19 nov 2020

Rencontre avec Zola, le rappeur français qui provoque des émeutes

Après avoir vendu plus de 100.000 exemplaires de son premier album “Cicatrices” et provoqué une émeute lors d’un festival en 2019, le rappeur Zola est de retour avec son deuxième album baptisé “Survie”, disponible ce soir à minuit.

Zola n’a pas changé depuis la sortie de son premier album Cicatrices (2019). C’est en tout cas ce qu’affirme le rappeur au moment de sortir son deuxième album, préférant parler d’une “évolution”. Il a par exemple troqué sa passion pour les rodéos urbains, les courses-poursuites avec la police et les motos tout-terrain pour un 4×4 Range Rover coupé, plus confortable et surtout plus luxueux. Une évolution donc, sans pour autant remettre en question son goût pour la vitesse, qui lui a aussi permis de devenir l’un des talents les plus en vue du rap français, à seulement 21 ans. 

 

Si Zola a grandi dans un quartier populaire plutôt tranquille d’Évry, au sud de la région parisienne, le rap l’a pris à près de 400 km de là, dans la commune de Lure en Haute-Saône, où le rappeur a déménagé avec sa mère à l’aube de son adolescence. Dès l’âge de 16 ans, il écrit ses premiers morceaux et parcourt 200 km de plus pour enregistrer en studio à Strasbourg avec un ami, multipliant les trajets de 6h en bus ou en covoiturage et les petites combines pour financer leur passion. 

 

“Dès que j’ai pu signer un contrat, je me suis dit : c’est parti” raconte Zola pour qui la passion devient très vite un métier, qui l’amène à retourner vivre en région parisienne pour  entamer une collaboration, toujours d’actualité, avec le célèbre producteur DJ Kore – qui a composé des tubes pour les plus grands noms du rap français, de Booba à Rohff en passant par Lacrim, Kery James, Kool Shen et SCH. Zola écrit ses textes directement en studio, en passant en revue les instrumentales : “si je me prends trop la tête à écrire sur une instrumentale, je laisse tomber et je passe à la suivante” explique le rappeur, “au contraire, si je me sens à l’aise, l’écriture peut aller très vite”. 

Une énergie et une alchimie avec des instrumentales aux basses puissantes et aux cymbales mitraillettes, inspirées par les rappeurs trap d’Atlanta, qui font le sel de son deuxième album. “Dans mon premier album, j’ai fait un pas vers le public, pour “Survie”, j’ai pris plus de risques, en resserrant la musique autour de mes envies… le troisième album devrait être encore plus sombre” annonce le rappeur, qui pense déjà à la suite. 

 

Côté texte, on retrouve les poncifs néanmoins efficaces du rap français actuel : un mépris assumé pour la concurrence et les forces de l’ordre, une fascination pour les armes et les grosses cylindrées comme symboles de puissance, des soirées rythmées par la drogue et les aventures sexuelles, ainsi que de nombreuses références aux films de gangster, Scarface (1983), La Cité de Dieu (2002), Money Train (1995) ou encore la série Breaking Bad (2008-2013). Sans oublier un goût les grandes maisons de luxe, que les rappeurs s’approprient aujourd’hui sans aucun complexe, à l’image de cette luxueuse Rolls-Royce mal garée sur les Champs-Élysée évoquée en métaphore dans le morceau 9 1 1 3 par le rappeur SCH, invité prestigieux de l’album Survie

 

En interview, Zola affiche une personnalité plus réservée, “la célébrité n’est pas dans ma nature” explique-t-il, “il y a des gens qui accèdent à la célébrité en un clip, moi je suis jeune mais j’ai eu le temps de m’adapter, de comprendre ce qu’était la vie d’un rappeur”. Si Zola se complaît sur scène entouré par des fans parfois trop nombreux – comme lors de ce concert au festival belge Les Ardentes en 2019, où les autorités avait évacué dans le chaos la foule amassée devant une scène annexe vraisemblablement trop modeste pour accueillir un si grand nombre – il confie vouloir mener “une vie tranquille” et sort toujours masqué, bien arrangé par la situation actuelle qui oblige les reste des citoyens à en faire de même, avoue Zola en plaisantant. 

 

“Survie” [AWA] de Zola, disponible le 20 novembre 2020.