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Paris+ par Art Basel : le voyage poétique de Joël Andrianomearisoa et Diptyque
Pour sa première participation à la foire Paris+ par Art Basel la semaine dernière, la maison de parfums Diptyque dévoilait au Grand Palais Éphémère une installation sur mesure imaginée par l’artiste Joël Andrianomearisoa. Un voyage poétique et olfactif.
Par Matthieu Jacquet.
Des dizaines de stands, des centaines de visiteurs, des milliers d’œuvres… Visiter une foire d’art contemporain est souvent une expérience intense, où les moments de respiration sont toujours les bienvenus. C’est ce qui attendait le public de la deuxième édition de Paris+ par Art Basel il y a quelques jours, évènement très attendu tenu au Grand Palais Éphémère. Dans l’un des stands installés au fond du bâtiment, on découvrait entre les cimaises blanches dix mots en lettres capitales noires sur une structure cubique ouverte à hauteur d’homme. “DANS UN SOUFFLE SUR UN SONGE, CONTER UN AUTRE MONDE” : énigmatique et poétique, la phrase invitait alors à un voyage onirique vers des horizons inconnus. Derrière, maintenu comme les pages d’un grand livre accroché au mur, un feuilleté de papiers de soie noirs exhalait une odeur légère et épicée. Créée sur mesure par Joël Andrianomearisoa, l’installation résulte d’une carte blanche offerte par la maison de parfums française Diptyque, qui participait alors à la foire pour la première fois.
La carte blanche de Joël Andrianomearisoa pour la maison Diptyque
Dans ce projet inédit, l’artiste malgache né en 1977 réunit ici les différents aspects de sa pratique pluridisciplinaire entamée il y a vingtaine d’années. L’écriture, d’abord : passionné de littérature, Joël Andrianomearisoa essaime nombre de ses phrases poétiques, réflexions ouvertes et aphorismes sur des néons, devant des fenêtres ou dans des livres manuscrits. Ici, la phrase montée sur la structure centrale sonne comme l’introduction à une odyssée imaginaire et olfactive, inspirée par le parfum L’Autre de Diptyque – et reproduit une structure matérielle qu’il avait déjà installée dans des lieux extérieurs. Sur le côté, on découvre un recueil réunissant textes, images et dessins, que l’artiste décrit comme un “manifeste imprimé”. Si le texte, chez lui, est toujours un point de départ, l’artiste malgache est également un amoureux de la matière. Habitué à utiliser le textile et le papier, mais aussi grand amoureux du noir dont il teinte la plupart de ses sculptures, il dévoile ici une création en papier de soie qui reprend l’un de ses grands principes plastiques, utilisé également dans sa grande installation à la Biennale de Venise en 2019. Comme on feuillette les pages d’un livre, l’œuvre crée un rapport tactile et une expérience physique avec le visiteur qui répond à l’obsession qui anime l’artiste : “rechercher la matérialité des émotions”.
Joël Andrianomearisoa et Diptyque : une collaboration fructueuse et prometteuse
Alors que Diptyque affirme de plus en plus son lien avec les plasticiens, Joël Andrianomearisoa s’illustre déjà comme l’un de ses ambassadeurs. En septembre 2021, lorsque la maison de parfums célèbre son soixantième anniversaire avec une exposition collective d’art contemporain à la Poste du Louvre, l’artiste malgache dévoile trente-quatre poèmes sur des feuilles blanches, imprégnée d’une fragrance fumée qui rappelle l’odeur du tabac et du feu de cheminée – un projet inspiré par la bougie Paris, l’un des grands classiques de Diptyque. Dès lors débute une collaboration inspirante pour ce grand passionné de parfum, qu’il décrit comme un moyen “vital” pour “accéder à d’autres émotions”. Riche de notes de muscade, cumin, carvi, et une vingtaine d’essences venues de Damas, le parfum L’Autre de Diptyque lui inspire un voyage au Moyen-Orient mais aussi une plongée dans un lieu sacré embaumé par la fumée de l’encens. Dans le cadre de cette carte blanche, Joël Andrianomearisoa a d’ailleurs dévoilé une nouvelle version du flacon, enveloppé de son noir opaque signature. Parallèlement, dans le cadre du programme public de la foire, on pouvait également découvrir dans l’un des bassins du jardin des Tuileries une installation inédite du plasticien : de hauts vases translucides tout en courbes, montés sur des structures métalliques qui ne sont pas sans rappeler celle présentée sur le stand de Diptyque.