5 choses à savoir sur la chanteuse Fatoumata Diawara, de Kirikou à Gorillaz
Chanteuse et comédienne originaire du Mali, Fatoumata Diawara est devenue l’une des voix les plus importantes de l’Afrique contemporaine. À l’occasion du festival Jazz à la Villette, qui se tiendra à Paris du 4 au 13 septembre prochain et dont Fatoumata Diawara sera l’une des têtes d’affiche, voici 5 choses à savoir sur la chanteuse aux multiples collaborations.
Par Lucas Aubry.
Chanteuse et compositrice dont l’énergie communicative et les sonorités afro-folk rayonnent sur scène, Fatoumata Diawara est aujourd’hui l’une des voix les plus influentes dans le paysage artistique du continent africain. Une aura qui ne cesse de s’amplifier à coup de collaborations avec des artistes prestigieux, d’Herbie Hancock à Damon Albarn, leader du groupe Gorillaz. La carrière de la chanteuse – qui a débuté en tant que comédienne à l’adolescence – aurait pu prendre une tout autre tournure si elle n’avait pas quitté son pays à l’âge de 18 ans.
1. Fatoumata Diawara a quitté le Mali pour fuir un mariage forcé avec son cousin
Si Fatoumata Diawara vit aujourd’hui entre Milan et Bamako, où la chanteuse est une véritable star, son histoire d’amour avec le Mali a longtemps été tourmentée. Connue dès l’adolescence pour ses nombreux rôles au cinéma – dont une apparition dans La Genèse du cinéaste et homme politique Cheick Oumar Sissoko, sélectionné dans la catégorie Un certain regard au Festival de Cannes en 1997 – l’actrice subit le poids des traditions maliennes et décide de quitter son pays pour la France à l’âge de 18 ans afin de s’émanciper en tant que femme et d’éviter un mariage forcé avec son cousin, prévu depuis ses 8 ans.
2. Elle est la comédienne principale d’un film culte du cinéma africain
Pour les maliens, Fatoumata Diawara est d’abord Sia, la personnage principal du film culte Sia, le rêve du python (2002) rediffusé régulièrement à la télé malienne et apprécié par les adultes comme par les plus jeunes. Primé dans de nombreux festivals internationaux, le film inspiré d’une célèbre légende africaine raconte l’histoire d’une jeune vierge offerte en sacrifice humain au Dieu-Python, qui tente de se défaire de son terrible fardeau. Plus récemment, la comédienne a joué dans Timbuktu (2014) un drame politique saisissant sur un groupe de djihadistes qui tentent d’imposer la charia (loi islamique) au nord du Mali – une œuvre récompensée par 7 César en 2015, dont ceux du meilleur film et meilleur réalisateur.
3. Elle tient le rôle de Karaba la sorcière dans la comédie musicale Kirikou et Karaba
Après 6 années passées à chanter, danser et jouer pour la compagnie de théâtre de rue Royal de Luxe, qui l’a accueillie dès son arrivée en France, Fatoumata Diawara se voit confier le rôle de Karaba la sorcière dans une comédie musicale française adaptée du célèbre dessin animé Kirikou et la sorcière (1998) de Michel Ocelot. La comédienne s’identifie directement à ce personnage féminin au passé lourd, qui a été maltraité, soumis, mais qui ne se tait pas et fait connaître à tous sa douleur.
4. Elle n’hésite pas à prendre la parole sur des sujets sensibles
Son deuxième album Fenfo (2018) signifie “beaucoup à dire” en bambara, langue principale du Mali. Un euphémisme lorsque l’on sait que Fatoumata Diawara n’hésite pas à s’attaquer à des sujets brûlants sur le continent africain. Musulmane, elle dénonce le port du voile qu’elle perçoit comme une nouvelle forme de colonisation. Derrière la douceur de ses mélodies se cachent aussi des thèmes difficiles à aborder comme l’immigration, le poids des traditions ou encore l’émancipation des femmes. C’est d’ailleurs sa dénonciation de l’excision sur le morceau Boloko (2011) qui lui as permis d’obtenir un rôle dans le film Timbuktu, réalisé par le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako.
5. Elle a collaboré avec des artistes prestigieux, de Mathieu Chédid à Gorillaz
Depuis 2018 et son album Fenfo, Fatoumata Diawara collabore avec le musicien et producteur français Mathieu Chédid, qui l’a associé à son projet collectif Lamomali aux côtés de l’artiste malien Toumani Diabaté, de Nekfeu, d’Ibrahim Maalouf et de la légende de la musique africaine Youssou N’Dour – qui avait participé à la comédie musicale Kirikou et Karaba. Depuis le milieu des années 2000, la chanteuse et guitariste prête son afro-folk et ses sonorités issues des instruments traditionnels maliens à de grands noms de la musique comme Herbie Hancock ou Bobby Womack. L’artiste majestueuse a également dévoilé en début d’année un featuring avec Gorillaz et son leader Damon Albarn, qui l’avait déjà conviée au micro de Rocket Juice and The Moon (2012), l’unique album de l’éphémère supergroupe qu’il composait avec Flea (Red Hot Chili Peppers) et le batteur légendaire Tony Allen.
Fatoumata Diawara, le 13 septembre au festival Jazz à la Villette, Paris.