15 fév 2024

Rencontre avec Kim Petras, la chanteuse qui remet le sexe au cœur de la pop en concert à l’Olympia

Kim Petras n’est pas seulement une pop star charismatique et sexy – elle emprunte volontiers les codes du porno – et une auteure-compositrice talentueuse. C’est la première femme (ouvertement) transgenre à s’être hissée en tête des charts aux États-Unis et à être récompensée aux Grammy Awards. Rencontre avec une chanteuse bien décidée à changer le monde, qui vient de sortir l’EP Slut Pop Miami et sera en concert à Paris ce 25 février 2024.

propos recueillis par Violaine Schütz.

Madonna, il me semble, fait partie de vos idoles, depuis l’adolescence…

Oui, c’est une grande influence pour moi. Je l’adore et je ne serais pas l’artiste que je suis sans elle. Je suis tellement reconnaissante envers tout ce qu’elle a fait et pour nous avoir présentés avec Sam Smith comme des rebelles, avant de nous donner le Grammy. C’était un très grand honneur pour moi. Madonna est incroyable et je suis très impatiente de sa nouvelle tournée et de ses futures sorties musicales. J’espère qu’elle ne s’arrêtera jamais. C’est une personne incroyable, et elle a toujours l’air incroyable. Et je pense que tout ce qu’elle fait à son corps est son choix. C’est pareil avec les personnes trans. Les gens essaient constamment de dire aux personnes trans : « Pourquoi voulez-vous changer votre corps et la façon dont Dieu vous a créé ? » Eh bien, parce que j’en ai une « putain » d’envie, et que c’est ma vie et que je fais ce que je veux de mon corps. Madonna, justement, a toujours eu ce point de vue. Regarder Madonna ou Cher pour une personne trans comme moi a toujours été important. Je me sens comprise par elles. Elles semblent savoir qui vous êtes vraiment, ce qu’il y a à l’intérieur de votre esprit et non de votre corps. Votre corps n’est que le vaisseau qui vous a été donné pour circuler sur Terre. Et je ne vois pas en quoi ce vaisseau pourrait et devrait affecter la vie des autres. Si vous changez quoi que ce soit chez vous, cela ne vous affecte pas. Vous pouvez toujours vivre votre vie comme vous le souhaitez. 

 

« Je ne serais pas l’artiste que je suis sans Madonna. » Kim Petras

 

Comment est née votre single Brrr ?

L’inspiration de la chanson, c’est de me mettre dans la peau d’une personne beaucoup trop cool par rapport aux autres. C’est un morceau qui me fait me sentir comme une « bad bitch ». Le titre Brrr vient du fait que j’aime l’hiver et la thématique du froid. J’ai l’impression d’avoir eu affaire à l’univers du glacé depuis toute petite, car je viens d’Allemagne, où les températures peuvent être très basses. Concernant les sonorités de la chanson, elles ont été très inspirées par l’avant-gardiste Sophie. C’est une artiste que j’adore et qui me manque. Et je ne peux pas m’empêcher d’être encore inspirée par elle. Nous avons collaboré mais nous étions surtout amies. Nous croyions beaucoup l’une en l’autre et nous nous encouragions mutuellement. Nous passions notre temps à nous envoyer des textos. Perdre une amie vous change. C’est vraiment dur, surtout que c’est encore récent. Je suis toujours en train de dealer avec sa disparition soudaine. 

 

Sophie est-elle l’une des inspirations de votre album Feed the Beast

Oui, et je pense que, dans tout ce que je fais aujourd’hui, on peut l’entendre. Je porte en moi le souvenir d’avoir travaillé avec Sophie et l’avoir connue me rend plus intrépide. Elle avait toujours une idée précise de comment elle voulait qu’un morceau sonne et de quoi il devait parler. J’ai beaucoup appris d’elle et j’ai définitivement appliqué ses leçons dans mon prochain album. Ce disque a mis deux ou trois ans à se faire et il est très spécial pour moi. J’ai enregistré beaucoup de chansons et me suis retrouvée à travailler avec un label important, ce qui est très différent que d’être en indépendant, comme je l’étais auparavant. Aujourd’hui, je fais toujours ce que j’ai envie de faire, comme lorsque j’étais indépendante, mais je cherche à réaliser un album bien conçu de A à Z. Honnêtement, je ne pense pas qu’il y ait une seule chanson qui ne puisse pas en être le single. Ce qui est très excitant.

