatra, en passant par Bob Dylan, permet se téléporter dès l’aube, dans les années Carnaby Street ou de se la jouer loveur autour de minuit. Quant à la bibliothèque, garnie d’éditions anciennes, elle donne l’occasion de relire les contes de Perrault, avant de s’endormir dans le lit moelleux, également fabriqué dans les ateliers de la maison. Enfin, le coffre de grande taille, les dressings, guéridons, bureaux, tables hautes et basses, de tout style, complètent l’offre de cette suite 504, bien au-delà du minimum requis.
Le bar. Plutôt que de donner ses rendez-vous au Refuel, le bar attenant au restaurant, on suggère de demander à être servi dans l’un des exquis salons du rez-de-chaussée. Que ce soit pour prendre le thé ou siroter un Pimm’s cocktail, l’expérience est autrement plus chic et exclusive.


Soupe de cresson, porridge, baked beans…
Le restaurant. Refuel est aussi une brasserie anglaise abordable où, de la soupe de cresson à la sole meunière, en passant par le curry d’agneau, on ne sera pas déçu. Au petit déjeuner, le porridge, les œufs au bacon, l’English sausage et autres baked beans, ne sont pas obligatoires et l’on peut commander une omelette au haddock fumé, un burrito mexicain, des œufs Bénédicte, des jus détox et des spécialités vegan. Le tout, servi avec le sourire.
La salle de sport. Comme la plupart des établissements Firmdale, de Londres et de New York, le Soho Hotel dispose d’une salle de sport de taille raisonnable permettant de poursuivre sa routine de musculation, mais n’offre ni sauna ni hammam.
La piscine. Il n’y en a pas.
Le spa. Il n’y en a pas, juste une pièce où l’on peut se faire masser sur réservation.


Le Soho Hotel à Londres : une demeure élégante et d’un charme fou
On aime. La décoration délirante mixant le plexiglas rouge et les guépards en bois. Le fait que l’hôtel, régulièrement restauré, paraisse toujours flambant neuf et vintage à la fois. Les luxueuses salles de projection, en sous-sol, que l’on peut privatiser. Ce sentiment réconfortant de dormir dans une maison de campagne accueillante et silencieuse.
On déteste. On a longtemps cru que Kit Kemp mettait un point d’honneur à ne pas installer de machine à café dans les suites de ses hôtels pour nous désintoxiquer ou pour ne pas que l’on tache ses beaux canapés. Cette fois, on s’est décidé à appeler le service de chambre, et une aimable jeune fille est montée, illico presto, avec une machine Nespresso ! Comme quoi, dans la vie, il suffit parfois de demander.
Bilan. Chamfort, le moraliste français du 18e siècle, a écrit que l’on ne saurait être et avoir été. C’est parfois faux. Soignant plus que jamais sa mise et ses prestations, sous la houlette attentive de son nouveau directeur Jason Philips, le Soho Hotel tient toujours son rang de demeure élégante, confortable et d’un charme fou, au cœur du quartier le plus vibrant de Londres.
Soho Hotel, 4 Richmond Mews, London W1D 3DH, Royaume-Uni.