Le rappeur RM du groupe BTS a-t-il été censuré à cause d’une star américaine ?
Star de la K-pop et leader du boys band sud-coréen BTS, le rappeur RM – Kim Nam-joon – présente Indigo, son premier album solo disponible le 2 décembre. On y retrouve Anderson. Paak, Mahalia ou encore Erykah Badu, mais plusieurs titres ont été censurés en Corée du Sud…
par La rédaction.
Rappeur star du groupe de K-Pop BTS, RM sort son premier album solo
L’attente est insupportable. Sur les réseaux sociaux, les fans de Kim Nam-joon, connu sous le pseudonyme RM depuis 2017, se lamentent : ils attendent le premier album solo de l’artiste sud-coréen de 28 ans, l’un des leaders du boys band BTS. Jusqu’à présent, outre deux mixtapes en 2015 et 2018, il avait toujours refusé de se produire seul, privilégiant l’activité de son groupe de K-pop au statut indiscutable malgré les relances incessantes de son agence Hybe Entertainment (autrefois Big Hit Entertainment). Intitulé Indigo, l’album du rappeur est disponible depuis le vendredi 2 décembre, raison pour laquelle ses 40 millions d’abonnés sur Instagram sont en émoi.
Le boys band BTS – qui a rempli l’AccorHotel Arena Bercy deux soirs de suite en octobre 2018 – est un phénomène planétaire qui affole les compteurs. C’est en 2013, avec le single No More Dream (issu de son premier album 2 Cool 4 Skool) que le groupe fait une entrée en scène fracassante, couronné plusieurs fois du prix du “Nouvel artiste de l’année” dans son pays. Les chanteurs coécrivent des titres et produisent même certains de leurs disques au style hip-hop, rap et pop. Et à voir la dégaine adolescente des membres de BTS, on peine à croire que le groupe s’est constitué en 2013 et a déjà dix ans de carrière derrière lui. Depuis cette date, RM, Jin, Suga, J-Hope, Jimin, V et Jungkook offrent leurs minois parfaitement lisses et juvéniles à leurs fans, sans laisser prise à ce qui pèse habituellement sur les simples mortels : le temps et la fatigue, une performance qui s’ajoute à leurs chorégraphies millimétrées et à leur rythme de travail effréné. Fer de lance de la K-pop, BTS a réussi à se hisser plusieurs fois à la première place des charts américains. Le groupe compte également à son actif plusieurs nominations aux prestigieux Grammy Awards, la cérémonie de prix musicaux la plus prisée au monde. Sans compter ses collaborations avec le chanteur Ed Sheeran, la rappeuse Nicki Minaj ou le groupe Coldplay. Plus récemment, le boys band a performé au Qatar lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de football 2022, une décision stratégique qui n’a évidemment pas fait l’unanimité auprès de ses fans pour des raisons écologiques et socio-politiques.
RM et Erykah Badu censurés en Corée du Sud
Mais RM poursuit sa lancée. Dans cet album solo ultra commercial, il a convié le batteur californien Anderson. Paak sur le titre Still Life – récemment en première partie des Red Hot Chili Pepper au Stade de France – la chanteuse britannique Mahalia pour le titre Closer ainsi que la star de la néo soul Erykah Badu sur Yun qui est d’ailleurs le premier morceau de l’album. Un titre qui fait déjà réagir avant sa sortie : tout comme Lonely, Change pt. 2 ou All Day, Yun a été boudé par le circuit de diffusion musical sud-coréen. Une censure en bonne et due forme liée aux paroles de la chanson – entre argot et langage familier – considérées comme “non-diffusables” par certaines radios en Corée du Sud qui devront donc jeter leur dévolu sur les six autres morceaux de l’album.
Cette censure n’est pas un cas isolé en Corée du Sud. En réalité c’est un vestige de la dictature des années 70 et 80. Toute production musicale qualifiée de “subversive” était alors déprogrammée, un terme susceptible de recouvrir les atteintes à l’autorité – des paroles antigouvernementales par exemple – mais aussi les références sexuelles. Et la censure frappe parfois le K-pop malgré le statut mondial du mouvement musical. Aucun artiste n’est épargné par ces interdictions. En 2013, le clip Gentleman de Psy – interprète du tube Gangnam Style – avait été interdit par un chaîne de télévision sans autre raison qu’un “potentiel trouble à l’ordre public”. Cette fois, c’est au tour de RM et d’Erykah Badu d’en faire les frais. D’autant que la chanteuse n’y est absolument pour rien puisque c’est RM qui prononce, entre autres, “Fuck the trendsetter”.
“Indigo” de RM est disponible sur les plateformes de téléchargement.