Les peintures voilées de Chris Ofili se révèlent à la galerie David Zwirner
Inaugurant le nouvel étage de la galerie David Zwirner à Paris, la première exposition de Chris Ofili en France réunit une série de peintures intimistes inspirées par la pièce “Othello”, qui se révèlent derrière des voiles de tissu noir.
Par Maïlys Celeux-Lanval.
Les peintures cachées de Chris Ofili à la galerie David Zwirner
Il faudra, pour les voir, soulever un léger voile noir accroché au cadre en bois… Cet automne, l’antenne parisienne de la galerie David Zwirner inaugure son nouvel espace, au premier étage du bâtiment actuel, de taille modeste et d’atmosphère plus domestique, avec la dernière série de peintures de Chris Ofili (né en 1968), dissimulées sous des morceaux de tissus.
L’artiste britannique a choisi de consacrer huit œuvres à l’Othello (1604) de William Shakespeare (1564-1616), tragédie chérie des artistes, mise en musique par Rossini et Verdi, peinte par Eugène Delacroix et mise en scène par Orson Welles. Chris Ofili lui-même s’était déjà attaqué à cette immense pièce de théâtre, où l’amour se confronte à la haine, qui se termine dans le sang du héros maure, en l’illustrant de douze gravures pour une superbe édition produite par David Zwirner Books en 2019.
La première exposition personnelle de l’artiste en France
Cette fois-ci, avec un soin d’orfèvre, l’artiste a réalisé des peintures de petite taille. Chacune d’entre elles marie l’huile et le fusain sur une toile de lin, et est ceinte d’un cadre sculpté par ses soins dans du bois de noyer brûlé. La peinture est, quant à elle, dissimulée derrière un voile en soie de bambou sérigraphiée, qu’il faut donc soulever délicatement. Le geste, qui défie la barrière habituelle entre le spectateur et l’œuvre, invite chacun à se rapprocher et à entrer dans l’intimité des personnages représentés, pour mieux les regarder dans les yeux, et comprendre leur détresse.
Cette première exposition au sein de la galerie parisienne de David Zwirner est aussi le premier solo show de Chris Ofili en France. Elle offre l’occasion de découvrir, dans un écrin flambant neuf, ce peintre qui a été le premier artiste noir à recevoir le Turner Prize en 1998. Friand de mythologie et de littérature, il s’inspire aussi bien des Métamorphoses d’Ovide que des peintures rupestres zimbabwéennes ou de la rigueur moderniste pour produire des œuvres picturales extrêmement libres, colorées, aux matériaux inhabituels (résine, paillettes mais aussi excréments d’animaux) et le plus souvent de grand format.
L’exposition se déclinera en un deuxième chapitre à Venise du 26 octobre au 14 décembre, entre les murs de la galerie Victoria Miro, qui accueillera une série d’œuvres sur papier. L’ensemble fait également l’objet d’une publication réalisée en collaboration avec l’artiste et poète Jason Allen-Paisant.
“Chris Ofili. Joyful Sorrow”, jusqu’au 30 novembre à la galerie David Zwirner, Paris 3e.