15 jan 2025

Où dormir à Lisbonne ? La renaissance du Ritz

Le palace brutaliste des années 1960, rénové en 2021, est redevenu une adresse-phare de la capitale portugaise pour Cura, son restaurant avant-gardiste, et pour sa piscine chicissime où prendre des couleurs 300 jours par an !

Le Four Seasons Ritz à Lisbonne.
Le Four Seasons Ritz à Lisbonne.

À Lisbonne, le Ritz renaît de ses cendres

Lisbonne fait partie des destinations de week-end les plus prisées des Français. Et pour cause : entre son Christ rédempteur qui évoque celui de Rio de Janeiro ; son pont surplombant le Tage, calqué sur le Golden Gate de San Francisco ; ses musées ; ses couvents ; ses châteaux ; ses cathédrales et ses plages inondées de soleil 300 jours par an, le dépaysement est garanti, et cela à seulement 2h30 de vol de Paris !

La capitale du Portugal offre également des palaces, des boutique hotels et des restaurants gastronomiques de nature à satisfaire les touristes les plus exigeants. Si notre établissement favori demeure le Palácio Príncipe Real, un castelet rose construit en 1870, au milieu d’un parc, qui fait un peu penser au Bel Air Hotel à Los Angeles, on s’est laissé séduire par le Ritz : un grand paquebot construit en 1959, à la demande du dictateur António de Oliveira Salazar, restauré en 2021 et géré par Four Seasons, label de qualité en matière de confort, de service et de prestations.

D’autant que Jacques Bec et Artur Miranda, du cabinet Oitoemponto, ont fait un travail extraordinaire pour respecter les styles Art Déco et Louis XVI d’origine, en rééditant nombre de meubles d’époque en chêne brut ou verni, et en remettant en vedette les luminaires typiques des années 1920, qu’avait choisis Henri Samuel, premier décorateur de ce cousin lointain du Ritz parisien.

Le Four Seasons Ritz à Lisbonne.
Le Four Seasons Ritz à Lisbonne.

Une architecture brutaliste imposante

L’emplacement. L’hôtel est idéalement situé, face au parc Edouard VII, soit à un quart d’heure de l’aéroport international et à dix minutes des principaux sites touristiques.

La suite. Comme dans tous les Four Seasons, la literie est d’un confort exceptionnel, les commandes digitales dernier cri, les penderies et les coffres spacieux, et le coin minibar est doté d’une machine à espresso. Les salles de bains conçues par Porfirio Pardal Monteiro, architecte historique de l’hôtel dont le père était marbrier, ont été soigneusement restaurées, à tel point qu’on jurerait que les cabines de douches et les toilettes à commande électronique sont d’origine. En y ajoutant des peignoirs moelleux et des produits de soin Bulgari, on tient un sans-faute.

Le bar. Le Ritz dispose d’un vrai bar de palace, en velours rouge, idéal pour un dernier verre le soir. En journée, on suggère plutôt de donner rendez-vous à ses amis autour de la piscine, que l’on croirait sortie d’un film hollywoodien, pour un Green Detox (concombre, céleri, épinards) ou un Red Detox (carotte et betterave) vitaminés et rafraîchissants.

Le Four Seasons Ritz à Lisbonne.
Le Four Seasons Ritz à Lisbonne.

Le Cura, le nouveau restaurant incontournable de Lisbonne

Le restaurant. La journée commence au Varanda avec les classiques œufs brouillés-champignons-tomates et saucisses, des viennoiseries, des fruits frais exotiques, des crêpes à napper de confitures maison de tomate et de potiron ou une soupe miso et un saumon teriyaki pour ceux qui préfèrent commencer leur matinée sainement ; le tout, au son d’une playlist d’un autre monde qui enchaîne Naima de Coltrane, Good Morning Heartache par Billie Holiday, Poses de Dave Douglas et Moon Taj de Gil Evans !

À midi, ce restaurant devient le rendez-vous des politiques et des industriels et l’on recommande plutôt de s’attabler à O Japonês, dévolu à la cuisine Nikkei, dont on a adoré les sushis, les sashimis, les tempuras et la salade de homard et d’épinards assaisonnée d’une vinaigrette à la truffe et au yuzu.