Comment décririez-vous votre album Feed the Beast ?

C’est une déclaration sur l’industrie de la musique en général, un thème avec lequel j’aime bien jouer. J’ai travaillé avec des gens incroyables, tels que Max Martin, le producteur suédois de génie à qui l’on doit des chansons de Britney Spears et Katy Perry. Et avec d’autres gens géniaux comme le producteur Ian Kirkpatrick (Selena Gomez, Justin Bieber, Shakira) ou la chanteuse Banks, dont je suis une grande fan. J’ai rencontré beaucoup de nouvelles personnes, vécu de nouvelles expériences, expérimenté de nouveaux styles d’écriture. Et je suis vraiment ravie que les gens voient que je ne suis pas spécialisée dans un seul style d’écriture. Je peux faire un tas de choses. Sur l’album Turn Off The Light, j’incarnais un personnage complètement différent, avec une esthétique Halloween très gothique et sanglante. Sur Slut Pop (2022), j’étais juste une « vraie salope ».

 

Vous avez souvent dit que la pop vous permettait de vous échapper, et que vous créez un personnage pour chacun de vos disques…

Ce qui est drôle, c’est que j’ai une version de moi en meurtrière, une autre en fille facile, une autre en garce… Mais sur mon prochain album, je montrerai une version de moi plus authentique et proche de celle que je suis aujourd’hui dans la vraie vie. Je pense que c’est la première fois que je sortirai un disque qui n’est pas basé sur un personnage. Je vais vraiment laisser les gens entrer dans mon cerveau et dans mon cœur (rires). Il y aura des chansons de rupture mais aussi d’autres sur lesquelles on pourra danser. Toutes les facettes de ma personnalité et de mes sentiments y seront dévoilées.

 

Par rapport à vos débuts, dans les années 2000, votre pop semble de plus en plus complexe… 

Au départ, j’étais vraiment inspirée par la simplicité de la pop et par mes morceaux préférés, ceux avec lesquels j’ai grandi. Je voulais juste arriver, dans les miens, à la version la plus simple d’une émotion que tout le monde pouvait comprendre et chanter. Aujourd’hui, je joue beaucoup plus avec des émotions plus complexes, qui possèdent plus de facettes et de profondeur.

Si on s’en tient aux photos et aux clips, la pop star allemande exilée à Los Angeles Kim Petras, 31 ans, pourrait passer pour la Californienne lambda : blonde, superbe, adepte de la micro jupe, accro aux fards bubblegum et toujours souriante. Sauf que le parcours de l’auteure-compositrice-interprète originaire de Cologne est bien plus complexe que son esthétique de poupée sexy et acidulée. 

 

Dès l’âge de 2 ans, Kim Petras, assignée garçon à sa naissance, a commencé à s’affirmer en tant que fille. Soutenue par ses parents (une mère chanteuse de jazz-danseuse et un père multi-instrumentiste), elle a porté tôt des vêtements neutres avant de rencontrer, au centre hospitalier universitaire de Francfort, un chef de clinique spécialiste de l’enfance et de la transidentité.

 

Dès l’âge de 13 ans, elle passe à la télévision pour raconter sa transition. Et à 16 ans, elle devient la plus jeune personne (selon de nombreux médias) à être opérée dans le cadre de sa transition. Elle n’hésite pas à partager son expérience publiquement, pour sensibiliser le public à la transidentité, mais cela lui vaut des moqueries et des insultes, ainsi que du harcèlement à l’école. Kim Petras s’isole et écoute à fond de la musique bien plus joyeuse que son quotidien dans ses écouteurs.

 

Kim Petras, première femme ouvertement transgenre récompensée aux Grammy Awards et en haut des charts

 

Encore teenager, Kim Petras trouve refuge dans la musique. La pop lui a littéralement sauvé la vie, dit-elle. Les chansons de Katy PerryCher, Lady Gaga, Gwen Stefani, RihannaBeyoncé, Britney Spears, Christina Aguilera, Madonna et des Spice Girls lui permettent d’oublier ses soucis. Quant à celles de Boy George, Queen et Judy Garland, elles la font se sentir moins seule. Bientôt, l’Allemande compose ses propres morceaux, grâce au logiciel GarageBand. D’abord pour elle, puis pour les autres. À 19 ans, elle arrive à Los Angeles, des rêves plein la tête.

