12 mai 2022

Qui est Canine, la voix acérée et mystique de l’électro-pop française ?

Après avoir sorti son premier album Dune en 2019, la compositrice et chanteuse française électro-pop Magali Cotta alias Canine revient ce vendredi 13 mai, avec un deuxième disque, Source, plus lumineux, mystique et introspectif. À cette occasion, on a rencontré cette artiste passionnante qui trouve son inspiration à plusieurs dizaines de mètres sous l’eau autant que dans la force de combat des animaux sauvages.

Un orteil cassé, une voix posée et des yeux bleu turquoise comme la mer Méditerranée… C’est ainsi que nous apparaît Magali Cotta lors de notre rencontre, pendant laquelle une béquille se tient à ses côtés. Celle qui a débuté le piano et le théâtre très jeune défend avec force Canine, son projet musical fondé en 2016. La Niçoise âgée de 40 ans sort ce vendredi 13 mai un deuxième album ensorcelant pour lequel la nature, les animaux mais aussi ses faiblesses l’ont inspirée. On y retrouve la voix androgyne, puissante et lyrique de Canine, qui évoque celles de Christine and the Queens et de Florence and the Machine. Alors que le premier album sorti par l’artiste, Dune (2019), était puissant, sombre et alambiqué, Source s’avère plus solaire, intime et introspectif. « Source est un album de pop orchestrale tourné avec un aspect électronique. C’est un album direct. Il y a moins de virage que dans Dune. Il est aussi plus épuré et sans artifice » confie Canine. Dans le titre F.O.R.C.E, Canine a voulu aborder le sujet de l’acceptation des ses faiblesses. « On peut avoir la sensation que la vraie force c’est de ne pas pleurer, de ne pas s’écrouler et d’être presque dans une hyposensibilité (sensibilité réduite). Mais au final, la véritable force vient lorsque l’on accepte que l’on est touché et que l’on va mal. Et c’est grâce à cela que l’on peut tout affronter. »

 

Dans ce projet, Magali Cotta, qui a pris des cours en école de jazz dans l’adolescence, possède toutes les casquettes. C’est elle qui écrit, compose, fait les chœurs et prend les directives pour les lives et les clips. Appréciant la solitude, Canine a besoin de gérer seule la première phase de composition, puis, tel un loup solitaire qui a besoin de retrouver sa meute, l’artiste s’entoure de son producteur, de ses musiciennes, instrumentistes, choristes et de ses équipes techniques afin de parfaire ses chansons oscillant entre la pop et l’électro. À la différence de la plupart des équipes, la sienne est principalement composée de femmes. Une façon de mettre à l’honneur le girl power. « J’en avais marre que les femmes soient mises en avant pour le côté gracieux, la douceur, la féminité, l’élégance et la fragilité. Et que ce soit les hommes qui tiennent la baraque aux postes clés, à la batterie, la basse ou à la contrebasse. Donc ça m’a semblé essentiel de travailler seulement avec des femmes. Mes musiciennes, mes choristes et mes instrumentistes sont des femmes ».

© OJOZ

C’est son amour pour la nature, le yoga, les animaux et surtout la mer qui l’a aidée à composer ce nouvel opus. Elle a écrit ce disque comme si s’agissait d’un journal intime. « Ce qui est étonnant c’est que les morceaux les plus lumineux de l’album ont été écrit à un moment où j’allais le plus mal, où j’étais en train d’essuyer une grosse rupture. Plus j’allais mal plus j’essayais d’aller dans une bulle positive en m’entourant de forêts et d’animaux. Par exemple, quand j’ai écrit Sun, l’un des morceaux les plus joyeux de l’album, j’étais au fond du gouffre. » Magali Cotta a composé loin de sa mer Méditerranée natale, en Normandie, là où elle passait le confinement et pourtant, elle écrivait le plus de chansons à son propos.

 

L’eau est l’élément qui la représente le mieux. Et la baleine, son animal totem. La magnificence, la grandeur, la splendeur mais aussi la douceur de cet animal survolant les eaux profondes représentent à la perfection ce que Magali Cotta essaie de transmettre dans son projet musical. L’artiste, plonge, elle aussi depuis quelques années. « En début d’année, j’ai plongé dans la mer Rouge. Pour moi, le fait de plonger ressemble beaucoup au fait de jouer de la musique en live. Il y a une préparation, une excitation, et quand on est dedans, il y a vraiment une vraie intensité physique. C’est aussi là que je recherche le calme et la sérénité. J’ai l’impression de voler. C’est à la fois silencieux et intense. Comme lors d’un concert, on sait que l’on est en train de vivre quelque d’exceptionnel donc on essaie d’être le plus dans l’instant présent possible pour pouvoir profiter. Et je connais pas mal d’ingénieures son qui font de la plongée aussi. »

Dans ce projet novateur, tout coïncide, l’idée de se nommer Canine découle directement des animaux sauvages et de leur force de combat. « J’aime le contraste de ce mot, qui est doux à entendre alors qu’il nomme quelque chose de tranchant. » C’est dans ce schéma de pensée que dans ses clips et dans ses visuels l’artiste met constamment en avant la forme triangulaire représentant une canine afin de la revendiquer tel un écusson. Pour continuer dans les signes distinctifs représentant son projet qu’elle anime avec ses collaboratrices, Magali Cotta a décidé de mettre la danse à l’honneur dans ses vidéos et lors de ses shows. Les chorégraphies sont pensées de manière à ce que l’on croit qu’elles n’ont pas été préparées en amont. Et c’est à moitié le cas, car Canine et ses danseuses cherchent perpétuellement des mouvements traduisant, de façon spontanée, la musique qu’elles entendent sur le moment. Cela crée une nouvelle harmonie et aide le groupe à se recentrer. Il y a aussi toujours deux voix, voire plus, qui communiquent entre elles. « Il y a, dans mes morceaux, une voix centrale et un chœur. Je cherche à former un véritable dialogue intérieur comme une sorte de questions-réponses musical. » De quoi laisser imaginer une tournée, prévue pour la fin de l’année 2002, épique et émouvante.

 

Source (2022) de Canine, disponible sur toutes les plateformes.