20 fév 2020

Koffee, l’enfant prodige du reggae

À la rencontre du reggae "old school" et du dancehall, la jamaïcaine Koffee réinterprète toute une tradition musicale avec son EP "Rapture" (2019), nommé Meilleur Album Reggae à la 62e cérémonie des Grammy Awards. Une révélation musicale féminine qui interpelle tout autant Usain Bolt que la famille Obama.

Ne vous laissez pas attendrir par ses airs de petite fille ou l’appareil dentaire qui orne son sourire… Koffee est une vraie lionne dans son domaine ! À 20 ans seulement, la chanteuse-compositrice, rappeuse et DJ a reçu cette année le Grammy du Meilleur Album Reggae pour son premier EP, Rapture (2019). Une première pour une femme dans cette catégorie, jusqu' alors dominée par des hommes. Avec ses hymnes entêtants et ses rythmes chauds, Koffee réinvente le reggae, une vision moderne de cette tradition musicale jamaïcaine.

© 2020 Sony Music Entertainment UK LTD

1. Une ascension fulgurante

 

Koffee, Mikayla Simpson de son vrai nom, grandit dans la ville de Spanish Town, quartier ultraviolent de la banlieue de Kingston, en Jamaïque. L’écriture et la musique font très vite partie de sa vie, d’abord à travers la religion lorsqu'elle intègre la chorale de son église, ensuite lorsqu'elle s'essaie à la guitare et commence à composer ses premiers morceaux. Elle n'a que douze ans. Ses inspirations : le chanteur jamaïcain Protoje, véritable star dans son pays, ou évidemment, les légendes  Peter Tosh et Bob Marley. Hommage à l'athlète Usain bolt, sa première chanson Legend (2017), ballade artisanale maladroite, devient virale dès l'instant où elle la publie sur la Toile : Legend, Tribute to Usain Bolt est la plus belle chose que j’ai écrite. Au moment de la composer, j'étais pleine d'innocence et de pureté”, confie-t-elle au magazine américain Billboard en décembre 2019.

 

Burning (2017) sort dans la foulée et le succès est encore une fois au rendez-vous. Koffee signe chez Columbia Records, branche d'Universal Music. Koffe y parle y parle de ses déceptions, notamment lorsqu'une école rejette son dossier : “J’ai candidaté en classe de terminale mais j’ai n’ai pas été acceptée. Burning était une façon d’aller de l’avant et de me dire: ‘Tu ne peux pas laisser ça ternir ta flamme.’” Pourtant, la jeune femme parvient à se faire une place dans le cercle des artistes reggae émergents, et son style s’affirme encore davantage avec Raggamuffin en 2018, son deuxième single enregistré en studio. Le vétéran du reggae Cocoa Tea la fait monter sur la scène du festival Rebel Salute, son idole Protoje fait de même à l'occasion d'un de ses concerts, et de la star Chronixx la convie dans les studios de la BBC Radio.

 

Du Colors Show au Tiny Desk Concert, Koffee multiplie les apparitions, enchantant le public par son franc parlé et sa douceur enfantine. Le Grammy Award du Meilleur Album Reggae qu’elle reçoit pour Rapture lors de la 62e cérémonie vient couronner son ascension fulgurante. D'autant que son single Toast (2018) figure sur la bande originale du film de Jordan Peele Us (2019) et sur la playlist annuelle des Obama. Quant à elle, elle reçoit son ticket pour Coachella en avril prochain et le Super Bowl Weekend, aux côtés de superstars américaines telles que Cardi B, Chris Brown, DJ Khaled, Burna Boy ou encore Ty Dolla $ign.

2. Un vent de jeunesse sur le reggae

 

Les problèmes de violence qui s’immiscent dans société jamaïcaine font partie intégrante de sa musique. Koffee porte un engagement politique fort, dont l’éducation demeure le maître mot : elle va même à la rencontre de ses confrères lors d'une tournée des écoles en Jamaïque et aux Bermudes. Porte-étendard d'une jeune génération inventive et déterminée, l’artiste souffle un vent de fraîcheur sur un reggae phallocentré et ternis par une image d’hommes hétérosexuels, explicitement violents et provocateurs qui évoluent autour de femmes-objets. Dans ses titres aussi bien "old school" qu’influencés par le dub des années 70 et le dancehall actuel, Koffee repense, de manière non-stéréotypée, un genre populaire avec une approche contemporaine plus féminine et inclusive.

 

Bien loin du cliché de la chanteuse de reggae convertie à la religion rastafari, stéréotype dont elle ne garde que les dreadlocks ornées de bijoux dorés, la jeune jamaïcaine affirme l’importance de la spiritualité dans son travail artistique : “J’essaie de faire une musique positive, en gardant à l’esprit l’impact que mes mots auront sur l’imagination des gens”.

© 2020 Sony Music Entertainment UK LTD

Koffee en concert au festival We Love Green le 7 juin 2020 et au Festival Reggae Sun Ska à Vertheuil le 9 août 2020.