 

Elle ne connaît que quelques personnes (via Internet), possède peu d’argent et dort sur des canapés, dans des studios d’enregistrement. Si l’un de ses morceaux, pourtant choisi par la chanteuse Fergie qui souhaite l’interpréter ne sort finalement jamais, elle se fait tout de même un nom et s’accroche. Puis elle complexifie, au fil des années, sa dance-pop. Bientôt, Kim Petras sort des EP des mixtapes, des singles efficaces et excitants, des albums, tourne un clip avec Paris Hilton, et collabore avec Charli XCX et Sophie. Une étoile est née, même si elle évolue encore de manière indépendante, sous l’égide de son propre label.

Votre mise en lumière aux Grammy Awards veut-elle dire, d’après vous, que les mentalités évoluent ?

Il y a seulement quelques jours, une fille trans de 16 ans a été assassinée en Angleterre. La brutalité envers les personnes trans en Amérique est hors de contrôle, et très peu punie, sans compter les crimes haineux qui les ciblent directement. Alors, je suis heureuse d’être dans la lumière pour aider à faire accepter l’existence de ces personnes et pour tenter de faire reculer la haine. Je pense que beaucoup de gens n’ont jamais rencontré de personne trans de leur vie. Et beaucoup de gens n’en rencontreront jamais car ils préfèrent vivre dans l’ignorance. C’est idiot de ne pas vouloir faire face à « ça ». Je suis bien contente d’être la personne choquante, qui prend la température de la société, pour  tous les enfants trans qui grandissent et aspirent simplement à vivre de manière authentique et à être eux-mêmes. J’espère qu’en voyant que j’arrive à mener une carrière et à être aimée par des gens, ils se diront : « moi aussi, je peux faire ce que je veux. » 

 

« Je veux prendre part à l’évolution du monde afin que chacun puisse être lui-même au maximum et ne pas être jugé pour cela. » Kim Petras

 

Depuis votre adolescence, vous parlez ouvertement de votre transidentité…

Votre sexe, votre couleur de peau, votre nationalité ou quoi que ce soit d’autre ne devrait pas entrer en ligne de compte. Tout le monde devrait être égal. Je suis tellement triste que ce ne soit pas le cas et que des femmes soient encore obligées de voyager depuis certains États américains pour avorter, et avoir le contrôle de leur propre corps. Ce monde n’est pas égalitaire et un grand nombre de personnes sont misogynes. Ils n’aiment pas les femmes, y compris les femmes transgenres. De mon côté, je veux prendre part à l’évolution du monde, afin que chacun puisse être lui-même au maximum et ne pas être jugé pour cela. Je veux faire partie de l’espoir d’un changement qui impliquera qu’un jour, tout le monde puisse être égal, et que tout ce qui compte, ce soit ce qu’il y a à l’intérieur de nous. Des questions telles que : Êtes-vous une bonne personne ? Êtes-vous talentueux ? Travaillez-vous dur ? Êtes-vous gentil avec vos amis ? Voici les seules choses qui devraient compter. Et non pas le sexe inscrit sur votre passeport, votre nationalité ou votre âge. Je pense que toutes ces choses ne sont que des faits médicaux et rien de plus. 

 

C’est Madonna qui vous a remis votre Grammy. Ensuite, elle a été très critiquée pour son apparence et son recours à la chirurgie esthétique. Ce à quoi, elle a répondu en déplorant la misogynie et l’âgisme ambiants…

C’est fou qu’une personne ayant une vie et une carrière aussi percutantes que les siennes puisse se voir traitée ainsi. Elle a fait tant de chansons et d’albums. Elle a mené tant de combats pour la communauté LGBTQ. C’est aussi une icône de la lutte contre le sida. Et une icône tout court. Mais une fois que les idoles atteignent un certain âge, tout ce dont les gens parlent, c’est de leur apparence. Comme si, au final, c’est tout ce qui comptait. C’est intéressant de voir à quel point les gens veulent juste haïr les femmes. Elles peuvent avoir réalisé les choses les plus incroyables au monde, être talentueuses, avoir changé la donne, une fois qu’elles sont plus âgées, les autres parleront seulement de leur apparence. C’est triste.

