Qui est Enrique Ramírez, nouvel artiste résident à la Collection Pinault ?
Pour la sixième année consécutive, la Collection Pinault invite un artiste en résidence pendant dix mois dans la ville de Lens, au nord de la France, afin de réaliser un projet en lien avec la région. Après Hicham Berrada ou encore Bertille Bak, c’est le Chilien Enrique Ramírez, connu pour ses vidéos, musiques et installations poétiques et aquatiques, qui posera ses valises dans le bâtiment inauguré par la Collection.
Par Matthieu Jacquet.
Si 2020 est incontestablement une année difficile, elle n’aura pas été totalement noire pour Enrique Ramírez. Et pour cause : choisi par l’ADIAF pour être l’un des quatre finalistes du prix Marcel Duchamp, qui récompense depuis vingt ans des artistes basés en France, l’artiste chilien a également séduit la Collection Pinault, qui l’a invité à être le nouvel artiste de sa résidence annuelle à Lens lancée il y a maintenant cinq ans. Après notamment Edith Dekyndt ou encore Lucas Arruda, il succèdera à la jeune plasticienne fançaise Bertille Bak dans le bâtiment spécialement inauguré par la Collection pour cette résidence en 2015, où il passera les dix prochains mois à développer un projet lié au quotidien, aux ressources et à l’histoire cette région minière du nord de la France.
C’est d’abord dans la musique puis le cinéma qu’Enrique Ramírez a commencé par faire ses armes. Après des études à Santiago de Chili dans ces deux domaines, le jeune homme est ensuite passé par le prestigieux Fresnoy à Tourcoing où il a pu à loisir approfondir une approche artistique plurielle croisant les médiums. Car de la vidéo au son, en passant par la sculpture et la poésie, l’artiste aujourd’hui quarantenaire se plaît à exprimer par ces multiples supports un regard contemplatif sur le monde qui n’en néglige pas moins sa dimension engagée. À ce titre, son film Los durmientes (2014) résonnait comme un écho aux milliers d’individus disparus sous la dictature de Pinochet – qu’il a lui-même vécue jusqu’à ses vingt ans – en utilisant la métaphore de la mer.
Et si la nature est très importante pour l’artiste, la mer reste plus précisément un fil rouge constant et un point d’ancrage majeur de son œuvre. De ses rames en bois et ses sculptures en toiles de voiliers à ses nombreux films tournés à bord de navires, où il va parfois lui-même à la rencontre de l’océan, ce motif récurrent permet à Enrique Ramírez de matérialiser à la fois ses pensées poétiques et son respect infini envers la beauté notre planète.
Pendant sa résidence qui durera jusqu’à juin 2021, l’artiste présentera également une exposition personnelle au Fresnoy au printemps. En attendant, son travail pourra être vu dès le 7 octobre au Centre Pompidou aux côtés des trois autres finalistes du prix Marcel Duchamp, parmi lesquels on retrouve également un ancien résident de la Collection Pinault : Hicham Berrada.