5 oct 2017

Prequell réveille la pop française à coups de symphonie

Avec son premier album, The Future Comes Before, Prequell, alias Thomas Roussel, ouvre la pop à une nouvelle dimension orchestrale mêlant trip-hop, rock et R’n’B.

Barrère & Simon/Artwork : Twice Studio

La pire étiquette que l’on pourrait coller à Thomas Roussel ? Celle de compositeur de musique classique contemporaine. Ce n’est pas qu’elle soit infamante (on a vu pire que d’être marqué du même fer rouge que des génies comme Steve Reich), mais elle ferait seulement passer un peu bêtement à côté du véritable intérêt de sa musique. Avec son projet Prequell, le Français n’essaie pas de populariser la musique classique – façon André Rieu – en la faisant passer du côté du cool – pas façon André Rieu. Prequell-Thomas Roussel fait tout simplement de la pop music, mais il l’élabore singulièrement, notamment à coups d’orchestres, de grands ensembles de cordes majestueux et de percussions.

 

Monstre affamé et insatiable, la pop music étend son empire depuis toujours. Comment s’étonner qu’après avoir fait tomber dans son escarcelle le rock, le punk, le rap, le R’n’B, elle inflige le même sort à la musique classique ? “Peut-on encore renouveler la pop ? Peut-on encore proposer une musique innovante, jamais entendue, ni électro pop ni pop rock ?” s’interrogeait Thomas Roussel alors qu’il mettait les dernières touches à son premier opus. “C’est avec ces questions en tête que j’ai initié le projet Prequell il y a deux ans. Je suis alors retourné aux origines de mon identité musicale. J’ai puisé l’inspiration dans ma formation musicale orchestrale, dans mon admiration pour les grandes bandes originales de certains films et la créativité exacerbée de Craig Armstrong, Massive Attack et Björk.”

 

Ce premier album, The Future Comes Before, met l’outil orchestral au service de bien autre chose que la musique classique. Les featurings avec la jeune garde de la musique indé anglo-saxonne emportent cet objet non identifié vers une musique hybride dans laquelle les galaxies musicales s’entrechoquent. Chaque morceau forme une comète fulgurante portée par la puissance des orchestrations et agitée par des remous d’influences trip-hop, rock et R’n’B. On passe des planètes moites et sensuelles (les morceaux Part XIV avec Rae Morris, Part XI avec Fyfe ou Part IX avec Shy Girls) à des lunes dignes de Star Wars, d’une constellation qui comprendrait les étoiles Adele, Sam Smith ou Woodkid (Part VII avec la voix intense de Cruel Youth) à des champs d’astéroïdes purement instrumentaux.

Quant aux références orchestrales, on ira plutôt les chercher du côté des grandes œuvres musicales pour le cinéma de John Barry (James Bond), John Williams (Star Wars), Thomas Newman (Skyfall) et Hans Zimmer (Insterstellar). Pour ce premier opus, Thomas Roussel s’est d’ailleurs adjoint les services des deux plus grands ensembles en la matière : celui d’Isobel Griffiths, mais aussi le London Symphony Orchestra (Star Wars, Harry Potter et Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles). Côté casting technique, on ne s’étonnera pas de retrouver le même souci de précision et d’exigence avec, à l’enregistrement, le légendaire Stéphane Reichart (The Tree of Life de Terrence Malick), au mix, Steve Fitzmaurice (U2, Depeche Mode et… Sam Smith), et enfin, au mastering, Randy Merrill (Hello et 25 d’Adele). Voilà pour l’ambition.

 

Des musiques de défilé pour Chanel ou Dior Homme, des publicités qui reprennent déjà les premiers morceaux de l’album, une performance hors du commun cet été pour la candidature de Paris aux jeux Olympiques et une autre pour la réouverture du Crillon… Que reste-t-il à souhaiter au Français ? Pourquoi pas un Grammy Award. Ils sont trop nombreux ses collaborateurs, de Steve Fitzmaurice à Randy Merrill, à en être déjà détenteurs pour ne pas y penser.

 

The Future Comes Before de Prequell, disponible le 13 octobre.