 

Et pendant, ce temps-là des musiciens masculins d’un certain âge continuent à tourner sans que l’on parle de leurs visages…

La société juge les femmes si différemment des hommes. Toutes ces légendes du rock qui sont toujours sur scène à 80 ans dans leurs vestes en cuir, brandissant leurs guitares : tout le monde dit qu’elles sonnent toujours de manière incroyable. Madonna sonne également de manière incroyable, mais tout le monde parle de son visage au lieu d’évoquer son talent. C’est injuste, et je pense que plus de gens devraient défendre Madonna parce que si nous, la nouvelle génération d’artistes, ne le faisons pas, il nous arrivera la même chose au même âge. Chaque artiste féminine devrait s’exprimer à ce sujet et se demander : « Pourquoi jugeons-nous Madonna différemment de tous ces mecs du rock qui sont encore traités de légendes ? »

À vos débuts, vous chantiez des morceaux sur lesquels vous « performiez » la célébrité, vous imaginant être une star et porter des vêtements de maisons de luxe. Devenir réellement star de la pop a-t-il modifié votre façon d’écrire des chansons ? 

Je croise les doigts pour que ça ne change pas ma manière d’écrire. Et j’espère que ce ne sera jamais le cas. Les chansons sont ce qui vous relie aux gens. Ce qui me connecte aux gens, ce sont les émotions. Je parle dans mes chansons de choses dont il est parfois difficile de parler avec les autres. J’aimerais toujours pouvoir écrire en m’inspirant de ce que je ressens au plus profond de moi-même. Car c’est en écrivant avec sincérité ce que l’on éprouve que le reste du monde peut s’identifier à vous. Et c’est ce pourquoi je fais de la musique. C’est ma passion. Quand j’étais adolescente, je me sentais très exclue. J’avais l’impression de ne pas arriver à m’intégrer. Mais en écrivant des chansons, j’avais l’impression que tout le monde pouvait s’identifier à elles, et donc, voir au-delà de mon sexe ou de mon parcours. Avec mes chansons, je dépassais ce que les gens pensaient et disaient de moi. Car tout le monde ressent les mêmes émotions et traverse les mêmes expériences humaines.

 

« Les personnes trans et gay sont souvent rejetées des cultes et des religions. » Kim Petras

 

Qu’est-ce que la célébrité a changé dans votre vie ?

Je trouve souvent l’inspiration quand je fais la fête et que je sors en club, surtout dans des clubs gay. Le grand changement, c’est que, depuis que je suis plus connue, je ne peux plus aller en club gay, observer les gens, avoir de vraies interactions ou danser dans mon coin comme je le faisais avant. Il y aura sans doute des gens qui vont me prendre en photo ou venir me parler. Certaines nuits, j’ai de la chance et j’arrive à passer inaperçue. Mais c’est de plus en plus rare (rires).

 

Vous avez sorti un single intitulé If Jesus was a Rockstar et votre performance aux Grammy Awards avec Sam Smith a été taxée de « satanisme ». À quel point la religion vous influence-t-elle ?

La phrase If Jesus Was a Rock Star m’a d’abord plu car elle sonnait de manière si épique ! C’est le genre de phrases qu’on pourrait placarder sur un mur, et qui sont éditées en poster. Les sentences qui me viennent lors d’un rêve et à partir desquelles je construis un morceau. Cette phrase exprime pour moi quelque chose que j’ai toujours ressenti mais que je n’arrivais pas à mettre en mots et en musique. Il s’agit du fait de ne pas avoir pu considérer la religion comme une option. Les personnes trans et gay sont souvent rejetées des cultes. If Jesus Was a Rock Star est le genre de chanson que j’aurais aimé entendre adolescente. Je ne me serais pas vue comme la seule personne à ressentir cette attirance tout en ne me sentant pas la bienvenue. J’ai toujours été intéressée par la religion et la spiritualité, et notamment par les préceptes de gentillesse et d’absence de jugement prônés par certaines religions. Mais je me suis vite rendu compte que les pratiquants pouvaient se montrer terribles en termes de jugement et d’exclusion. Je suis donc ravie que le producteur Max Martin m’ait aidée à confectionner une chanson qui parle de tout cela de manière simple. Et qu’elle soit entendue et aimée.

