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Les transformations les plus incroyables du cinéma, de Christian Bale à Charlize Theron
Endosser un rôle implique souvent bien plus qu’un simple jeu d’acteur, mais une véritable métamorphose. Récemmment, Tahar Rahim dans Alpha de Julia Ducournau, Dwayne Johnson dans The Smashing Machine ou encore Marina Foïs et Roschdy Zem dans Moi qui t’aimais, se sont complètement transformés. Prothèses, maquillage, prises ou pertes de poids… Certains n’hésitent pas à aller très loin. Numéro a sélectionné certains des changements les plus impressionnants du cinéma.
par Erwann Chevalier,
et Ambra Flora.
Tahar Rahim métamorphosé dans Alpha et Monsieur Aznavour
Visage fatigué, joues creusées, côtes saillantes… La transformation de Tahar Rahim dans Alpha, le dernier film de Julia Ducournau sorti en août 2025 est ahurissante. Dans un univers post-apocalyptique où règne une épidémie dévastatrice, l’acteur joue Amin, l’oncle de l’héroïne, toxicomane et atteint d’une grave maladie. Pour être crédible, Tahar Rahim a perdu plus de vingt kilos. Pour parvenir à se métamorphoser, il s’est mis dans l’état d’esprit d’un athlète de haut niveau et s’est aussi rendu à l’association Gaïa, qui accompagne les toxicomanes à Paris.
Avant Alpha, en octobre 2024, le comédien impressionnait déjà dans le biopic Monsieur Aznavour, réalisé par Grand Corps Malade et Mehdi Idir, où il incarnait le monument de la chanson française Charles Aznavour. Il avait alors bluffé tout le monde par son travail minutieux : les mimiques, la gestuelle, la voix… Il interprétait même lui-même les morceaux. Et sa performance a été saluée par la famille de Charles Aznavour.
Alpha (2025) de Julia Ducournau, actuellement au cinéma.
Christian Bale très aminci dans Le Machiniste
Succès mitigé à sa sortie, Le Machiniste (2005) de Brad Anderson, a cependant marqué les esprits. Le corps émacié de l’acteur gallois naturalisé américain Christian Bale, ses côtes saillantes et ses cernes restent gravés dans les mémoires. C’est l’une des transformations physiques les plus importantes effectuées par un acteur pour un film. Cinq ans après American Psycho, Christian Bale, qui avait plutôt l’habitude d’incarner des jeunes hommes musclés et bronzés, se glisse dans la peau de Trevor Reznik, ouvrier dans une usine qui perd toute notion de la réalité après plusieurs années d’insomnies.
Pour son rôle dans ce thriller psychologique, l’acteur âgé aujourd’hui de 51 ans, a mis sa vie en danger. Pour être au plus près de son personnage, il a perdu 28 kg en trois mois, suivant un régime spécial à base de pommes, de thon et de cigarettes. Les équipes du tournage et les médecins ont même dû lui imposer de changer son alimentation, afin de ne pas avoir de réels problèmes de santé.
Allant jusqu’à ne pas dormir pendant 48h avant les jours de tournage, Christian Bale a prouvé qu’il était un acteur extrêmement impliqué dans ses rôles, n’hésitant pas à se métamorphoser complètement, comme en 2019 dans Vice, film pour lequel il a de nouveau pris vingt kilos pour interpréter le vice-président de George W. Bush, Dick Cheney.
Le Machiniste (2005) de Brad Anderson, disponible sur Prime Video.
Charlize Theron en serial killer dans Monster
À 50 ans, l’actrice originaire d’Afrique du Sud, Charlize Theron n’a rien à envier aux plus grands. En 2004, elle reçoit l’Oscar de la meilleure actrice pour le rôle de Aileen Wuornos dans le film Monster (2003) de Patty Jenkins. Inspiré d’une histoire vraie, Monster raconte la déchéance de l’une des tueuses en série les plus célèbres des États-Unis.
Admirée pour son jeu exceptionnel et criant de vérité, Charlize Theron a notamment ébahi par sa transformation physique mémorable. Rentrer dans la peau de ce personnage n’était pourtant pas une mince affaire. La silhouette radicalement transformée voir négligée de l’actrice laisse deviner une prise de poids conséquente : 10 à 15 kilos en plus ont été nécessaires pour s’approcher au plus près du personnage.
