Un producteur retrouve le premier enregistrement d’Amy Winehouse
Sept ans après son décès, la chanteuse londonienne Amy Winehouse ressuscite pendant trois minutes et quarante secondes. Son ancien producteur, Gil Cang, a partagé My Own Way, un des premiers enregistrements de la diva soul. Elle n’avait que 17 ans.
Par Alexis Thibault.
Bien avant qu’elle ne signe chez Island Records (filiale d’Universal), Amy Winehouse a démarché les labels. À 17 ans, elle se présente dans un studio londonien sur Hornsey Road, le producteur Gil Cang tombe sous son charme. Sans hésiter, il compose pour elle. My Own Way sera enregistré en seulement trois prises. Sept ans après le décès de l’artiste, Gil Cang révèle au grand jour ce titre oublié de septembre 2001. “Je savais depuis longtemps que ce morceau traînait quelque part, a-t-il confié au Camden Journal. Je l’ai trouvé la semaine dernière et j’ai immédiatement souhaité le partager.” Cette pépite est d’autant plus rare que la plupart des enregistrements d’Amy Winehouse ont été détruits par Universal, afin d’éviter tout album posthume.
Nourrie au son de la Motown, la chanteuse ressuscite en deux albums, Frank (2003), puis Back to Black (2006) le son des seventies.
Élevée par sa grand-mère – qui est aussi sa confidente et sa meilleure amie, Amy Winehouse se forge une culture musicale dominée par le jazz, des improvisations de Thelonious Monk aux excentricités de Charlie Mingus. À la fin des années 90, les plateformes de téléchargement gratuit prolifèrent. La jeune fille d’origine juive russe issue de la middle-class banlieusarde de Londres en profite pour parachever sa formation autodidacte. Sa voix, sa dégaine et sa nonchalance l’inscriront à un panthéon alternatif, celui des artistes qui ont le droit de s’en foutre. Jeune prisonnière de sa banlieue soporifique, elle atterrira finalement sur la scène des NME (New Musical Express) Awards, des Grammy Awards et des Brit Awards à 24 ans, paradant fièrement entre les accords de soul et les contretemps qui ont forgé sa légende. Amy Winehouse devient la clef de voûte de l’archétype “splendeur et décadence”. Nourrie au son de la Motown, en deux albums – Frank en 2003 puis Back to Black en 2006 – la chanteuse a ressuscité avec brio le son des seventies. Mais la diva ne sera véritablement reine qu’à titre posthume. Icône favorite des tabloïds pour ses excès peu glamour, elle s’est éteinte du côté de Camden Town le 23 juillet. 2011.