Frank Sinatra, grand ami des gangsters américains et interprète de “My Way”
Le tube planétaire de Frank Sinatra, “My Way”, a été brillamment interprété par la chanteuse Yseult lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris 2024. L’occasion de revenir sur la vie du crooner américain, véritable tombeur fasciné par les gangsters depuis son plus jeune âge. Il ne cessera, tout au long de sa vie, de s’afficher en compagnie des bandits les plus redoutés d’Amérique…
Par Lolita Mang.
Mis à jour par La rédaction.
La chanteuse Yseult interprète My Way, le tube de Frank Sinatra, en clôture des Jeux olympiques de Paris 2024.
Le chanteur Claude François interprète la chanson Comme d’habitude pour la première fois en 1967. Un an plus tard, c’est Paul Anka, compositeur canado-américain d’origine syrienne, qui adapte le titre – il devient alors My Way dans sa version anglophone –, avant que le crooner star de l’époque, Frank Sinatra, n’en fasse un tube planétaire en 1969.
Hier soir, c’est justement ce titre qui a été interprété par la chanteuse Yseult lors de la cérémonie de clôture des jeux olympiques. Un choix justifié comme suit par les organisateurs de l’événement alors que Los Angeles assurera l’organisation de la compétition en 2028 : “My Way est un illustre exemple du lien qui unit la France et les Etats-Unis et de l’influence réciproque entre les deux cultures.” L’occasion pour Numéro de braquer ses projecteurs sur Frank Sinatra, l’un des interprètes star de ce morceau.
Frank Sinatra ou l’incarnation du rêve américain
En 1925, The Great Gatsby fait une entrée peu remarquée en libraire. Le livre, devenu bien plus tard un roman incontournable du XXe siècle, raconte la trajectoire extraordinaire de Jay Gatsby, jeune millionnaire charmant qui passe sa vie à organiser de monstrueuses fêtes dans sa villa de Long Island.
En réalité, il est issu d’une famille de fermiers pauvres, et a bâti sa fortune sur diverses activités criminelles, comme la contrebande d’alcool. Son histoire n’est pas sans écho avec le parcours du jeune Frank Sinatra, né en 1915 dans le New Jersey, au sein d’une famille d’immigrés italiens. Fils unique, il grandit seul dans un environnement où les immigrés italiens représentent le bas de l’échelle sociale.
Très vite, le futur chanteur nourrit une grande fascination pour les films de gangsters. Dès son enfance, il est surnommé Scarface, du fait des cicatrices qui couvrent son visage. Peu avant que sa carrière ne décolle, il est arrêté en 1938 pour adultère avec une femme mariée, avant d’être rapidement relâché. Un événement qui préfigure les aventures tumultueuses du chanteur.
Aspirations : gangster et tombeur de ces dames
Selon plusieurs historiens, l’envol de la carrière de Frank Sinatra dans les années 40 doit beaucoup à la mafia. Le crooner incarnait pour les gangsters une véritable poule aux oeufs d’or. De son côté, l’artiste s’enorgueillit de ses fréquentations, fasciné par cet univers viril et violent – une véritable revanche pour celui que l’on appelait autrefois “Le nabot”. Certains profitent de lui pour adoucir leur image : c’est le cas de Charlie “Lucky” Luciano, chef de la pègre new-yorkaise et grand ami de Frank Sinatra.
Le réseau tentaculaire du crooner s’étend de la mafia de Chicago, parrainée par Sam Giancana, jusqu’aux grandes familles politiques, comme les Kennedy. L’amitié entre Frank Sinatra et John F. Kennedy est nourrie par leurs passions communes : l’alcool et les conquêtes féminines. Pour Kennedy, Sinatra est un moyen de se rapprocher de personnalités puissantes.
En 1953, le chanteur obtient le second rôle du long-métrage devenu culte, Tant qu’il y aura des hommes, alors que le réalisateur ne voulait pas entendre son nom. Engagé sous la menace, il va jusqu’à remporter l’Oscar du meilleur second rôle la même année. Surveillé par le FBI jusqu’à sa mort en 1998, le chanteur n’a pourtant jamais été inquiété malgré son surnom de “porte-valise de la mafia”.
L’autre pierre angulaire de la réputation de Frank Sinatra : ses relations sulfureuses avec les femmes. Coureur de jupons, séducteur affamé, le crooner ne connaît jamais la fidélité. Il quitte sa première femme dans le scandale pour les beaux yeux de l’actrice Ava Gardner. Après six ans de romance volcanique, rythmée par des disputes cinglantes, le couple se sépare définitivement, emportant la réputation de Frank Sinatra. Des années plus tard, en 1966, il épouse Mia Farrow à 50, alors que la jeune actrice n’en a que 21. Le divorce est signé pas moins de deux ans plus tard, sur le tournage de Rosemary’s Baby.
Immortelle icône
Le documentaire Frank Sinatra – Le crooner à la voix de velours, s’ouvre sur des images d’archives, auxquelles s’ajoutent des voix de femmes soulignant les qualités du crooner : “On ne pouvait pas détacher ses yeux de lui !”, s’exclament-elles. Plus de vingt ans après sa disparition, le mythe qui entoure le chanteur est toujours bien vivant. Son histoire est allée jusqu’à inspirer le personnage de Johnny Fontane, filleul de Don Corleone et crooner sur le déclin dans Le Parrain de Francis Ford Coppola.
Voir le documentaire Frank Sinatra – Le crooner à la voix de velours.