 

Feed the Beast (2023) de Kim Petras, disponible. Slut Pop Miami (2024) de Kim Petras, disponible. La chanteuse sera en concert à l’Olympia, Paris, le 25 février 2024.

Le succès fulgurant du duo Unholy avec Sam Smith

 

Son tube Unholy, chanté en duo avec Sam Smith, en 2022, et son clip sulfureux peuplé de drag queens est visionné 190 millions de fois. La chanteuse a improvisé une partie de son couplet en freestyle, en y incorporant les noms des maisons Balenciaga et Fendi. Grâce à ce hit qui parle d’infidélité, Kim Petras est la première personne transgenre à se hisser en tête des charts aux États-Unis. Et la première, ouvertement transgenre, à être récompensée aux Grammy Awards, en février 2023. S’ensuivent des singles efficaces en duo avec Nicki Minaj et Paris Hilton.

 

Après avoir sorti en juin 2023 un troisième album ambitieux Feed the Beast, elle vient de publier un EP qui remet le sexe au centre de la pop – Slut Pop Miami – et sera en concert à l’Olympia, à Paris, ce 25 février 2024. L’occasion de revenir sur notre rencontre, à Londres, avec une future grande star de la pop bien décidée à changer le monde (et pas seulement celui de la musique).

 

L’interview de la chanteuse Kim Petras, en concert à l’Olympia à Paris

 

Numéro : Vous êtes la première femme ouvertement transgenre à avoir remporté un Grammy Awards, lors de la cérémonie qui s’est déroulée le 6 février 2023… 

Kim Petras : Je suis la première femme transgenre à avoir reçu cette récompense en particulier. Avant moi, il y a eu la compositrice Wendy Carlos, qui a reçu plusieurs prix, même si elle n’était pas ouvertement trans à ce moment-là. Et Sophie a été nommée pour un Grammy Award dans la catégorie album dance/électronique. Mais ce prix signifie beaucoup de choses pour moi. Je suis fière d’être transgenre, et cette récompense symbolise que le monde a quelque peu changé, qu’il est peut être plus ouvert. Et ce succès, je le dois à des artistes formidables comme Wendy Carlos, Sophie et Amanda Lear [cette dernière n’a cependant jamais confirmé l’information]. Je leur suis très reconnaissante. En fait, il y a toujours eu des personnes transgenres, mais les gens ne les ont pas mises en lumière et ne les ont pas classées dans les listes de prix.

 

« J’ai l’impression d’être née et d’avoir été élevée dans un club gay. » Kim Petras

 

Diriez-vous qu’Unholy, votre duo avec Sam Smith, a changé votre vie ?

Oui, tout à fait. J’étais déjà très heureuse. Je me sentais très chanceuse de tourner pour mes fans, d’avoir joué à Coachella, d’écrire mes chansons, et de faire ça depuis des années. J’avais du succès auprès de ma fan base, très fidèle. J’aime faire de la musique pour les clubs gay, et c’est ce que je veux continuer à faire, parce que c’est là que j’ai tout appris. J’ai l’impression d’être née et d’avoir été élevée dans un club gay. C’est amusant d’ailleurs que cette musique soit devenue si populaire et qu’on l’entende partout car pendant longtemps, la pop dansante était célébrée en club gay, alors qu’elle était dénigrée ailleurs. Alors je suis contente d’avoir eu autant de succès grâce à Unholy et aux Grammy Awards, et je pense que des gens qui ne m’auraient pas nécessairement trouvé via le chemin que je suivais m’ont trouvée maintenant, et sont exposés à moi et doivent faire avec, qu’ils le veuillent ou non. Ce sont des gens qui n’auraient jamais été mes fans auparavant, qui sont contrariés que je sois présente sur une chanson qui marche ou qu’une personne transgenre passe à la radio ou gagne un Grammy, et j’adore ça. Je remercie Sam de m’avoir donné l’occasion de faire froncer de nombreux sourcils et de passer à un autre niveau. 

Kim Petras par David Black / Numéro.