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Qui est Mk.gee, le guitariste et producteur que les stars s’arrachent ?
Guitariste, chanteur et producteur de génie, Mk.gee s’impose comme la révélation musicale que les plus grandes stars s’arrachent. Collaborateur de Justin Bieber et Bon Iver, il redéfinit les codes de la pop alternative.
par La rédaction.

Mk.gee, le producteur adoubé par Justin Bieber, Fred again.. et Bon Iver
Il est le genre d’artiste que l’on convoque lorsque l’on veut réécrire les règles, ou tout du moins les tordre. À 28 ans, Mk.gee – prononcez McGee –, n’a ni tube planétaire ni label tentaculaire. Mais il a une vision, un goût pour l’indiscipline et cette chose rare : une touche sonore reconnaissable entre mille.
Justin Bieber, Fred again.., Bon Iver, Dijon, The Kid Laroi… Tous ont succombé à son approche singulière de la production. Avec Dijon, son compagnon de scène, il a d’abord façonné l’album Absolutely (2021). Ce disque à la sensualité électrique a été reconnu par la critique comme l’un des meilleurs albums cette année-là. Puis dans Swag (2025), l’album-surprise de Bieber, son empreinte est si fine qu’elle se glisse presque entre les lignes. Mais elle projette l’inteprète de Baby dans une autre galaxie, bien plus indie.
Cependant, c’est peut-être sur From, extrait de Sable, Fable (2025) de Bon Iver, que sa patte se révèle dans toute sa subtilité : des guitares floues, des nappes tremblantes, et ce sentiment d’entendre un souvenir qui refuse de s’éteindre. À l’heure où l’algorithme uniformise le son, Mk.gee rappelle que le chaos a encore du charme.
Un amateur de Prince et Steve Lacy
Michael Todd Gordon (de son vrai nom) est né en 1996 à Somers Point, petite ville du New Jersey. Là-bas, entre les bourrasques atlantiques et les disques rayés, il découvre le piano à six ans. À onze, la guitare lui tombe entre les doigts comme un sortilège. Il ne la lâchera plus. Il monte son premier groupe au lycée, rêve de rock, lorgne vers Prince et admire Steve Lacy. Puis il tente l’école spécialiséee – la Thornton School of Music à l’USC – mais la forme académique lui pèse. L’instinct l’emporte. Il quitte finalement les bancs pour sa propre chambre, y installe son studio, enregistre tout lui-même, et façonne des chansons comme on sculpte de l’argile sans modèle.
Son premier EP, Pronounced McGee (2018), explore déjà un son impossible à classer. Un mois plus tard, Fool (novembre 2018) vient enfoncer le clou : Mk.gee n’a pas l’intention de s’excuser de sa singularité. En 2020, A Museum of Contradiction surgit, étrange, gracieux, décousu. C’est un journal sonore. Des guitares lo-fi, une batterie désaxée, des harmonies qui tanguent. Et dans le chaos, la beauté. Le titre n’est pas usurpé : cet album est un musée de contradictions.
Puis en 2024, vient Two Star & the Dream Police, son véritable premier album studio. Une fresque. Un labyrinthe. Un disque qui brûle lentement, mais sûrement. Le genre de projet qu’on découvre par fragments, un peu comme une ville inconnue. Mk.gee enchaîne alors les concerts, de New York à Paris, et ses salles se remplissent. Les gens ne viennent même pas danser. Ils viennent pour la performance et parce qu’il est celui qu’il faudra avoir vu avant tout le monde…
La musique inclassable de Mk.gee
Ce qui frappe, chez Mk.gee, c’est le trouble qu’elle génère. Car on ne sait jamais exactement où l’on est. Il joue avec les structures et les tempos, trahit les tonalités. À l’écoute d’Are You Looking Up, on pense au R’n’B. Puis au rock alternatif. Enfin, à une forme d’électronique artisanale. Le morceau glisse, bascule, retombe ailleurs. Rien n’est figé.
Car comme Prince ou Jimi Hendrix avant lui, Mk.gee utilise sa guitare électrique comme une voix. Il la fait grésiller, pleurer, groover. La communauté du site Reddit évoque même son tape hiss, cette imperfection maîtrisée qui donne aux morceaux une chaleur presque organique.
D’autant que ses refrains n’explosent jamais vraiment. Car ce qui séduit chez Mk.gee, ce n’est pas la perfection, c’est le déséquilibre. Et pourtant, malgré cette étrangeté constante, la musique du producteur américain raconte la confusion, le désir et le doute. Les souvenirs flous, l’amour bancal et les rêves dont on ne peut plus se défaire. Pas étonnant que toute l’industrie musicale se l’arrache.
Two Star & The Dream Police (2024) de Mk.gee, disponible.