24 mai 2023

Mort de Tina Turner : retour sur l’incroyable vie de l’icône du rock

La chanteuse américaine Tina Turner, star du rock des années 80, voix surpuissante et véritable bête de scène, est morte à l’âge de 83 ans des suites d’une longue maladie. Numéro rend hommage à l’éternelle icône et phénix de la musique.

Hommage à Tina Turner, icône du rock

 

« Guerrière », « lionne », « icône », « légende », « bête de scène », « cougar », « tigresse »… Les mots pleuvent pour qualifier Tina Tuner comme s’il était difficile de mettre des femmes sur cette « surfemme ». Mais l’expression qui lui convient le plus est sans doute celle de « reine du rock’n’roll ». La chanteuse d’origine américaine, naturalisée suisse, Anna Mae Bullock alias Tina Turner était l’une des plus grandes rock stars des années 80. On lui doit de nombreux tubes fédérateurs tels que What’s Love Got to Do with It (1984), We Don’t Need Another Hero (1985) ou encore The Best (1989), un titre qui lui va comme un gant. Celle qui était aussi actrice (Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre, Last Action Hero), danseuse et compositrice a collaboré avec Cher, David Bowie, Mick Jagger ou encore Beyoncé. Tina Turner était connue pour sa voix puissante, formée au gospel dans les chœurs des églises, ses prestations volcaniques et athlétiques sur scène, perchée sur de hauts talons et arborant des mini-robes flamboyantes, ainsi que pour son aura badass.

 

Dans les années 60, elle a d’abord été une figure sauvage et habitée du rhythm and blues au sein du duo Ike & Tina Turner. Résiliente, la chanteuse originaire du Tennessee a du recommencer sa carrière à zéro après s’être séparée d’Ike Turner, son mentor et son bourreau, en 1976. Elle s’est enfuie, un soir, de l’enfer de la violence domestique avec seulement quelques centimes en poche, une carte de carburant, vêtue d’un tailleur Yves Saint Laurent et armée de beaucoup de fougue et de hargne. Son histoire est celle d’une résurrection et d’une revanche. Celle d’une femme, devenue une fervente bouddhiste, qui a remporté de nombreux Grammy Awards et vendu 200 millions de billets de concert alors qu’elle a subi de nombreuses épreuves. Cette Afro-Américaine issue d’une famille de fermiers violents s’est réinventée au mitan de sa vie en s’échappant de la coupe d’un homme pour devenir un phénomène mondial invitant au female empowerment. Tina Turner était le symbole qu’on peut revenir de tout quand on croit en soi. Elle avait déclaré à ce sujet : « Parfois, vous devez tout laisser aller – purgez-vous. Si vous n’êtes pas satisfait de quoi que ce soit – quoi que ce soit qui vous abatte – éliminez-le. Parce que vous découvrirez que lorsque vous êtes libre, votre véritable créativité, votre vrai moi sort. »

Tina Turner, une vie marquée par les épreuves

 

En plus d’être une star volcanique et décomplexée de la musique qui a inspiré de nombreuses artistes actuelles (elle restera la maman de cœur de Beyoncé, Janet Jackson, Mary J. Blige et Alicia Keys), Tina Turner était aussi une battante, qui a canalisé, via son énergie débordante, un passé de violences conjugales et une enfance et une adolescence des plus tristes. Elle a été abandonnée par son père et provisoirement par sa mère, qui la frappaient tous les deux. En 2021, Tina, un documentaire réalisé par Daniel Lindsay et T.J. Martin et produit par HBO nous plongeait dans les débuts du succès de Tina Turner, entre la gloire et la souffrance causée par les abus de son mari de l’époque, Ike Turner. Le chanteur l’avait repérée alors qu’elle était encore mineure lors d’un concert et avait décidé d’en faire sa protégée et sa choriste, avant de l’épouser pour enfin devenir un mari volage, drogué, tyrannique et dangereux qui la battait.

 

Parmi les invités de ce film intime et déchirant figuraient l’actrice Angela Bassett, qui a interprété le rôle de Tina Turner dans Tina (1993), le biopic réalisé par Brian Gibson, Erwin Bach, le mari de la chanteuse depuis 2013, qui lui a donné un rein, la présentatrice américaine Oprah Winfrey ou encore Kurt Loder, le journaliste qui l’a accompagnée dans l’écriture de son autobiographie, Moi, Tina, parue en 1986. Dans cet ouvrage, qui a inspiré le film de 1993, la chanteuse révélait pour la première fois à ses fans la nature profonde de sa relation nocive avec Ike Turner. Ce dernier, qui a d’abord nié tout abus, a fini par reconnaître certaines des accusations de Tina Turner dans sa propre autobiographie, Takin’ Back my Name, parue en 2001. Le fait que la chanteuse parvienne à devenir l’une des femmes les plus influentes du rock, malgré les épreuves traversées – des violences conjugales, des dettes, un cancer de l’intestin, un AVC, une greffe de rein, la mort de deux de ses fils -, ajoute encore à son mythe et à sa puissance. Simply the best… comme elle le chantait avec son inoubliable timbre éraillé. Comme l’a déclaré Naomi Campbell : « Il n’y aura jamais une autre Tina Turner. »