Le soir, que l’on réside à l’hôtel ou non, il faut se précipiter à Cura, le restaurant du chef Pedro Pena Bastos, ouvert à l’automne 2020 et qui, tant pour son décor, signé Miguel Câncio Martins, que pour sa cuisine saluée par une étoile au Michelin, s’est imposé comme l’adresse la plus courue de la ville, devant les doublement étoilés Bel Canto et Alma. Si l’ambiance est celle d’un clubstaurant international, pulsant aux beats d’une house latino discrète, les assiettes préparées dans la cuisine ouverte sont d’une précision gastronomique.

Réinterprétation locale du Whisky Sour, l’Amarguina Sour, avec de la liqueur d’amande, se laisse siroter sans déplaisir en dégustant les amuse-bouches surprises du jour : une tartelette à la pistache, au jaune d’œuf et aux mini-tomates ; un bœuf maturé pendant 65 jours et saisi dans une panure de seigle, ou encore un oignon mijoté dans du miso pendant une semaine, caramélisé à la truffe et aux grains d’orge, et nappé d’un sirop de menthe poivrée.

Le Four Seasons Ritz à Lisbonne.
Le Four Seasons Ritz à Lisbonne.

Le sommelier Mario Marquès qui ne manque pas d’humour et d’audace suggère un Lilipop Lúpulo White, Quinta de Tourais, de la vallée de Douro, aux notes minérales, de melon d’eau et de malt, car élevé dans des fûts de bière, afin d’accompagner une daurade cuite dans un bouillon d’arêtes et foies fumés dont la chair nacrée se marie à une purée de broccoli et une mayonnaise de safran vinaigrée, étoilée de petites fleurs comestibles.

Pour les viandes, il propose ensuite un Quinta de Lemos ‘Dona Louise’ de la région de Dao, année 2006, élevé dans des cuves en chêne et qui dégage des arômes de sous-bois, de fruits rouges, et de boîte à cigare. Ce précieux nectar fait également merveille avec le parfait à la pêche, le croustillant d’orge et granité de pêche sanguine, et la gaufrette de pistache, cerise, ail noir et caroube, étonnamment goûteuse.

Pour se rincer le palais, avant d’aller écumer la nuit lisboète, Pedro Pena Bastos a concocté un bonbon de lavande et d’hibiscus sur un lit de roses séchées qui explose littéralement en bouche, au contraire de l’addition tout à fait raisonnable pour une table de ce niveau.

Le Four Seasons Ritz à Lisbonne.
Le Four Seasons Ritz à Lisbonne.

Une vie de palace au Ritz

Équipements sportifs. Le gymnase occupe tout le toit de l’hôtel et se décline en plusieurs salles vitrées permettant d’admirer la ville. La principale est équipée de machines de musculation Life Fitness, et les autres servent au Yoga et au Pilates. Le clou restant la piste de jogging extérieure qui offre une vue imprenable sur le Tage et donne l’impression d’être le roi de Lisbonne.

Le spa. Attenant au gymnase, le spa d’inspiration gréco-romaine offre des saunas et des hammams en accès libre, une piscine couverte de 18 mètres, et des soins Sodashi et Espa, en cabine, sur réservation.

La piscine. Depuis juillet 2021, le Ritz est doté d’une seconde piscine découverte et chauffée à 27 degrés à l’année longue. Elle est entourée d’une magnifique terrasse arborée où l’on peut déguster un ceviche de bar ou un burger de Black Angus en buvant une bière ou un cocktail.

Bilan. Avec son architecture brutaliste et ses 280 chambres, la grande dame de Lisbonne peut effrayer ceux qui ne jurent que par les “boutique hotels”. Ils auraient tort, car l’on s’y sent vite chez soi, tant le service est remarquable, et l’insonorisation est parfaite, permettant d’utiliser l’enceinte Marshall connectée de la chambre sans mauvaise conscience. Un chez-soi particulièrement raffiné, de surcroît, au vu de la collection d’art portugais contemporain exposée dans les parties communes : tableaux de Vieira da Silva ; tapisseries de José de Almada Negreiros, Sarah Affonso et Lino António ; bas-reliefs de Margarida Schimmelpfennig et de Salvador Barata Feyo ; fontaine de Lagoa Henriques, entre autres œuvres de Carlos Botelho, Sá Nogueira, et Bartolomeu Cid dos Santos. Alors, il y a certes plus intime et moins cher que le Ritz à Lisbonne, mais si l’on aime le service de palace et si l’on peut se l’offrir, il ne faut pas hésiter.

Four Seasons Ritz, R.Rodrigo da Fonseca 88, 1099-039 Lisboa, Portugal.