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Jaeger-LeCoultre à Venise : plongée dans les secrets de la Reverso en hommage à Monet
Au sein de la sublime exposition Homo Faber, qui célébrait jusqu’au 30 septembre 2024 à Venise les savoir-faire et l’artisanat d’art du monde entier, la maison suisse Jaeger Lecoultre dévoilait trois exceptionnelles montres émaillées, en hommage au peintre Claude Monet et à la ville italienne qui lui inspira notamment trois envoûtantes toiles. Plongée dans les secrets des tableaux et dans la conception des Reverso…
Par Camille Bois-Martin.
La Reverso, un bijou d’art et d’horlogerie
Sur l’île de San Giorgio Maggiore, à Venise, l’exposition “Homo Faber” déploie le savoir-faire et l’artisanat de plusieurs centaines d’artisans, issus de tous les continents. Une sublime mise en avant de l’objet d’art, au sein de laquelle Jaeger-LeCoultre s’inscrit pleinement.
Parmi les œuvres exposées, l’horloger suisse présentait notamment sa toute dernière collection de montres Reverso émaillées – de véritables petits bijoux d’art, qui font le succès de la maison depuis plus d’une décennie. Pour l’occasion, six artisans de la manufacture se relayaient ainsi au sein de l’exposition, partageant leur savoir-faire et présentant la toute dernière collection, en hommage au peintre Claude Monet.
Car la Reverso est l’une de ces rares montres à remplir à la fois des fonctions usuelles, mais qui se décline également en petit bijou d’art grâce à un support coulissant. Pouvant pivoter à 180°, le cadran se retrouve à l’intérieur du brancard métallique et laisse apparent une surface neutre, qui accueille depuis quelques années des décorations émaillées inspirées par les œuvres de maîtres de l’histoire de l’art.
Hokusaï, Piet Mondrian, Gustav Klimt, Rembrandt, Alfons Mucha… et, cette année, Claude Monet – plus précisément les fascinantes toiles qu’il réalise à Venise lors de son séjour en 1908. Autant de peintures emblématiques, retranscrites sur de toutes petites surfaces grâce au travail d’orfèvres des petites mains des ateliers de la maison suisse.
Peindre comme Monet : un défi relevé par les émailleurs Jaeger-LeCoultre
Contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, les multiples détails et ornements des tableaux de Mucha ou de Rembrandt s’avèrent bien plus simples à reproduire que les touches impressionnistes de Monet. “Le défi était pour nous de retrouver la technique de Monet et de l’adapter à la taille réduite du fond Reverso” nous confie un des émailleurs de Jaeger-LeCoultre.
Une technique spontanée difficile à réinterpréter en copie, et à transposer de quelques centimètres à quelques millimètres. “Notre travail s’est résumé à une petite archéologie de la peinture pour retrouver la touche, rendre au mieux l’intention du peintre et, surtout, capter cette lumière qui l’a tant happé.”
Du Palais Ducal plongé dans les eaux vénitiennes teintées de lumières ocres, à l’île de San Giorgio Maggiore nappée d’une atmosphère orangée, en passant par la Basilique Santa Maria della Salute surplombée des roseaux et des poteaux immergés dans le Grand Canal… Chaque toile appelle une touche différente, une palette chromatique dissemblable. “Notre travail est presque celui d’un sculpteur” évoque un émailleurs de la maison suisse.
“Nous travaillons par touche, et l’essence du tableau ne nous apparaît que sur la fin. C’est un processus presque contre-intuitif pour un émailleur, mais c’est aussi le seul moyen de parvenir à rendre les coups de pinceaux de Monet sur une très petite échelle.” Un travail presque expérimental, permettant de transposer des œuvres de près d’un mètre de haut sur une surface de 25 par 30 centimètres.
Autre défi de taille : recréer l’illusion de l’empâtement observable à l’œil nu sur les toiles de Claude Monet. Une texture difficile à reproduire, qui nécessita quatre couches d’émail pour offrir aux couleurs et à la peinture l’intensité et la matière des tableaux originaux. Près de 80 heures de travail se cachent ainsi derrière la confection de chaque modèle… dont les cadrans font écho aux motifs des toiles, des losanges guillochés rappelant les jeux de lumière et d’ombre de Monet, aux nuances de bleu répondant aux ciels agités du peintre français.
Jaeger-LeCoultre, Monet, Homo Faber… Une histoire d’amour vénitienne
Lorsque Monet pose ses valises à Venise en 1908, il n’envisage pas de représenter en peinture la ville, qu’il juge, pour reprendre ses mots, “trop belle pour être peinte”.
Sorti de sa propriété de Giverny où il s’était enfermé depuis quelques années, l’artiste découvre avec stupéfaction le Grand Canal, les lumières automnales qui se reflètent sur les ondulations de l’eau, et l’architecture vénitienne submergée par les marées.
Après Venise, Monet ne voyagera plus – comme s’il n’avait plus besoin de voir d’autres paysages. Depuis la suite du Saint Regis (à l’époque dit Britannia), observe l’église de la Salute, l’île de San Giorgio Maggiore, et sort, malgré lui, son pinceau. Il croque ce qu’il voit, fasciné, sans jamais être satisfait de ses traits.
De retour en Normandie, les flots, les rayons de lumières, les couleurs et les bâtiments de Venise le hantent et l’incitent à terminer ce qu’il avait entamé. De ce séjour de dix semaines naissent alors 37 toiles, achevées à Giverny, et qui participent aujourd’hui à la beauté et au riche patrimoine de la ville italienne.
Au point d’inspirer, donc, trois modèles de montres Reverso émaillées à Jaeger-LeCoultre, proposées en édition limitée de dix exemplaires chacune, et présentées à la Biennale Homo Faber à Venise tout le mois de septembre dernier. Un hommage vibrant à la ville et à la fascination qu’elle exerce sur les artistes, encore aujourd’hui.