En 2018, Charlize Theron se confiait sur le talk-show d’Ellen DeGeneres :“J’avais un paquet de chips dans la chambre, un dans ma voiture, un dans la salle de bain, un sur le canapé… il y en avait partout.” Loin de son allure de star hollywoodienne, Charlize Theron a dû retoucher son visage. L’actrice s’est rasé les sourcils et a porté des fausses dents tachées pendant toute la durée du tournage pour créer cet effet négligé, si caractéristique d’Aileen Wuornos.
C’est à grands renforts de fond de teint propulsé à l’aérosol pour un effet plus naturel et de prothèses du visage que l’actrice s’est glissée dans la peau du personnage. Ici, le maquillage n’a pas pour fonction d’embellir, mais vient plutôt altérer la beauté. Du côté des cheveux, ils ont été blanchis et desséchés, afin de ne pas utiliser de perruque.
Monster (2003) de Patty Jenkins, disponible sur Apple TV+ ou Prime Video.
Javier Bardem dans Mar Adentro
Le mari de Penélope Cruz, Javier Bardem n’a pas hésité, lui aussi, à s’enlaidir pour un rôle. Le beau gosse espagnol s’est totalement métamorphosé dans Mar Adentro (2004), un drame inspiré d’une histoire vraie. Il incarne Ràmon Sampedro, un homme devenu tétraplégique après un accident survenu dans sa jeunesse. Extrêmement malheureux, le héros rêve d’évasion et de liberté, que seule la mort pourrait lui apporter.
Javier Bardem est un habitué des transformations physiques : il n’hésite pas à changer de visage dans ses différents rôles, notamment pour son personnage de Raoul Silva dans James Bond (2012) ou dans No Country for Old Men (2007) des frères Coen. Pourtant, les choses sont différentes dans Mar Adentro. Outre sa transformation physique – on lui a créé une calvitie de toutes pièces et cinq heures de maquillage étaient nécessaires tous les matins – c’est une véritable métamorphose que l’acteur a effectuée.
Pour préparer ce rôle, il est resté immobilisé pendant trois mois en position couchée afin de s’approcher le plus possible de la réalité d’un homme tétraplégique. Une préparation intensive et difficile pour l’acteur qui fut récompensé par le prix Goya du Meilleur Acteur en 2004.
Mar Adentro (2004) d’Alejandro Amenábar, disponible sur Canal VOD.
Matthew McConaughey dans The Dallas Buyers Club
Habitué des comédies romantiques dans lesquelles il déploie sa panoplie de bellâtre : cheveux aux vents, sourire impeccable et bronzage hollywoodien, comme dans la comédie Comment se faire larguer en 10 leçons aux côtés de Kate Hudson, Matthew McConaughey a pourtant su se réinventer dans des rôles moins attendus.
Ainsi, après le succès de Mud : Sur les rives du Mississippi (2012), l’acteur américain a enchaîné les rôles forts et émouvants. Dans The Dallas Buyers Club (2013), drame américain de Jean-Marc Vallée inspiré d’une histoire vraie, il incarne Ron Woodroof, un cow-boy texan, macho et homophobe qui découvre qu’il est séropositif. Alors que la mort le guette, il va découvrir toute la complexité de cette maladie, qu’il croyait jusque là réservée aux homosexuels ainsi que l’impuissance de la médecine face à ce fléau.
Aux côtés de Jared Leto, lui aussi métamorphosé pour son rôle de Rayon, jeune transgenre séropositif, Matthew McConaughey livre une prestation bouleversante dans un rôle qui semble taillé sur mesure. L’acteur a en effet subi une préparation intensive : une perte de poids d’une quinzaine de kilos qui suit l’amaigrissement progressif de son personnage malade. Les efforts des acteurs ont d’ailleurs été bien récompensés puisqu’ils ont remporté deux Oscars et deux Golden Globes pour leur interprétation.
The Dallas Buyers Club (2013) de Jean-Marc Vallée, disponible sur Canal VOD.
Ralph Fiennes en terrifiant mage noir dans Harry Potter
Sans le personnage de Voldemort, la saga Harry Potter ne serait pas la même. Dévoilé dans les tomes de J.K Rowling, le mage noir le plus célèbre du cinéma est interprété par l’acteur britannique Ralph Fiennes, dans les quatre volets de la saga : Harry Potter et la coupe de feu (2005), Harry Potter et l’Ordre du Phénix (2007), Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé (2009), Harry Potter et les Reliques de la Mort (2010-2011).
Mondialement connu, Voldemort, l’ennemi juré du jeune héros à lunettes, est l’une des transformations les plus étonnantes pour un rôle. Contrairement à ce que l’allure du personnage pourrait laisser penser, le temps de la transformation n’était pas titanesque. Au vu de l’âge des acteurs principaux (Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint), qui étaient encore étudiants, les moments de tournage devaient être limités et le temps de maquillage rapide. Un teint livide répandu sur l’entièreté de son corps, de fausses dents, de faux ongles, de fausses veines apparentes sur le crâne ainsi que du khôl noir sous les yeux, voilà la recette du physique de Voldemort. La disparition de son nez n’était pas physique mais numérique, grâce à des effets spéciaux, par manque de temps. En seulement deux heures, Ralph Fiennes devenait le personnage le plus craint du cinéma.
La saga Harry Potter est disponible sur Apple TV+ et MyCanal
John Travolta en mère poule dans le remake d’Hairspray
En 2007 Le remake de la comédie musicale de Broadway Hairspray voit le jour, presque vingt ans après le premier opus de 1988. Suivant la destinée de la petite Tracy qui n’a qu’une idée en tête, vouloir danser malgré son embonpoint, le film s’intéresse aussi à l’atypique mère de l’héroïne, Edna Turnblad, qui semble faire de l’ombre au personnage principal.
Non pas jouée par une femme, mais bien par le flamboyant John Travolta (bien loin, ici, du beau bad boy Danny Zuko qu’il interprète dans Grease), cette mère anxieuse aux formes généreuses captive le spectateur. Endosser le rôle d’une ménagère aux kilos en trop n’a nullement fait peur à l’acteur. Il explique même que, même totalement transformé, les réalisateurs l’ont laissé jouer à sa manière. Le maquillage, qui durait cinq heures tous les matins, était un moment crucial pour s’approcher au plus près des traits féminins recherchés.
Mais c’est surtout au niveau du corps que le changement est frappant. Loin d’une prise de poids volontaire, c’est un costume aux formes généreuses de 10 kilos, directement moulé sur le corps de John Travolta, qui a façonné la silhouette pulpeuse d’Edna Turnblad. Une transformation physique rendant méconnaissable l’acteur, qui a totalement réjoui la critique et le public.
Hairspray (2007), de Adam Shankman, disponible sur Cine+OCS
Colin Farrell dans The Batman
À l’affiche du Batman (2022) de Matt Reeves, aux côtés de Robert Pattinson, Colin Farrell interprète le grand méchant du film, le fameux Pingouin.Totalement méconnaissable, l’acteur irlandais n’a pas hésité à s’enlaidir pour ce rôle : son apparence si particulière est l’œuvre de deux maquilleurs spécialisés dans le cinéma, Michael Marino et Naomi Donne.
Le réalisateur Matt Reeves a ainsi voulu donner au personnage du Pingouin une certaine vulnérabilité qui transparaît dans ce maquillage particulier : le physique du méchant ancestral de Batman se rapproche de celui du personnage de John Cazale dans Le Parrain, entre méchanceté terrible et sensibilité. Les maquilleurs se sont donc inspirés de l’allure du mafieux pour créer le Pingouin : ils ont façonné un moule sur le visage de Colin Farrell qu’ils ont proposé au réalisateur.
Ils ont par la suite réussi à transformer l’acteur uniquement grâce au maquillage. Il fallait qu’il se voie le moins possible et que tout soit naturel : pas question que ce soit un personnage grotesque et comique, comme le sont parfois les méchants dans les Batman. Tous les matins, le costume nécessitait trois heures de préparation et Colin Farrell a dû composer un personnage tout en subtilité malgré sa métamorphose absolument époustouflante.
The Batman (2022) de Matt Reeves, disponible sur Netflix et HBO Max.